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25 novembre 2024

Grossesses adolescentes

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grosse_ado.jpg On les accable plus souvent qu’on les comprend ou qu’on les soutient. Armés du bon sens commun, l’entourage familial et les proches s’expliquent d’autant moins les grossesses des adolescentes que les multiples informations sur les comportements sexuels, la prévention des maladies ou les comportements à risques, sont aujourd’hui réputées leur éviter ce type « d’accident de la vie ».

On s’étonne, notons-le au passage, du manque d’effet de ces enseignements extérieurs sans jamais s’interroger sur les carences des discussions et le manque des échanges à l’intérieur même du foyer. La raison, disait Voltaire, possède des exigences d’explication. Il faut donc chercher ailleurs. Au risque de s’inscrire à contre-courant de nombreuses thèses féministes, la psychologue Diana Dadoorian affirme dans son ouvrage sur les « grossesses adolescentes » qu’elles sont, dans leur grande majorité, désirées. Si le phénomène reste faible en France par rapport aux Etats-Unis et au Brésil ( 9% pour les adolescentes entre 15 et 19 ans contre 54% aux USA ), un tiers de ces 16 000 grossesses dans l’hexagone sont menées à leur terme. Interrogées lors de leur accouchement ou par le biais d’enquêtes sociologiques, nombre de ces jeunes mères, qui ont connu des problèmes familiaux graves, investissent l’enfant comme « quelqu’un qui va enfin les aimer ». L’enfant, pour le meilleur ou plutôt pour le pire, va devenir l’objet d’amour en compensation d’un rejet parental affectif ou d’un trouble émotionnel.

Véritable cataclysme tant sur le plan physique que dans le domaine psycho-affectif, la période adolescente ouvre un champ des possibles, forme nouvelle de la toute puissance infantile revisitée par la pulsion sexuelle. On peut craindre, dans ces conditions, que l’amour prodigué à cet enfant, en dépit de toutes les bonnes volontés affichées par la mère, induise une série de conséquences à même d’attribuer à l’enfant la valeur négative d’un symptôme ou de lui en faire porter les marques à travers diverses somatisations. Sans le savoir, la mère devient ainsi comptable du futur psychique de son bébé en l’instaurant dans une « place », rapport parental inversé ou esquisse de lien incestuel, qui n’est forcément pas la sienne, Et si le nombre des mères célibataires entre 35 et 40 ans augmente également en France, c’est encore pour les mêmes raisons auxquelles s’ajoutent cette fois-ci, l’argument économique. L’argent consolidera un désir hésitant. Dans notre monde moderne, l’amour maternel s’étaye peut-être plus sur des assises financières que narcissiques.

Jean-Luc Vannier
Psychanalyste

06 16 52 55 20

jlvannier@free.fr

Diana Dadoorian, Grossesses adolescentes, Editions Eres, Coll. La vie de l’enfant, 2005. 127p. ; 18 Euros.

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