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22 novembre 2024

L’Edito du Psy – Synode des Evêques du Moyen-Orient: la montagne accouche d’une souris

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Annoncé comme la mobilisation des Chrétiens d’Orient, le Synode des Evêques du Moyen-Orient a conclu ses travaux en adoptant des mesures ponctuelles là où on attendait des décisions d’envergure. Un profil bas qui témoigne, selon notre éditorialiste, des marges limitées de manœuvre de la diplomatie pontificale envers le judaïsme et l’islam. Et ne résout en rien le processus de disparition, à terme, des Chrétiens dans cette région du monde.


arton6308.jpgConvoquée par le Saint-Père en septembre dernier afin de débattre de la « disparition », voire du simple « affaiblissement des Chrétiens d’Orient » qui serait une « perte universelle pour l’Eglise » de Rome (Voir : Synode de rome sur le moyen orient, une-mobilisation des chretiens d’orient contre l’islam radical), l’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques vient de se terminer, semble-t-il, dans une certaine confusion. Il a fallu une « bienveillante décision » de Benoît XVI pour autoriser la Secrétairie générale du Synode de publier « une version non officielle des propositions » des participants. Un succédané de communiqué final destiné à jeter un voile pudique et consensuel sur des discours souvent polémiques tenus lors du conclave.

Contrairement au document préparatoire des « Lineamenta », nettement plus audacieux puisqu’il désignait la « montée de l’islam politique » et le « recours à la violence » de certains Musulmans pour « imposer un mode de vie islamique » dans plusieurs sociétés de cette partie du monde, les « propositions finales des Pères synodaux » éditées par le Vatican sont expurgées -« censurées » selon d’autres- des contributions les plus musclées concernant les rapports parfois houleux du christianisme avec les deux autres monothéismes, le judaïsme et l’islam. Censure apparemment très sélective : il est d’autant plus difficile de l’ignorer que l’Osservatore Romano, journal quasi officiel du Vatican, ne semble pas avoir partagé les scrupules de la Curie en décidant d’en publier, là aussi selon ses propres critères, plusieurs extraits. En témoigne l’allocution de Cyrille Salim Boulos, Archevêque de Newton des Grecs-Melkites (USA) critiquant la « justification de l’occupation israélienne de la terre de Palestine » fondée sur les concepts bibliques de « terre promise » et de « peuple élu ». Sa publication par le quotidien italien a ainsi donné lieu à une ferme mise au point du porte-parole du Ministère israélien des affaires étrangères : ce dernier a déploré l’absence de « sagesse à relancer des querelles d’interprétation des textes éteintes depuis le Moyen-âge ». Ce qui n’a pas empêché de donner du grain à moudre à la dynamique, toujours affamée, de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme.

Il en va de même pour l’Archevêque libanais d’Antioche Raboula Antoine Beylouni dont la contribution a été diffusée par le site de l’Osservatore Romano avec, toutefois, de nombreuses coupures exigées, dit-on, par le Secrétariat du Vatican. Dans son texte original, l’Archevêque titulaire de Mardin et Evêque de Curie d’Antioche des Syriens s’en est violemment pris au Coran qui « inculque au Musulman la fierté d’avoir la religion vraie et complète », faisant, selon lui, venir ce dernier « au dialogue avec cette supériorité et l’assurance d’être victorieux ». Au point, assure le prélat, « de « donner la même valeur au dogme comme à n’importe quelle loi ou pratique ».

La montagne des « Lineamenta » aura finalement accouché d’une souris: texte minimaliste qui trouve souvent refuge dans l’ésotérisme évangélique, les réponses des Pères synodaux s’abîment dans la plus timorée des prudences : « il faudra, débute ainsi le document final, attirer l’attention du monde entier sur la situation dramatique de certaines communautés chrétiennes au Moyen-Orient qui souffrent de toutes sortes de difficultés, allant parfois jusqu’au martyre ». Retour au point de départ malgré quelques recommandations très pratiques : les Jésuites auraient-ils pris le pouvoir à la Curie romaine en imposant leur « Contemplatio in actionem » ? Toujours est-il que l’Eglise de Pierre « exhorte ses fidèles à ne pas céder à la tentation de vendre leurs propriétés immobilières » et crée une « commission chargée de contrecarrer, au travers de projets de développement, les motivations du phénomène migratoire ». Les jeunes chrétiens d’Orient -« l’avenir de l’église » selon des propos de Jean-Paul II- sont surtout visés par cette mesure.

Enfin, à destination des deux autres religions du Livre, le texte s’en tient à de vieilles formules usées: il rappelle l’attachement à la déclaration « Nostra aetate » du Concile Vatican II en vue du dialogue « à encourager » avec les Juifs, du refus de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme et de la « poursuite du dialogue de vie fructueux avec les Musulmans ». Plutôt offensifs à l’origine, les travaux de ce Synode se soldent finalement par l’adoption de mesures sans grande envergure, profil bas peu à même de répondre aux attentes des Chrétiens d’Orient dont la vive inquiétude en avait motivé l’initiative. Coincé entre son discours de Ratisbonne et la procédure de béatification de Pie XII, Benoît XVI suscite désormais la méfiance des Musulmans comme celle des Juifs. Reste une bien petite place aux Chrétiens : celle de l’exil ?

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