Retour sur ce rendez-vous mensuel des démocrates niçois, ouverts à tous depuis 3 ans. Macaire Dagry et Philippe Ehuy, responsables de la campagne du « RHDP » ivoirien pour les ivoiriens de France, nous ont élégamment permis de mieux connaitre la situation politique, sociale et économique de leur pays, qui va élire dimanche 28 novembre son Président de la République.
Un commentaire de Fabien Bénard, président du MoDem 06
C’est loin de nous, disent certains. Mais ces élections parlent aux démocrates français. Car reconstruire l’état-civil d’un pays avant de pouvoir organiser un scrutin, ce n’est pas rien. Et les ivoiriens ont voté à près de 80% au premier tour. Chez nous, le désintérêt ou le dégoût de la politique amenant à une abstention croissante !
Pour nos intervenants, ces élections sont avant tout « un évènement historique, des élections historiques, dans un pays de liberté qui, avec des richesses naturelles importantes a été pillé par ces dirigeants. »
La démocratie par le suffrage universel est une réalité devenue indispensable en Côte d’Ivoire, comme partout sur le continent africain. Le modèle démocratique occidental exporté en Afrique s’oppose à l’influence des ethnies, qui s’affaiblit aujourd’hui. Mais l’aspiration démocratique se conjugue avec l’influence des chefs traditionnels, mais aussi des réseaux et des réseaux sociaux : le SMS, Twitter, Facebook, et les blogs comme celui de Venance Konan, 1er opposant au chef de l’État, font partie des vecteurs de communication utilisés dans cette campagne.
Pour l’un de nos orateurs, « les jeunes ivoiriens font l’élection », tout en rappelant le pluralisme de la presse, réel en Côte d’Ivoire.
Les participants attentifs constatent les effets de la mondialisation, la présence chinoise ou japonaise. Ils prennent la mesure des enjeux de l’économie, du social, des rapports avec les ex-puissances coloniales.
sans oublier d’évoquer les rapports avec les pays occidentaux, et le rôle de l’ONU.
En effet, loin d’être un détail, l’intervention de l’ONU et le financement international de ces élections présidentielles interrogent notre démocratie : la présidentielle ivoirienne serait l’élection la plus cher du monde ! Au moins 300 millions d’euros.
La position politique et médiatique française a été questionnée: nos hommes politiques sont discrets. La gêne de la France, qui ne voudrait plus être accusée d’ingérence après l’intervention militaire Licorne , répondant à l’agression de l’armée Ivoirienne, est palpable. Macaire Dagry représentait déjà son parti politique, le RDR. Il nous explique avoir été reçu par une commission parlementaire à l’Assemblée Nationale à Paris. Il avait plaidé en vain pour une intervention de l’ONU, pas pour celle de la France, de façon isolée.
Les explications et les questionnements, en cette soirée n’ont pas viré à la repentance coloniale, mais nous ont permis de porter un regard neuf sur la Côte d’Ivoire.
Sans oublier bien sûr qu’une bonne partie des entreprises du CAC 40 français ont des intérêts dans ce pays.
Un participant n’a pas manqué de réaffirmer la nécessaire présence dans un pays, d’une classe moyenne, soutenant cette aspiration à la démocratie.
De même, l’idée que nous ne pouvons faire l’économie de nous intéresser à la stabilité politique et économique des pays d’origines des immigrés africains en France a été soulignée. Le co-développement et la coopération sont si rarement expliqués et présentés, pour lutter contre le racisme et la xénophobie…
Enfin, comment ne pas dresser au passage le profil d’un homme au pouvoir prêt à tout pour conserver sa main mise sur le pays ? Laurent Gbagbo a joué de tout les moyens pour reporter cette élection depuis 2002. De même, en cette semaine de campagne officielle de second tour, il tente de faire reporter l’élection en faisant valoir que le candidat du RHDP, le « Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix », qui regroupe les quatre principaux partis d’opposition ivoiriens, n’utilise pas son étiquette politique de 1er tour, le « RDR », « Rassemblement Des Républicains ».
L’ancien Directeur général adjoint du FMI, Allassane Ouattara, également ancien Directeur de la Banque Centrale d’Afrique Occidentale n’a pas cessé de combattre la corruption. Et de dénoncer les appels à la violence.
Les participants de ce Café démocrate, informés des risques de dérapages, de violences, en posant la question de la confrontation des programmes, ont bien compris que l’espoir des jeunes ivoiriens tenait dans le respect du verdict des urnes dimanche 28 au soir.
Des citoyens au chevet d’un monde plus démocratique, d’un monde de paix ?
