Tout d’abord, il y a l’histoire, les déplacements des peuples qui, mettant en contact les cultures, mettent en route des transmissions, des dialogues. Si on décide de rechercher les origines et qu’on remonte le fil, on aboutit à des découvertes, mais aussi on bâtit de nouveaux chemins.
Nux Vomica a voulu, par des expériences musicales, retrouver les cheminements culturels du pays où il vit. Petit à petit un parcours dans le présent, a retracé un passé devenu presque évident.
Ce, Nissa à Pernambuco n’est pas une trajectoire aléatoire, un choix arbitraire de destinations colorées, il s’inscrit dans une recherche de sens, où le voyage permet de concrétiser par la redécouverte d’un passé, la création du présent et la possibilité de réinventer les expressions de la culture populaire, en incorporant de liens symboliques actuels, d’un côté et de l’autre de l’Atlantique.
Dans ce voyage de recherche des racines et des traditions, l’histoire se dévoile, se refait. Le Brésil, pays de la mixité, a accueilli tant de diversité culturelle. C’est à Pernambuco que Nissa se reconstruit, car Pernambuco dans son actualité, propose une image d’elle-même où Nissa y retrouve la sienne.
C’est à Pernambuco que Nux Vomica a rencontré Nice, les traces du fil et a réalisé que la distance géographique n’annule pas pour autant la proximité des formes. Aujourd’hui si vivant, le folklore Pernambucano nous rappelle nos traditions populaires. Dans les pratiques musicales sont présents des instruments traditionnels tels que les diatoniques (« oito baixon »), les violons rustiques (« rabecca »), les fifres (« pifanos ») arrivés au Brésil par les migrations méditerranéennes. Dans la figure du « cantador », on retrouve la figure du troubadour médiéval.
Les « répentistas » dans leur prose improvisée racontent les exploits des « vagueiros sertanejos » qui représentent encore de nos jours les vaillants héros du Sertao médiéval, c’est-à-dire, des chevaliers médiévaux du Nordeste du Brésil. Et dans les bals populaires toutes les danses sociales et même les rythmes de nos baletis. Tout y est transformé dans une incroyable… coïncidence (ressemblance?).
Le voyage qu’exprime ce CD n’est pas la représentation personnelle de son pays mais la certitude que tradition et modernité se retrouvent, malgré les distances géographiques, désignant la manifestation du monde que l’on peut rencontrer à toutes époques. Dans un monde où la mémoire est menacée d’amnésie et où l’uniformisation propose une pseudo légalité, le respect de son passé et de ses représentations culturelles semble fondamental à l’ouverture sur le monde. Etre soi-même pour rester sensible à l’écoute des différences.
De Nissa à Pernambuco constitue ce face à face, les rencontres entre Nice et Pernambuco d’hier et d’aujourd’hui. L’identification qui résulte en la pratique d’innovation respectueuse de la tradition et de l’invention fondamentale à la vie. De Nissa à Pernambuco, de Pernambuco à Nissa, « viroula la boucle », la boucle fait le tour, mais ne se referme jamais.
Leonora Rumsen