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22 novembre 2024

Phil de Nice et son hypercentre

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raimondi-phil2.jpg Il est un enfant de Nice et même du Vieux-Nice. Philippe Raimondi est un acteur de la vie internet de la ville de Nice de par son site internet www.nice-hypercentre.org. Aujourd’hui exilé en Allemagne depuis quelques années, il ne manque pas de revenir sur sa terre natale dès qu’il le peut et garde toujours un regard avisé sur cette ville de Nice qui l’a fait et qu’il porte haut dans son cœur.

C’est pour nous parler de son hypercentre que Nice Première a rencontré Philippe qui nous donne la température de ce quartier situé au cœur du 7ème territoire de la ville de Nice.

Un quartier délaissé ces 30 dernières années au bénéfice des collines, un quartier étouffé par les gaz d’échappements et les bouchons automobiles, un quartier aux rues salies par le manque de civisme de certains et le manque de sévérité des autres.
Nice Hypercentre veut démontrer que cette époque est révolue et qu’il faut revenir y habiter et y travailler.

Alors Philippe…

raimondi-philippe.jpg Nice Première : Alors Philippe, c’est quoi 1’hypercentre ?

Philippe Raimondi : Voilà la question à mille francs. Chacun peut avoir sa notion d’hypercentre qui est au sens large du terme le territoire 7, Coeur de ville. Ces quartiers qui se sont bâtis à partir du vieux-Nice sur 1’autre rive du paillon ou vers Garibaldi. Ma vision – plus personnelle, et peut-être plus restreinte mais que je veux défendre – est que 1’hypercentre, c’est la partie du coeur de Nice partant de la Place Masséna, remontant 1’av. Jean Medecin puis Malaussena jusqu’à la liberation / Place De Gaulle. Ce sont toutes les rues perpendiculaires comprises entre Gambetta et Lepante autour de ce que 1’on nomme parfois les « Champs élysées niçois ». Cet hypercentre fut souvent oublié ces 25 dernières années au profit de la bande côtière avec notre magnifique Promenade des anglais, la vieille ville que j’aime tant et aussi ses collines et ses alentours. Disons qu’on l’a laissé se développer de lui¬même sans grands projets et ainsi de grandes disparités ont vu le jour. Au sud s’est développé ce que certains nomment le « carré d’or » autour de la rue Masséna qui est trés dynamique avec ses restaurants et autour des magasins plus luxueux, rue de la liberte et rue Alphonse Karr. Plus au Nord, le quartier de la liberation / Malaussena plus populaire et nissart connaît aussi, malgré les polémiques, un vrai renouveau. Entre ces deux quartiers cités plus haut, d’autres souffrent ou se paupérisent. Les niçois et actifs ont petit à petit délaissé ce centre car les appartements n’y ont pas toujours été rénovés, par manque de parking résidants, fatigués qu’ils étaient par une circulation automobile congestionnée et par un air assez pollué, où l’insecurité n’en était que plus présente. Pourtant, il y a des bätiments anciens et souvent des merveilles de 1’architecture Belle Epoque. A Nice, on oublie parfois, dans notre stress quotidien, de lever les yeux pour en admirer ses façades : le quartier des musiciens en est un bel exemple mais il n’est pas le seul. La discussion du P.L.U. permet de remettre ces points au centre du débat d’aménagement de la ville de Nice et de son hypercentre.

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NP : Pourquoi un site web pour le présenter ?

