Ce mercredi 13 avril 2011 au Centre Universitaire
Méditerranéen, dans le cadre de la réforme territoriale 2011, le Conseil
Communautaire s’est réuni de façon exceptionnelle.
Nous avons même eu droit à un titre romantique pour cet évènement : “45 communes choisissent d’unir leur avenir entre mer et montagne ».
Techniquement, il n’y avait qu’une seule délibération à l’ordre du jour, sur la création d’une métropole Nice Côte d’Azur, par la fusion de la Communauté Urbaine Nice Côte d’Azur et des 3 communautés de communes de la Vésubie, de la Tinée et des stations du Mercantour, ainsi que l’inclusion de la commune de la Tour-sur-Tinée.
Le Conseil communautaire a voté, avec une poignée d’abstentions et 6 voix contre, le projet qui portera le périmètre de la nouvelle entité juridique de 27 à 45 communes, comprenant une ville de 350 000 habitants pour un total de plus 500 000 habitants. Ce fut une soirée-marathon, avec une majorité largement acquise à la proposition, marquée par la « talkativeness » de Christian Estrosi en état « d’ivreté » (définition du philosophe Michel Onfray) oratoire. Il fut l’auteur de deux interventions grandement rhétoriques de plus d’une demi heure chacune, le reste donnant à voir la pauvreté intellectuelle du débat (opposants et partisans confondus), les uns et les autres récitant une partition un peu trop préfigurée.
Nice-Premium a demandé l’avis de quelques représentants des partis d’opposition qui étaient présents dans le public
Fabien Benard (MoDem) : « Que l’on ne me parle pas de proximité sans que je me mette à sourire. Sans aller chercher à comparer « l’édelweiss aux palmiers, le gobi au chamois, » comme l’a si bien fait ce matin l’encore leader de l’opposition socialiste, la précipitation du calendrier est surprenante. Synchroniser l’agenda de 45 maires et d’une centaine d’élus communautaires ne doit pas être chose facile. Mais finalement, je me demande ce qu’en pense le responsable de l’exécutif départemental, avec une autre assemblée qui se réunira elle vendredi matin ? C’est un fait que la Métropole va se substituer par ses compétences au Conseil général… Je serai spectateur vigilant de cette démarche, déterminante pour l’avenir de nos territoires ».
Marc Concas (PS) : « la stratégie de Christian Estrosi me parait claire. Agir tout de suite après les cantonales pendant lesquelles on a pas évoqué le sujet pour éviter un vote-sanction et avant le départ du Préfet Lamy pour faire avancer rapidement la procédure de constitution de la Métropole de manière à en terminer avant l’élection présidentielle. A ce moment là son positionnement sera fort parce que « Seigneur » d’un vaste territoire. Tout cela vient d’un calcul et d’une prévision : ce sera le candidat de la Gauche à devenir Président de la République et le futur Gouvernement se trouvera donc devant un fait accompli avec toutes les difficultés qui vont avec pour changer les choses. En tous les cas il s’agit d’une manœuvre qui a comme objectif seulement l’intérêt d’une personne et de son clan.
Avec cet acte, Christian Estrosi montre le visage d’un baron du Moyen-Age, maître de sa Seigneurie en appliquant la règle « cuius regio, eius religio ».
La réforme des collectivités locales sera effective après 2014.
Nice Metropole sera, par son périmètre et ses compétences, un mini-territoire autonome. Que restera-t-il de ce département des Alpe-Maritimes amputé, avec une Métropole au centre et deux autres territoires, l’un à l’ouest (Antibes et Cannes) et l’autre à l’est (le Mentonnais) ?
Pourquoi tout cela sans débat et à grande vitesse ?
Après l’annexion ratée de la CARF, l’an dernier, est-ce une nouvelle tentative de passage en force ou un « rendez-vous avec l’histoire » comme l’a annoncé hier soir son futur Président ?