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25 novembre 2024

Réactions suite au remaniement gouvernemental et à l’éviction de Christian Estrosi

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En Angleterre nous aurions pu titrer avec « understatement » la constitution du Cabinet Fillon III : « Changing the Guard », comme dans un jeu de cartes avec des gagnants et des perdants. Mais nous pourrions plutôt appeller ce nouveau Gouvernement de « fermeture », en opposition à celui « d’ouverture » que le Président Sarkozy avait mis en place au début de son mandat.


François Fillon le 15 novembre 2010 en compagnie de son homologe grec, au lendemain du remaniement ministériel - © David Mendiboure / Matignon
François Fillon le 15 novembre 2010 en compagnie de son homologe grec, au lendemain du remaniement ministériel – © David Mendiboure / Matignon

Nous sommes manifestement revenu aux fondamentaux, avec un gouvernement de ministres et non plus de collaborateurs. Son personnel politique devrait désormais avoir une attitude prononcée pour la gestion des affaires de l’Etat et un peu moins de goût pour l’image et la médiatisation.
Dans cette optique on ne peut qu’être surpris par le choix de se priver d’un ministre qui a fait preuve de fidelité et d’engagement pendant les heures sombres et délicates de la crise économique qui a fortement intéressé l’appareil industriel français. Et qui en plus avait porté les A-M en tête des départements pro-Sarkozy lors des dernières élections présidentielles.
Puisque Christian Estrosi était l’un et l’autre…cela n’aurait pas du être sans signification.

Mais on sait qu’en politique, pas plus que dans ce monde comme dit l’Evangile, la reconnaissance est que souvent on demande à ses amis les sacrifices qu’on ne peut pas demander aux rivaux ou ennemis.

Donc exit le maire de Nice tandis qu’à sa place va un des ‘défroqués’ de la feu politique « d’ouverture », le ‘kapo » de Sarkozy (comme il est defini par les socialistes) : Eric Besson. Il est vrai qu’entre temps le nouveau Ministre de l’Industrie a totalement engagé sa reconversion dans « son » nouveau parti à tel point d’en devenir un membre important dans la hierarchie de l’UMP.

Avec beaucoup d’aplomb et de fair-play (au moins officiellement) le désormais ex-ministre a accepté cette situation avec certes déception, mais sans montrer une quelconque amertume. « Je ne suis pas en pleurs. Je reste l’ami de Nicolas Sarkozy et l’un des élus locaux les plus puissants de France pour ma famille politique », voici certaines déclarations de Christian Estrosi qu’on peut lire aujourd’hui dans la presse locale.

Il est vrai qu’en politique les honneurs vont et viennent et il faut relativiser tout ce qui arrive.
Peut-être que cette expérience donnera à Christian Estrosi, qui est certainement un homme d’intuition et d’action, plus de philosophie et davantage de réflexion.

Nous ne savons pas si le maire de Nice est un lecteur des ouvrages d’Albert Einstein mais nous nous permettons de lui rappeller deux passages de ses écrits qui pourraient être pris en exemple pour la nouvelle phase de sa vie politique.

Le 1er : « Le succès est 1% d’inspiration et 99% de transpiration » ce qui pourrait définir son passé et présent.

Le 2nd : « Un homme est vieux quand ses regrets dépassent ses rêves » ce qui pourrait être un souhait pour son futur.

Comme à son habitude Nice-Premium, qui se veut une voix indépendante et participative de la presse locale, a souhaité donner aux autres protagonistes de la vie politique la possibilité de pouvoir s’exprimer.

Patrick Allemand (PS) :