PR : Pour défendre en premier ces quartiers qui souffrent, le ventre mou. Je suis né dans le quartier Notre Dame où ma famille vit depuis 4 générations. Quand mes arrières-grands-parents sont venus s’y installer, c’était la belle banlieue de 1’époque : la vieille ville et le marché Saleya. Ils avaient choisi de venir prés de cette gare SNCF perdue « dans les champs » (ce Malausséna avait vraiment eu une idee de fou d’installer cette gare en plein champs … on connaît la suite). J’ai vu ce quartier, de même que Trachel, Jean Médecin se paupérisaient, j’ai vu les congestions automobiles nous étouffer. J’ai vu 1’école Notre Dame fermer, puis être détruite, elle qui était un pôle de vie. Aujourd’hui, tout 1’hypercentre est en chantier et n’en déplaisent à certains, pour nous le trajet Sud-Nord arrive comme 1’ultime chance, une vraie bouée de sauvetage. La Place Masséna va devenir piétonne de même que la partie Sud de 1’avenue J. Medecin. L’avenue Malausséna va elle aussi etre rendue aux piétons, de Vernier à la Liberation. Entre ces deux espaces piétonniers, un espace mixte de circulation sera maintenu avec une voie montante et une voie descendante afin d’assurer une bonne desserte des quartiers. Entre ces deux quartiers qui sont promis ä un bel avenir, il reste un « ventre mou », pardonnez-moi 1’expression.
Peu de gens savent qu’en plein centre de Nice, autour de la gare S.N.C.F., se trouve une Z.U.S. zone urbaine sensible celle qui se nomme Z.U.S. Trachel mais qui va au-delà de la rue Trachel: Elle englobe nombre de rues autour des avenues Malaussena et Jean Medecin dont le quartier Notre Dame, Raimbaldi, Lepante etc. Aujourd’hui, certains parlent mal de ces quartiers alors qu’ils sont membres à part entière du patrimoine niçois. Certains commerces se disent résignés devant 1’insécurité galopante, la saleté et pensent à partir, fuir alors que c’est maintenant que tout commence au contraire. Le passage du Tramway en plein centre-ville dynamisera 1’activité commerciale, dans une ambiance plus conviviale. Je sentais de la résignation à chacun de mes passages et j’ai alors décidé de faire ce site en Janvier 2005 pour communiquer, defendre cette zone, pour rappeler les besoins en projets structurants tel le parking Notre Dame promis depuis 1994 et aussi développer tous les attraits de ces quartiers. Pour faire entendre, certes, la voix des associations de ces quartiers qui se battent pour ne pas être oubliées par les services municipaux dans la masse des travaux et dans 1’élaboration du PLU qui reste le moyen de canaliser un développement moins anarchique de nos quartiers. Mais pas seulement, Je souhaite aussi rassembler des photos du bouleversement que nous connaissons actuellement. Pour montrer comment c’était hier et comment ça sera demain. Pour montrer que Nice a certes la mer (si bleue) mais aussi un coeur qui bat et qui mérite qu’on y vienne et qu’on y revienne, qu’on s’en occupe. On a commencé il y a seulement 6 mois et on est, pour 1’instant, resté centré sur les quartiers à problemes mais on veut s’étendre. I1 y a ainsi des photos de la place Masséna et on a ouvert une rubrique Malaussena/ libération, puis une de promotion des commerces de proximité.

NP : Tu es un niçois expatrié, je crois bien ?

PR : Oui, c’est le terme qui convient mais suis-je pour cela moins niçois que ceux qui y habitent toute 1’année. Ayant étudié à Paris dans le secteur automobile (aprés mon bac au Lycee Masséna et 2 ans dans le superbe décor du Parc Valrose), je savais que j’aurais peu de chance de trouver un travail dans ma ville natale, sauf si à Monaco ou Sophia Antipolis, le développement des voitures hybrides ou électriques pouvait créer un jour un marché. Mais bon, je voulais gagner ma vie, ne pas rentrer et pointer au chômage. Cela m’a permis de travailler en Italie puis maintenant en Allemagne (il gèle mais on supporte, moi et mon olivier, que je soigne comme mon pitchoun). Ca a été pour moi une décision trés difficile car je suis trés attaché à mes racines, à ma ville de Nice. Je n’ai pas fait les études qui m’auraient permis de reprendre la Pharmacie du 15 rue du Pont vieux que ma famille gérait depuis 3 générations déjà au début du XXème siècle. J’ai renoncé à 1’hôtellerie malgré un premier intérêt à Segurane où nous usions ensemble nos pantalons, mon cher Franck. Mais ainsi va la vie. Le monde se globalise, Nice et les niçois s’ouvrent. Nous, Niçois du bout du Monde, sommes toujours trés attachés à notre ville et à la culture niçoise. Pas un samedi sans que je tremble pour 1’O.G.C.Nice. De mon grand-père, j’ai hérité des recettes niçoises : saler les anchois, les olives noires, pissaladiére, panisses et socca, etc.. Le plus dur reste de trouver les produits. Chaque Noël, je place mes santons de Carbonel dans ma crèche et chaque année, j’en achète des nouveaux, rue Alexandre Mari.
Nous défendons notre pays niçois et en faisons la promotion. I1 faut dire que deux choses ont changé : internet et le low cost. Grâce à Internet, on peut vivre à 1’étranger ou à Paris comme un parfait niçois. On peut lire les infos tous les matins grâce à Nice-Première.com ou bien la une du quotidien local, écouter France Bleu Azur, communiquer par E-mail avec tous les amis qui rapportent tous les cancans !

Les compagnies low cost nous permettent, elles, pour le même prix, de rentrer quatre fois plus souvent chez soi qu’il y a 10 ans. J’ai appris un peu par hasard à creer un site Internet et j’ai décidé de laisser ma fibre niçoise au service de cet hypercentre que je veux faire connaître et défendre sur le net.

hypercentre-2.jpg NP : Quels sont les projets de l’hyper centre niçois ?

