Nice est toujours empêtrée dans les travaux du tramway. Mais le bout du tunnel n’est plus très loin. Le chantier des deux places emblématiques de la ville devrait se terminer d’ici la fin de cet été. Pour le moment, la place Garibaldi et la place Masséna ressemblent davantage à des champs de ruines. Petit état des lieux avec les commerçants du voisinage.
« Rien à gratter! » Alain a 47 ans. Il est Niçois. Il travaille aux « Primeurs Garibaldi ». Le réaménagement de la place Garibaldi le laisse indifférent. « Ils font ce qu’ils veulent du moment qu’ils laissent la verdure pour que les oiseaux puissent toujours venir. Tous les matins, j’observe les centaines de martinets qui se posent autour de la place. » Alain peut se rassurer : « il est interdit de couper les arbres. » C’est l’ordre qu’a reçu Mr Balzano, le chef d’une équipe de dix personnes qui s’affairent autour de la place Garibaldi. Les ouvriers ne connaissent pas le résultat final. Eux sont simplement là pour tirer les câbles EDF. Ce qui crée une certaine pagaille. Michelle et son mari essayent de traverser la rue. Pas si simple qu’il n’y paraît. Le détour est assez conséquent. « C’est un vrai labyrinthe, tous les jours ça change. C’est sûr que cela crée des nuisances. Mais je suis pour une place Garibaldi piétonne. C’est un mal pour un bien. »
Le mal, c’est surtout Georges qui le ressent. A 79 ans, Monsieur Benguigui tient le magasin « ‘Nrico » place Garibaldi depuis 38 ans. L’impact sur son chiffre d’affaire est « indiscutable ». Il est de l’ordre de -10 à -30%. Pourtant, Georges n’a pas rempli de dossier d’indemnisation. « Trop complexe. Une amie a fait la demande. Les sommes sont dérisoires par rapport au nombre de papiers et de justificatifs demandés. » Le commerce de Georges Benguigui n’a pas changé d’endroit depuis près de 40 ans. Néanmoins, son propriétaire n’est pas contre un petit relooking de la place du célèbre Giuseppe Garibaldi. « Tant que la statue est toujours là. »
Bien sûr, la statue ne bougera pas. Dans le livret de présentation du projet du tramway, on apprend même que les places Garibaldi et Masséna « offriront un environnement rénové et embelli, agréable aux habitants et aux visiteurs. » Pour cela, pas de fils électriques apparents. Dans le bulletin Infotram de mai 2006, Georges Martinez, directeur des études et système à la Direction tramway, révèle que le véhicule disposera de batteries embarquées pour pouvoir traverser les deux célèbres places niçoises en autonomie totale.
La vie de chantier
Liz a acheté, il y a peu, le snack « La Caroube », place Masséna. C’était après le début des travaux. Elle s’est donc investie en connaissance de cause. « J’avais vu sur maquette le résultat fini et j’ai trouvé que c’était un super projet. Ca va être bien paysagé et agréable à vivre. Je suis Niçoise et je suis pour l’embellissement, le renouveau. Particulièrement pour la place Garibaldi qui était devenue invivable. Les piétons ne pouvaient plus traverser, les voitures passaient à 100 à l’heure… »
La majorité des commerçants sont donc d’accord pour dire, qu’une fois les travaux finis, la ville de Nice en ressortira embellie et certainement désencombrée. C’est sur la conduite des travaux que le bât blesse. Les nuisances sont multiples ; bruit, poussières, manque d’accessibilité pour les clients et problème de livraison pour les commerçants. Ludovic, 28 ans, est employé de la bijouterie Rolex, place Masséna. Un jour, il découvre qu’on lui a mis de hautes grilles devant son magasin, « je suis Niçois et ils peuvent faire ce qu’ils veulent de la place Masséna. De toute façon, elle était moche avant. Tout ce que je veux, c’est qu’on m’enlève ces grilles. » Il remarque, par ailleurs, que la fréquentation étrangère n’a pas changé. C’est la clientèle locale qui n’est plus au rendez-vous. Jennifer travaille à la boutique Gérard Darel, un peu plus loin. Elle a son explication. « Les personnes du quartier changent de destination pour faire leurs courses. Ils n’ont pas envie d’entendre le son du marteau-piqueur pendant des heures. »
La crainte majeure de tous à Nice : la date de la fin des travaux. Officiellement, le chantier doit se terminer fin 2007. Les Niçois voient plutôt l’achèvement en mai 2008, si tout se passe bien. Et le Sénateur-Maire Jacques Peyrat aurait tout intérêt à accélérer le processus pour les prochaines élections municipales, selon les dires de certains.