Il était au forum de la Fnac, assis dans un fauteuil en rotin vêtu d’un costume beige. Ce jour-là, il n’avait rien de l’ignoble et cupide commandant français du « Prince du Pacifique ». Aucune ressemblance, non plus, avec le sévère et l’horrible Rachin qui ne croyait pas en la réussite des « Choristes ». Où est « Edy », l’assassin cynique au bout du rouleau ? Serait-ce de l’imposture ? Et bien non, c’est tout simplement le talent de François Berléand qui se cache dernier ce grand homme.
Méchant ou gentil, oui il fait des rôles de gentil aussi, des preuves ? Regardez, la série « Le Bureau », actuellement sur Canal +, une adaptation américaine, dans laquelle il incarne un patron complètement largué…
Mais revenons, au film « Le passager de l’été » qui sortira le 7 juin avec à l’affiche Catherine Frot, Laura Smet, Gregori Derangère, Mathilde Seigner…Amour impossible de 3 femmes dans le monde paysan des années 50…
Nice-Première : Quel rôle interprétez-vous dans « Le passager de l’été » ?
François Berléand : Je devrais jouer encore une fois un immonde salaud mais finalement mon personnage n’est pas quelqu’un d’épouvantable pendant toute la durée du film. Il est présenté comme une personne d’assez dure mais au fur et à mesure du film, on se rend compte qu’il est très amoureux de Catherine Frot qui joue le rôle de Dominique : il est changé.
N-P : Qu’est-ce qui vous a plu dans ce personnage ?
F.B. : Je joue un personnage qui est sauvé à la fin. C’est ce qui m’a plu en même temps le rapport avec cette réalité que j’avais totalement oublié… Je suis parisien, je suis né à Paris mon rapport avec le monde paysan est un rapport qui n’existe plus. J’ai connu la campagne jusqu’à 6-7 ans puis après c’était terminé. C’était un moyen de retrouver mes racines, des racines communes à tous les français car on a tous un ancêtre qui était paysan. Ce rôle, c’est un hommage à mon arrière-grand-père que j’ai connu et qui était paysan. C’est une façon de retrouver ce monde presque disparu.
N-P : Vous tenez souvent des rôles dits de « méchant » notamment dans « Les choristes », « Le prince du Pacifique » et même dans les derniers films comme « Aurore » où vous interprétez un père dominateur et autoritaire. Qu’est-ce qui attire dans ces rôles ?
F.B. : (Rires). Oui, j’interprète un roi. Il est obligé. Dans « Aurore », je joue le rôle d’un comme qui est éperdument amoureux de sa femme. Le problème du film, c’est qu’il a été monté un peu bizarrement et du coup le personnage paraît un plus dure, il ne l’était pas dans le scénario. Les scènes où mon personnage était plus paternel avec ses enfants ont été coupées. Le problème avec ce métier, c’est quand vous réussissez un rôle, on vous catalogue dans le rôle d’ordure. J’ai la chance d’avoir réussi à jouer ce rôle. On m’a fait explorer toute l’humanité masculine dans toute son horreur. Je joue donc des salauds. J’aime jouer ces personnages qui ont beaucoup d’ampleur. Ça ne m’intéresse pas de jouer des personnages « plats ». Je préfère jouer des rôles moins importants mais qui sont plus caractériels, plus porteurs. Je m’amuse. Là, j’ai fait une série pour Canal + qui s’appelle « Le bureau » et qui va sortir fin mai. Ce sont 6 épisodes de 30 minutes. Je joue le rôle d’un crétin, d’un abruti, d’un barge total. A tel point, que s’il fait du mal, c’est malgré lui et personne ne lui en veut. Ça va me changer. J’espère que ça va faire évoluer les mentalités des réalisateurs.
N-P : Quel rôle interprétez-vous dans la vie réelle ?
F.B. : Quelqu’un qui se marre sur un tournage, qui aime les gens, les rencontres. Je suis l’inverse de mon personnage. Quelqu’un de gentil, de très humain. J’ai été élevé comme ça par mes parents et grands-parents. C’est vraiment bizarre que je sois parti la dedans. A mes débuts, un metteur en scène avec qui j’ai travaillé m’a dit : « Toi, tu es le successeur de Bourvil ». Faut pas dire que j’ai fait une carrière à la Bourvil ! (Rires).
N-P : Pour terminer, si je vous dis : « Premier ou Première » à quoi ou à qui pensez-vous ?
F.B. : Je ne pense pas à moi. J’étais toujours dans la basse moyenne de la classe. Premier, première c’est toujours les autres.