PR : Le Tramway est le plus gros et c’est en marche. Mais il faut aussi que les rues perpendiculaires au tracé en profitent. Notre projet principal est de défendre 1’attractivité de 1’hypercentre, de le promouvoir, de faire comprendre son potentiel profond grâce à toute cette rénovation.
Nous souhaitons faire revenir les actifs dans le centre de Nice ainsi que d’aider au retour et au développement de commerces de proximité et de qualité. C’est le moment ou jamais car 1’hypercentre se révolutionne. On va de nouveau bien vivre au centre.
Les transports en commun reviennent à la mode, améliorent la qualité de vie. Même à Nice, reine de 1’automobile, on commence à le comprendre. Qui mieux que 1’hypercentre se situe à la croisée des axes du tramway et des TER régionaux avec la gare SNCF. C’est pour ces 2 raisons que nous avons développé une page « logement » et « circulation » où nous montrons les atouts de 1’hypercentre et aussi expliquons les dispositifs légaux d’amélioration de 1’habitat pour ceux qui sont déjà propriétaires, ceux qui veulent le devenir, ceux qui veulent louer à des actifs.
Pour cela, il est aussi nécessaire que certaines infrastructures soient menées à bien, telle la construction rapide (et non plus toujours repoussée) de parkings en partie réservés aux résidants(par ex. comme Foch Hancy).Le Parking Notre Dame est notre priorité n°1, celui-ci étant promis depuis plus de 10 ans mais il y a tous les autres : gare du Sud et Raimbaldi notamment. Les conditions de circulation et la situation des entrées de parkings doivent être améliorées : certains carrefours sont à modifier pour les rendre plus agréables, conviviaux et faire sauter les bouchons et autres concerts de klaxons qu’ils entraînent. L’insécurité doit être combattue. C’est le rôle des pouvoirs publics et on est là pour leur rappeler leurs promesses et/ou les orienter dans leur décisions correspondant enfin aux besoins des riverains et des aménagements qui conviennent aux commerçants.
Enfin, il y a une multitude de petits hôtels de 2 et 3 étoiles et des restaurants qui ont été rénovés et attirent aussi leur part de touristes ou de niçois tout en créant de l’emploi local. Enfin, des commerces de proximité courageux : Ils méritent 1’attention des pouvoirs publics et les rues environnantes mériteraient d’être bien sécurisées et semi-piétonnisées pour rendre plus agréable le cadre. Mais aussi ouvrir un autre pôle de sortie aux niçois et niçoises plus au Nord près des cinémas de 1’avenue, du Théàtre de la cité et autres. Ma discussion – certes courte – avec Michel Tschann grâce à ma reaction à son article sur Nice-premiere du 04.06.06 m’a fait plaisir car il va dans notre sens. Nous souhaitons plus valoriser sur le site les commerces qui font vivre 1’hypercentre et savent le promouvoir. Y a assez de boulot.. Je dois en cela remercier les associations qui travaillent sur le terrain. M. Lions pour Malausséna/ libération qui a aussi son site Internet de l’aquamade, de même que M. Bernard et M. Faixo pour le quartier Notre Dame et tous les autres. Sans eux, rien ne serait possible. Mais on aimerait publier plus d’avis de résidents et de commercants : je souhaiterais développer une sorte de courrier des lecteurs sur le site, pour rassembler les idées constructives. Alors, à vos claviers et envoyez-nous vos emails.

Comment vois-tu la ville de l’exterieur et comment est- elle percue en Allemagne ?