« Il redoutait ce remaniement à un point tel qu’il n’était pas présent aux cérémonies du 11 novembre à Nice et il a eu raison. Hier on apprenait que finalement Deauville était préférée à Nice pour l’organisation du G8, c’était un signe avant coureur.
Estrosi est débarqué du gouvernement. Ce n’est pas une surprise quand on connait l’état de ses relations avec François Fillon. Dès l’instant où Fillon était reconduit, sa fin était proche. Elle démontre en tout cas que, cette fois, Fillon a mis ses conditions pour rester à Matignon et a pu imposer ses choix. Estrosi n’en faisait pas partie. Il quitte le gouvernement par la petite porte, oublié par France 2 dans les sortants.
Incontestablement les AM et l’UMP des AM sortent affaiblies de ce remaniement car au delà d’Estrosi, il faut bien réaliser que toutes les solutions alternatives évoquées ont été écartées. Pas de Ciotti, pas de Leonetti, pas de Tabarot. Au moment où le département s’enfonce dans la crise sur la durée et où on aurait tant eu besoin de relais sur Paris, c’est un handicap.
A croire que l’expérience Estrosi a dissuadé les poids lourds de l’UMP de reprendre quelqu’un de chez nous.
Car son passage à l’industrie ne laissera pas un souvenir imperissable ni en France et encore moins dans le département.
Christian Estrosi n’a jamais été ministre de l’industrie que dans le discours. Il s’est autoproclamé ministre des ouvriers, a souvent parlé de réindustrialisation mais dans les faits…rien. Il a en fait été le ministre de la désindustrialisation (200 000 emplois industriels perdus), le ministre des fermetures d’entreprises.
Pour le département, il n’a rien apporté, rien là où on l’attendait.
Rien pour donner un second souffle à Sophia Antipolis, l’affaire Wipro en a été le symbôle. Symbôle de sa passivité puis de son impuissance.
Rien pour donner une impulsion déterminante au démarrage de l’OIN Eco Vallée. Ce qu’il n’a pu réussir hier au gouvernement il y a peu de chance qu’il y parvienne maintenant qu’il est dehors d’autant que l’industrie, en temps de crise, ce n’est pas forcément un portefeuille où l’on ne se fait que des amis.
Rien pour Nice non plus. Aucune implantation de nouvelle entreprise, pourtant le ministre de l’industrie a eu à sa table très souvent les grands patrons.
Autre échec, très symbolique, alors qu’il a cotoyé tous les grands patrons de France et d’Europe par sa fonction, il n’a pas été capable de trouver un grand repreneur pour l’OGCNice, preuve du peu d’intérêt qu’il porte à ce club cher aux niçois ou preuve de son incapacité. Pinault à Rennes, Aulas à Lyon, etc…en trois ans il n’a pas ouvert ce dossier, se contentant de s’occuper du stade de 35000 personnes alors que nous avons la deuxième plus mauvaise moyenne de spectateurs de la ligue 1 avec 7500 personnes !
Affaibli au niveau national, caricaturé dans de nombreux médias, miné localement par l’offensive de l’UMP à l’Ouest, la toute puissance d’Estrosi vacille pour la première fois depuis qu’il a pris le contrôle de l’UMP départementale.
Par ses outrances, ses dérapages verbaux, il a fini par affaiblir notre ville et par en donner une mauvaise image. C’est bien ce qui est le plus préoccupant.
Après s’être volontiers autoproclamé le meilleur atout de notre ville, le rève est rattrapé par la réalité, il est en train de devenir un handicap pour Nice ».

Marc Concas (PS) :

« C’est la fin d’une farce qui dure depuis 6 mois. François Fillon a démissionné et il est remplacé par … François Fillion. Pitoyable !
C’est la première fois dans l’histoire de la 5e République que l’on inflige une telle torture à des ministres en les mettant en compétition tous les jours depuis 6 mois. C’est honteux et indigne du pouvoir exécutif.
Les noms et les personnalités n’ont aucun intérêt puisque c’est toujours Sarkozy qui gouverne seul ».

Fabien Benard (Modem) :

« Après 6 mois d’un intense suspense, ou presque, le remaniement confirme l’affaiblissement du Président de la République : le Premier Ministre s’est imposé à lui.
Après des millions de français dans la rue, témoignant des souffrances infligées chaque jour par ce pouvoir, le Président n’a pas trouvé d’autres réponses que de confirmer une équipe, un cap, et renforcer les mêmes intérêts : Le grand vainqueur de ce remaniement, pardon de ce “repliement” tient en trois lettres, UMP !
Comme François Bayrou, je remarque qu’aucune des promesses qui avaient été faites et répétées d’une écoute nouvelle des Français, d’ouverture maintenue et d’élan nouveau, n’a été tenue Certes nous pouvons nous satisfaire de voir la rigueur, jusqu’à présent soigneusement épargné au Pouvoir, appliquée également au Gouvernement qui en sort plus ramassé. Mais la parité n’est pas là.
Je note une fantaisie : première sous l’histoire de la Ve république, un couple siègera désormais au gouvernement.
Patrick Ollier s’est vu confier le ministère en charge des Relations avec le Parlement, tandis que sa femme, Michèle Alliot-Marie, est nommée Ministre des Affaires étrangères et européennes.
Toutefois ce remaniement manque singulièrement d’ambitions, ce qui finalement confirme le manque d’ambition de cette présidence. A croire que la seule motivation pour ce remaniement était d’écarter en toute discrétion Eric WOERTH.
Les Niçois et les habitants de la communauté urbaine seront peut être rassurés de retrouver un Maire entièrement dédié au mandat qu’ils lui ont confié. Il pourra enfin mener à bien un projet pour la Ville et se rappeler de ses promesses.
Les azuréens ignorés, ne se consoleront pas d’un Thierry Mariani, un médecin délégué aux transports : cela ne permettra sans doute pas de faire avancer le dossier de la LGV.
Enfin les amateurs d’humour politique se réjouiront du retour de Frédéric Lefebvre, avec des déclarations d’anthologie en perspective, ou de l’entrée de Maurice Leroy. La joie de ce dernier cachera la tristesse du Ministre sortant de la Défense.
Malheureusement, je crains que pour beaucoup de français cette annonce d’un gouvernement le dimanche, ne changera rien aux difficultés quotidiennes.
L’état de notre pays est préoccupant, dans une Europe qui aurait sa carte à jouer si chaque pays ne favorisait pas ses propres atouts. C’est un besoin de Politique, pour notre monde, pas de spectacle ou de farce à épisode, et une urgence de construire un « espoir crédible » pour les français, qui se font pressant ».

