Hier, après la séance-marathon de la veille de la Communauté Nice CA qui a voté le projet de constitution de la Métropole Nice Côte d’Azur (les assemblées délibératives des autres intercommunalités de l’arrière-pays ayant été plus expéditives), Christian Estrosi a présenté publiquement (et par la gazette locale aux « grand public » via un communiqué on ne pouvait plus pédagogique!).
Cérémonie un tantinet redondante, avec le maire de Nice et certainement futur « patron » de la nouvelle institution qui a été un hôte attentionné des autres maires représentants les 45 communes qui formeront la Métropole, une mise en scène à l’américaine avec tous les ingrédients qui vont avec : salle remplie avec claque pour les applaudissement, attente de plus d’une demi-heure par rapport à l’horaire prévu, protocole scénographique avec l’entrée des maires, film, appel nominatif pour monter sur l’estrade et créer l’effet-groupe, discours d’allégeance des trois présidents des autres intercommunalités, discours de fidélité du président du Conseil Général et dauphin Eric Ciotti et, finalement, discours de la »couronne » de Christian Estrosi, à la fois « bâtisseur », « visionnaire » et « prophétique », d’un ton au dessus des notes.
Et pour en terminer… Trois hymnes, l’un officiel « La Marseillaise » et deux chansons-hymnes, le provençal ‘Coupo Santo » et le local » Nissa la Bela ». Franchement difficile de faire moins sobre, surtout que Christian Estrosi et les siens n’ont cessé d’expliquer lors du débat que cette « Métropole » n’était que la logique évolution dans la continuité dynamique de l’ancienne Agglomération et de l’actuelle Communauté. Alors pourquoi transformer un acte politico-administratif en une sorte d’année zéro de la vie de Nice et de sa région ?
Mais laissons de côté ce style un peu hollywoodien et revenons à la signification politique d ecet acte.
De ce côté-là, nul doute qu’il s’agit d’une bonne résolution pour l’avenir de ce territoire et de ses habitants. Nous rejoignons en ce sens l’analyse d’ Eric Ciotti qui, dans son discours, a mis en avant « la fédération des moyens » et la « positivité pour l’intérêt général » de cette décision en fixant des objectifs tels que « l’excellence et la modernité ».
Face aux inéluctables changements du Monde où nous vivons et nos enfants vivront, à ses accélérations constantes qui muteront en permanence notre environnement et nos manières de vivre, il y a deux réponses possibles : l’enfermement qui conduit au déclin et à la finitude des personnes ou d’un peuple, ou, l’envie d’avenir, la considération qu’il y a une nouvelle chance à saisir en prenant les risques de changements qui s’imposent.
Naturellement nous sommes bien conscients que la naissance de la future Métropole niçoise ne suffira pas à elle seule à changer la donne.
Mais nous sommes parmi ceux qui considèrent que celle-ci est une décision qui va dans la bonne direction.
Si le sociologue polonais, Zigmus Baumann, écrivait déjà en 1994 » L’Europe est une aventure », qui aujourd’hui, sauf quelques écervelés qui raisonnent sans cognition de cause en substituant des détails au raisonnement global, voudrait revenir en arrière par rapport à une communauté européenne qui, au contraire, a besoin de bien « plus d’Europe »?
Nous ne sommes pas dupes non plus quant au raisonnement politique de Christian Estrosi : être président de la Métropole Nice Côte d’Azur lui donnera beaucoup plus de poids au niveau national, lui permettra de disposer de plus de moyens financiers et de gestion du territoire, ce sera lui aussi qui pourra distribuer les cartes pour les candidatures politiques aux différents élections (nationales et locales) avec le pouvoir d’influence qui va avec. Parce que, nul doute, Christian Estrosi sera un Président certainement attentionné vis-à-vis des maires des communes de de la Métropole et généreux face à leurs besoins et leurs exigences. Mais une chose est d’ors- et -déjà claire : ce sera lui qui choisira le menu des repas !
Marc Concas , l’opposant socialiste que nous avons interviewé lors de la soirée d’avant-hier, l’a parfaitement bien compris et expliqué: le choix de Christian Estrosi est celui de se « retrancher » localement pour préserver ses acquis surtout dans la prévision que Nicolas Sarkozy ne soit pas réélu Président de la République et par là être le « Seigneur » de sa baronie dans la conséquente réorganisation de l’échiquier UMP.
« Combien de divisions ? »- disait Staline en parlant du Pape.
Une derniére considération : Christian Estrosi a défini la future Métropole comme « une communauté de destin » librement choisie par ses populations. Alors pourquoi ce nom Métropole qui évoque la buro-technocratie et ne suscite aucun sentiment d’âme ?
Cela n’aurait pas été mieux et plus approprié le suffixe » polis » qui signifie, au sens noble du terme, ce que dans l’antiquité les grecs qui inventèrent la démocratie voulaient être : une donnée sociale, comprise comme une communauté d’ayant droits, libres et autonomes, fortement structurée . Bref, le corps des citoyens.