Etre un niçois éxilé permet de prendre du recul, de voir les choses avec plus de sérénité. Et puis, voir autre chose permet de cogiter sur des idées, de les transposer à la ville de Nice ; tout n’est pas possible mais rien n’est impossible. Evidemment, vu de 1’extérieur, nous avons toujours le sang chaud et les débats tournent vite aux joutes orales assez sèches parfois brutales: les débats sur le port de Nice, le tramway ou la gare du sud en sont de bons exemples. Les niçois ont tendance à polémiquer dés que possible sans parfois plus réfléchir, mais cela vient du fait que les niçois sont assez individualistes. Et aussi qu’on ne nous a pas toujours aidé, vu de Paris ou de Marseille : aloura mefi ! Nice est bien mieux perçue en Allemagne et en Italie que ce que j’ai pu entendre à Paris. Paris nous envie la Côte d’Azur, le soleil et nous 1’a longtemps fait payer en nous ignorant ; quand à Marseille, il a souvent cherché à bloquer notre développement. Mon aïeul qui a travaillé à la construction du train des pignes disait toujours que Marseille avait imposé à Nice la voie métrique jusqu’à Digne, solution technologique à moindre potentiel. Qui sait si la LGV, dans le cas contraire, ne passerait pas, aujourd’hui, par Digne.. Mais je ne veux pas m’attirer ni les foudres du gouvernement, ni celles de la Région P.A.C.A.. Car les choses ont heureusement énormément évolué ces 15 dernières années. Nice et les Alpes Maritimes semblent enfin reconnus par ces 2 entités pour leur savoir faire et pas seulement dans le domaine du tourisme. Pour ce qui est de 1’Allemagne et des allemands, ils aiment la Côte d’Azur et se demandent ce que je fais chez eux, moi qui y suis né. Ils aiment notre côté sudiste un peu nonchalant, mais ne comprennent pas les doubles files et la circulation niçoise. Mais je pense qu’on ne va pas assez les chercher. On les laisse partir vers 1’Espagne ou 1’Italie : il y a un plus gros potentiel à exploiter. Car i1 y a plus que le luxe chez nous : la mer bien sûr, mais aussi la culture et 1’arrière-pays. Tourisme culturel et vert, voilà ce qu’aiment les allemands. J’avais d ailleurs déposé un projet en ce sens pour la fête du 06. Je n’ai pas été selectionné mais je vais continuer le combat.

NP : Et que penses-tu du paysage web niçois ?

PR : Pour moi, il a été longtemps un peu en retard par rapport à d’autres regions ou pays. Ce fut longtemps plutôt un lieu de réunions de protestataires ou d’initiés. Mais pour vraiment lancer le web niçois, il fallait que décideurs, associations et politiques comprennent son importance : le net fait passer 1’information plus vite et reste le meilleur moyen de promotion de nos atouts à moindre coût. Je crois que c’est maintenant le cas. L’arrivée de Nice-Première a offert un coup de jeune, moins polémique, à 1’information. Le site de la CCI ou bien celui de 1’office du tourisme, dirigé par Gaston Franco montre depuis peu un gros effort de professionnalisme. La création du Cyber seniors a ouvert la porte du Net aux niçois de plus de 55 ans : les statistiques européennes montrent combien cette tranche d’âge est présente en heures sur le net, alors qu’on ne pense souvent qu’aux moins de 35 ans quand on parle d’Internet. Enfin, beaucoup d’associations et de partis politiques locaux (Préparation des prochaines élections oblige) utilisent le net pour se faire connaître, faire passer leurs idées. Beaucoup de_blogs et de micro-sites fleurissent, ça bouge. Nice-hypercentre.org en est 1’exemple.

hypercentre-3.jpg NP : Enfin, penses-tu un jour revenir t’installer à Nice ?

PR : Aprés la question à Mille francs, le super Banco. Qui peut dire, en ces temps difficiles, de quoi sera fait demain : quand on a un boulot, on le tient avant de tout lâcher. Je peux servir ma ville en restant encore un peu à 1’étranger. Une chose est sure, si je me suis endetté pour acheter mon appartement dans le quartier Notre Dame et si je 1’ai rénové, c’est que je compte bien y revenir, ne serait-ce que 6 mois par an. Les low cost ouvrent des portes. Mais à moyen ou court terme, j’aimerais plutôt aider aux relations entre Nice et 1’Allemagne : je me verrais trés bien, de part mon amour de la métropole niçoise et ma connaissance de la langue et de la mentalité allemande, comme courroie de transmission entre les deux. Comme je te 1’ai dit plus haut, je crois au potentiel touristique et économique que ça peut nous apporter sans renoncer à notre culture. Une petite pierre à 1’édifice pour ainsi peut-être permettre d’éviter que nos jeunes niçois s’expatrient vers d’autres cieux – comme j’ai dû le faire – et que Nice profite de leurs qualités au lieu de les offrir aux autres. Si 1’office du tourisme, la CCI, les PME ou autres avaient besoin de support, je me verrais trés bien dans ce rôle et profite outrageusement de ta tribune pour faire offre de mes services. C’était l’objet de mon projet pour 06.06.06 et je continue d’y travailler. Mais où que je sois, je veux continuer ma défense de 1’hypercentre pour montrer son attractivité pour un développement pour les niçois qui veulent y travailler et y vivre. J’y suis présent tous les jours dans ma tête.

Pour conclure, ce mot d’un ami allemand qui vient chaque année passer des vacances dans un petit hôtel familial tous les ans sur la Côte : « Pour moi, le vrai Nice, loin du tumulte touristique, outre la veille ville, c’est entre Libération et Place Masséna qu’il se trouve. Des commerces de toutes sortes, une vraie vie de quartier au milieu des habitants». Quoi dire de plus, même si Nice, sa force c est aussi St Roch, le Grand Ouest etc.. bien sûr.

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