L’histoire est simplissime : trois femmes (Dame 1, Dame 2 et Dame 3) aux caractères différents attendent le bus qui ne vient pas. Elles doivent patienter et en patientant elles font connaissance… Elles se découvrent, se critiquent, se rejoignent…
Colorée, cadencée, cette pièce, mise en scène par Fabienne Colson ne laisse pas indifférent.
Durant les trois jours de représentation au Théâtre des Oiseaux, les spectateurs ont pu chanter, s’amuser, s’émouvoir, réfléchir. C’est surtout un agréable moment de détente pour les amateurs de théâtre bien entendu, mais aussi pour tous ceux qui cherchent des idées de sortie sur Nice. Ils oublient parfois que des scènes existent. Cela permet de varier les soirées. Le théâtre offre cette proximité, cet échange que l’on ne retrouve pas dans les salles de cinéma.
Direction Critorium ne ressemble à aucune autre pièce. On ne peut que s’en souvenir. Malgré leur extravagance avec des caractères poussés à l’extrême, il est aisé de s’identifier aux trois personnages.
La Dame 1, interprétée par Bénédicte Brun, est une femme qui refuse de se compliquer la vie, très terre à terre, agit « comme tout le monde même si le monde change ». Lunettes roses, jupe courte, elle est la plus excentrique des trois.
La Dame 2, Aurélie La Rocca, espère être une modératrice, détentrice du savoir et compréhensive… Derrière cet apparat de justesse, se cache une femme frustrée, solitaire, en manque d’affection. Elle profite de ce moment de confidentialité pour livrer ses frustrations et ses envies.
La Dame 3, jouée par Sandrine Desmarche, tout de noir vêtue, vit dans une bulle. Elle veut être protégée des dérives sociétales. Elle se dévoile en même temps qu’elle se dénude. Elle reste méfiante. Exaspérante et désespérante pour ses extravagantes compagnes d’attente, elle ne demande en fait que de retirer cette bulle qui restreint ses pulsions. La Dame 1 et 2 l’aident à se libérer.
Cette intimité est libératrice de conscience pour les trois femmes. Elles évoluent au fil de la pièce. Elles changent de caractère comme de costume. Elles apprennent aussi à apprécier les êtres différents.
On s’attache à ces trois personnages. Tout simplement parce que nous avons une part d’elle dans chacun d’entre nous. Parfois extraverti, tantôt mesuré ou démesuré, réfléchi ou impulsif.
Dynamique, burlesque et rythmée cette pièce invente un style : une psychanalyse comique. Les trois comédiennes, avec fougue et force de persuasion, convainquent sur la réalité de leurs personnages pourtant irréalistes au prime abord. Un excellent moment d’humour et de réflexion sur nos ego au Théâtre des Oiseaux. Et vive le théâtre !!!!
Vincent Trinquat