En cette période de flambée du pétrole, de plus en plus de personnes pensent aux transports en commun. Ceux-ci seraient plus économiques et plus pratiques. Plus économique, c’est certain, et surtout beaucoup moins polluant pour notre chère planète. Mais plus pratique ? Ca dépend des jours !
Aujourd’hui, nous avons testé pour vous un voyage en TER sur la ligne Mandelieu-La Napoule-Vintimille. Le but : arriver en gare de Nice-Ville à 14 heures. Le moyen : le train de 13 :01 au départ de Carnolès. Il doit normalement arriver en gare de Nice à 13 :35.
Nous arrivons donc à la petite gare de Carnolès vers 12 :50. Au loin, nous voyons un train sur le point de partir vers Nice. Nous arrivons malheureusement trop tard pour l’attraper. Mais aucun souci, puisque nous prendrons celui de 13 :01 comme indiqué sur les fiches horaires ainsi que sur le site Internet du TER de la région PACA. A 13 :05 nous commençons à nous faire du souci, d’autant que, sur le panneau d’affichage, notre train n’apparaît pas. A la place, un train à 13 :22. Nous allons donc nous informer auprès de la charmante dame au guichet. Elle nous apprend que le train de 13 :01 a été remplacé depuis longtemps par un autre à 12 :52, mais la SNCF n’a pas voulu refaire les fiches horaires. Cela coûte trop cher. (« Et ça coûte trop cher aussi de changer l’horaire sur Internet ? ») Nous retournons sur le quai pour informer les autres personnes attendant le train de 13 :01 que celui-ci n’existe plus. Les gens le prennent assez bien. Ca ne semble étonner personne. Tout le monde attend donc le prochain à 13 :22. On devrait être dans les temps. L’arrivée à Nice Ville est prévue pour 13 :56. Heureusement que l’on avait prévu large.
A 13 :27, toujours rien. Aucune information. Puis, un message s’inscrit sur le panneau d’affichage : 20 minutes de retard. Nous n’en connaîtrons jamais la raison. En attendant nous discutons avec Jeanne. A 75 ans, elle en a vu des vertes et des pas mûres avec la SNCF. Et pourtant ! Elle y a travaillé, tout comme son époux et son fils, toujours cheminot. « C’est vraiment pas normal ! Ils sont trop souvent en retard. Je veux bien quand le train arrive de loin. Mais là, il n’a que deux gares à faire entre Vintimille et ici. Ce qui m’énerve, c’est que personne ne vient nous informer. A l’époque, il y avait un gentil monsieur qui restait à la gare même pour manger. Aujourd’hui, elles restent enfermées dans leur cage et c’est souvent fermé ! »
13 :47, le train arrive enfin. Nous essayons d’ouvrir les portes mais nous n’y arrivons qu’à deux et en forçant. Une personne âgée seule n’y parviendrait pas.
Le trajet se passe bien jusqu’à Eze. Et là, le train ne repart plus. Tous les passagers attendent patiemment. Ils sont habitués à des arrêts plus longs qu’à l’accoutumée. Mais au bout de 10 minutes, les gens commencent quand même à se demander ce qui se passe. Tous dans le même bateau, les usagers échangent leurs expériences désagréables avec la SNCF. Mélissa engage la discussion. En 2003, l’été de la canicule, elle a pris le train de Biarritz à Nice pour revenir de vacances. Et c’était l’horreur ! « La climatisation ne fonctionnait pas. Il faisait une chaleur atroce. En plus, on ne pouvait ouvrir les vitres que de 2 ou 3 centimètres. Tout le monde montait sur les dossiers des sièges pour avoir un peu d’air. Les enfants et les bébés n’arrêtaient pas de pleurer et de crier… C’était incroyable ! On demandait aux contrôleurs de mettre en route la clim, mais ça n’a rien donné. Et ça ne s’est pas arrêté là. Arrivé en gare de Marseille, on est resté au moins 40 minutes bloqué, en plein milieu des rails, sans pouvoir ouvrir les portes et sans aucune explication. Quand on est enfin arrivé sur le quai, tout le monde s’est précipité dehors pour prendre l’air. Résultat 13 heures de trajet au lieu de 12 et pas la moindre explication ni excuse du personnel de la SNCF. Arrivée à Nice, j’ai fait une demande pour être remboursée. Normalement, ils doivent rembourser au-delà de 20 minutes de retard. Mais je n’ai pas eu gain de cause. »
Après ce récit et un quart d’heure d’attente à Eze, nous décidons d’aller voir le conducteur. Celui-ci nous somme froidement de remonter à bord du train. Plusieurs personnes viennent demander des explications. Le conducteur nous informe alors qu’il y a un problème de passage à niveau et que nous sommes tous priés d’attendre sagement à l’intérieur du train. Au bout de 20 minutes d’arrêt, le train repart enfin. Marie-Paule prend le train depuis 15 ans déjà et elle en a assez. « Je le prends tous les jours entre Nice et Monaco. Quand ce ne sont pas les retards, ce sont les grèves ou les annulations. Heureusement mon patron est compréhensif. Mais je connais des gens qui ont perdu leur boulot à cause de la SNCF. Ceux qui sont en période d’essai ou qui ont des patrons pas du tout tolérants. Et ça fait 15 ans que ça dure. Ca ne s’est pas amélioré. Il y a souvent des gens qui font des pétitions dans le train de 8 heures et il y a des articles dans les journaux, mais voyez le résultat. Le problème majeur, c’est qu’ils n’ont pas du tout le sens de l’information. Niveau communication, c’est zéro. On est arrivé à un point où personne ne va se plaindre quand il y a 20 minutes de retard tellement c’est devenu normal» Une autre personne prend la parole : « Et c’est déjà arrivé plusieurs fois qu’un train soit annoncé avec 20 minutes de retard, puis 50, pour être ensuite annulé ! Le tout sans aucune information ! Et ne parlons pas du prix. Il est encore beaucoup trop élevé. Surtout pour les étudiants qui paient un abonnement plus cher que les salariés. Où est la logique quand on sait qu’un étudiant n’a pas de salaire par définition ? »
Les esprits se calment finalement lorsque nous arrivons à Nice Ville à 14 :36. Quel périple !
Soyons sport. Il faut reconnaître que ça ne se passe pas constamment comme cela. Et le train reste toujours plus rapide que de prendre sa voiture et perdre des heures dans les embouteillages ou à essayer de trouver une place pour se garer. Mais un effort serait le bienvenu.