Le Député des Alpes-Maritimes, Rudy Salles, est intervenu hier après-midi -nous informe un communiqué de son assistant parlementaire-, lors des questions au Gouvernement, pour alerter le Ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé, sur la situation particulièrement préoccupante à la frontière entre la Libye et la Tunisie.
Qui peut nier que nous sommes en présence d’un problème complexe, compliqué et difficilement maîtrisable ? Personne ne possède la solution (existe-t-elle vraiment ?) mais l’on sait que les hommes politiques, quand ils ne savent pas quoi faire, essayent toujours de passer… la balle aux autres !
« En effet, depuis le début des événements en Libye, une vague de réfugiés de ce pays, évaluée à 200.000 personnes dans un pays de 10 millions d’habitants, est arrivé en Tunisie. Pour faire une comparaison, cela équivaudrait à 1 200 000 personnes qui seraient arrivées en France en quelques semaines.
La Tunisie étant elle-même dans une situation économique et sociale très difficile, ce phénomène risque de compromettre le succès des changements démocratiques en cours dans ce pays.
En outre, la situation sanitaire et sociale des populations concernées est dramatique. Nombre de Libyens tentent de fuir sur des embarcations de fortune pour se diriger vers l’Europe » continue le communiqué pour en terminer par : « Face à un véritable désastre humanitaire qui trouve pour cadre la Méditerranée, Le Député niçois a interrogé le Ministre d’État sur les prochaines actions de la France et de l’Europe qui permettraient à la Tunisie de faire face à cet afflux de personnes et empêcheraient ainsi une nouvelle vague migratoire clandestine en Europe. »
Si Georges Clemenceau disait que « la guerre est une chose trop sérieuse pour la confier aux militaires », peut-on dire que « les choses sérieuses sont trop difficiles pour les confier aux politiciens? »
On comprend qu’en période électorale, il est bon d’aller à la pêche aux voix mais il ne serait pas mieux d’avoir un regard un peu plus clairvoyant ?
Pour mieux comprendre la thématique et les enjeux nous proposons à nos lecteurs, voici deux autres déclarations sûr le même argument parues dans la presse nationale :
Hans-Peter FRIEDRICH (Ministre de l’Interieur de la République d’Allemagne )° : « Le principe de la liberté de circulation au sein de l’UE ne doit en aucun cas être remis en cause. Cette libre circulation, décidée par Helmut Kohl et François Mitterrand, est l’un des acquis les plus palpables de la construction européenne pour nos concitoyens. Mais il est aussi important que le système Schengen soit renforcé pour faire face à des situations exceptionnelles ».
« L’Italie se plaint d’un manque de solidarité de l’Europe du Nord pour l’aider à faire face à l’afflux d’immigrés?
L’Italie n’a aucune raison de se plaindre d’un manque de solidarité. À peine 25 000 immigrés sont arrivés en Italie depuis le début du soulèvement démocratique. La plupart d’entre eux ont immédiatement poursuivi leur voyage vers le nord, notamment en France et en Belgique. Un grand pays comme l’Italie peut accueillir sans grande difficulté les quelque 10 000 ou 12 000 réfugiés, qui ont choisi de rester sur son territoire. La solidarité implique aussi que l’on remplisse ses propres obligations. Au cours de l’année passée, l’Allemagne a, à elle seule, accepté plus de 40 000 demandeurs d’asile ».
Laura Boldrini (porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés en Italie (HCR)°° : « Il n’y a pas urgence dans le sens strict du terme. Rappelons que 720 000 personnes ont déjà fuit la Libye pour la Tunisie. Seules 10 000 sont arrivées jusqu’à Lampedusa, c’est un chiffre gérable si l’on rapporte aux 60 millions d’italiens. La situation a complètement changé. Ces gens en provenance de Somalie, du Niger, de Côte d’Ivoire ont déjà fui une guerre avant d’arriver en Libye où une autre guerre les chasse. Cette vague d’immigration est un dégât collatéral de la guerre. La plupart des arrivants ont d’ailleurs fait une demande d’asile en Italie. Mais toute l’Europe doit prendre ses responsabilités en ouvrant davantage ses frontières et en partageant l’accueil ».