Dominique Laporte (Debout la République) :

« Le Président a perdu la main.
Plusieurs mois de réflexion ont donc été nécessaires pour en arriver à un nouveau Gouvernement qui n’est que le reflet de l’ancien, sinon que l’ouverture tant vantée en 2007 a fait long feu et que la diversité tant mise en avant jusqu’à présent, perd ses principales représentantes.
A noter pour les Niçois, qu’ils retrouveront un Maire à temps plein, Monsieur ESTROSI n’ayant pas été considéré comme un élément utile au dispositif mis en place en vue de 2012. Peut-être aura t-il une petite compensation dans le nouvel état major qui se dessine à l’UMP ?
Mais la leçon essentielle de ce remaniement réside :
1 – dans la reconduction de Monsieur FILLON qui, par une campagne habile, s’est imposé au Président de la République
2 – Par la nomination probable de Monsieur COPE à la tête de l’UMP à la suite d’un rapport de force avec Nicolas SARKOZY qui a tourné à l’avantage du premier.
Dans les deux cas, les parlementaires UMP ont joué contre le Président de la République. La volonté du parti l’a emporté sur celle d’un Président qui a perdu la main.
Le discours de Nicolas SARKOZY à Colombey et sa comparaison avec le Général de Gaulle paraissent bien dérisoires au regard de la réalité ».

Jean-Cristophe Picard (PRG) :

« Christian Estrosi tient enfin une de ses promesses ! Christian Estrosi va enfin – bien malgré lui – pouvoir tenir une de ses promesses ! Dans sa profession de foi envoyée juste avant le second tour des élections municipales, il avait, en effet, pris un engagement clair : « Je me placerai totalement au service des Niçoises et des Niçois en quittant mes fonctions ministérielles pour gérer notre ville »… Cette promesse est donc désormais tenue.
Depuis les démissions (forcées) d’Alain Joyandet et de Christian Blanc, le maire de Nice était incontestablement sur la sellette. L’affaire des deux logements de fonction qu’il affirmait occuper en même temps – dont un avec sa fille – avait pour le moins porté atteinte à sa crédibilité… Celui qui s’enorgueillissait que cette polémique avait fait « pschitt » avait visiblement eu tort : au pays de la droite décomplexée, on ne pardonne pas à celui qui se fait prendre !
Il ne reste plus, à Christian Estrosi, qu’à tenter d’expliquer aux Niçois pourquoi un mauvais ministre ferait un bon maire. Quant à sa fille, elle va devoir rendre le logement – appartenant à la République – qu’elle occupe gratuitement ».

Robert Injey (PC) :

« Plus de cinq mois de dramatisation pour aboutir au remaniement le moins remanié de la 5e République.
Jamais l’expression « on prend les mêmes et on recommence » n’a été aussi juste. Léonetti reste toujours sur la touche, Ciotti ne quittera pas le 06, la seule véritable incidence de ce remaniement c’est le retour à plein temps de Christian Estrosi sur Nice !
Mauvaise semaine pour l’ex-ministre mais toujours maire-président, après la perte du G20 au profit de Cannes, voilà le ministère qui lui échappe, sans parler de l’OGC Nice qui s’installe dans les profondeurs du classement alors que Christian Estrosi doit faire passer son projet de « Méga stade » à 245 millions d’euros lors du conseil municipal du 3 décembre…
Pourtant Christian Estrosi n’aura pas ménagé ses efforts sur les thèmes: « Nice, la 3e OIN de France », « Nice Côte d’Azur la plus grand communauté urbaine UMP de France », « Eco-vallée le plus grand projet écologique de France », « Olympic Stadium le premier vrai stade écologique de France », « Nice la ville la plus sûre car la plus vidéo-surveillée de France »…. Il n’aura pas ménagé ses efforts dans la surenchère sécuritaire systématique, concurrencé en cela par E. Ciotti. Mais cela n’aura pas été suffisant….
Au-delà de l’avenir personnel de Christian Estrosi, qui comme le remaniement ministériel n’intéresse vraiment que les seuls concernés, ce qui s’ouvre devant nous n’est pas brillant. Régression sociale et soumission aux marchés financiers sont les seules boussoles de cette « nouvelle » équipe d’une UMP radicalisée et de plus en plus éloignée des préoccupations de notre peuple ».

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