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22 novembre 2024

Liberté, égalité, féminité… Et si le sport prenait un temps d’avance sur la société ?

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Le sport est bien souvent décrit comme le miroir de notre société, sans doute parce qu’il est un théâtre d’expression des émotions humaines tout autant que le centre d’attention des médias… au point de faire partie intégrante de la culture de chaque pays.


sport_femmes.jpg L’histoire veut que le sport soit par essence marqué du sceau des attributs et affects de la masculinité. Des Jeux antiques aux tournois médiévaux, c’est la virilité et la mort qui se donnaient en spectacle. Et si le sport moderne, celui né à la fin du XIXe siècle à l’aube de l’ère industrielle, s’est donné explicitement pour vocation de canaliser cette violence, d’offrir un espace et des règles dans lesquels elle puisse s’exprimer, il n’en est pas moins vrai que c’est dans un univers masculin qu’il a pris racine.

Que le sport soit donc historiquement un concept et un espace créés par et pour l’homme ne peut être nié. Mais est-il voué à le rester ? L’évolution des mœurs, le courage des athlètes, le mouvement féministe et aujourd’hui la mondialisation ont permis de faire avancer les choses et semblent nous indiquer le contraire. Que de chemin parcouru, certes parfois lentement, depuis les combats de femmes avant-gardistes comme Stamata REVITHI ou Alice MILLAT. Alors qu’en 1928, aux Jeux d’Amsterdam, les femmes ne représentaient que 4 % des participants, leur taux de participation atteint les 40 % pour les premières Olympiades du troisième millénaire à Athènes : tout un symbole.

Au-delà même des compétitions d’élite, les femmes font aujourd’hui partie du paysage sportif en ce sens qu’elles prennent massivement part à une pratique régulière. Ainsi, 37 % des citoyennes européennes déclarent pratiquer un sport au minimum une fois par semaine (source : Eurobaromètre, Sport et activités physiques, mars 2010).

Devrait-on s’en contenter ? Ou n’est-il pas au contraire inquiétant qu’alors même que « les femmes et les filles forment plus de la moitié de la population mondiale, le pourcentage d’entre elles qui participent un sport [soit] toujours inférieur à celui des hommes et des garçons », comme le relevaient les signataires de la Déclaration de Brighton sur les femmes et le sport en 1994 ? Dans une société de plus en plus exigeante, comment ne pas se demander pourquoi, quand les bienfaits de la pratique sportive sont amplement prônés, toutes ne pratiquent pas un sport ? En effet, la pratique d’un sport, parce qu’il est un excellent outil d’autonomisation et expression de soi et du corps, peut enrichir, valoriser et faire évoluer la vie des femmes. A ce titre, et contrairement à une idée parfois trop répandue, le sport peut être une expression de la féminité, parfois sauvage, de chacune.

En se tournant vers l’envers du décor pour observer ce qui se passe au niveau des instances dirigeantes, le constat est encore plus cruel. A l’heure où les questions de gouvernance sont au cœur des préoccupations du mouvement sportif, il est en effet intéressant de souligner la très faible représentation des femmes aux postes clés : ainsi les femmes ne représentent que 17 % des présidents d’associations en France.

Et ce n’est guère plus brillant chez nos voisins européens : en Allemagne, les femmes occupent 27 % des postes administratifs et organisationnels et 9 % des postes de management, contre 25 % par exemple aux Pays-Bas.
En Suède, 31,5 % des dirigeants de fédérations sportives spécialisées sont des femmes.

Bref, où que l’on regarde en Europe, et malgré de grands écarts selon les pays, la sous-représentation féminine aux postes de responsabilité, élective ou non, est très largement répandue (étude Study on Volunteering in the European Union, février 2010).
Le même phénomène se retrouve d’ailleurs souvent en matière d’encadrement technique. Ainsi en France et à titre d’exemple, au 31 décembre 2009, seuls 5 % des directeurs techniques nationaux étaient des femmes.

Alors même que le sport recherche un nouveau souffle, la féminité, symbole même de la naissance, ne pourrait-elle apporter des réponses aux défis qui mettent en péril le sport et ses valeurs en rétablissant un certain équilibre ? Ces deux phénomènes, relative rareté de la pratique sportive féminine et de la présence des femmes aux postes clés, sont-ils l’expression de leur volonté ou l’existence d’un plafond de verre ? Sans doute y a-t-il une part de vrai dans chacune de ces réponses.

Pour autant, le centième anniversaire de la Journée internationale de la femme, dont le but est, rappelons le, « de reconnaître le fait que la paix et le progrès social et la pleine jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales exigent la participation active, l’égalité et le développement des femmes, et de reconnaître la contribution des femmes à la consolidation de la paix et de la sécurité internationales », offre une belle occasion de promouvoir un libre accès au sport pour toutes, une égalité dans l’accès aux postes à responsabilités comme dans les rémunérations et, ce qui y est intrinsèquement lié, un traitement médiatique équivalent.

Bien entendu, cela appelle un long processus, dont nous voulons d’ailleurs croire qu’il est en partie enclenché. Nous sommes convaincus qu’il pourrait illustrer la capacité du sport à alimenter la société en la devançant, peut-être pour la première fois.

Carole Ponchon (source : CROS/CTAZ)

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