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25 novembre 2024

Ciné-Café au Felix Faure

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Les passionnés de cinéma s’invitent régulièrement au Félix Faure pour des sessions de ciné-café. L’association Ciné-Café de Nice, présidée par Daniel Fimbel, va bientôt souffler sa 10ème bougie.


Ismaël Paredes  © Nice Premium
Ismaël Paredes © Nice Premium


A quelques dizaines de mètres de la station Opéra Vieille ville, et de son tram au flot incessant, il est possible de s’offrir une halte hors du temps. Daniel Fimbel et une vingtaine de fidèles cinéphiles vous accueilleront chaleureusement pour un ciné-café. Le temps qu’Alain raccorde son lecteur DVD à l’écran et que les lourds rideaux de velours rouges se ferment, il est 19h : la séance va commencer.

Une séance qui ne vous coûtera pas plus cher qu’un soda ou un panaché, et qui vaudra toutes les projections de films du monde.

Dans ce décor d’une autre époque, l’esprit critique d’émissions littéraires d’une télévision d’un autre temps est ressuscité. Prendre le temps de bien observer plutôt que de seulement voir, d’échanger vraiment plutôt que d’écouter simplement, voilà l’objet de ces rencontres entre passionnés. Ici les bruits de pop corn laissent place à des chuchotements enjoués.

Voir le cinéma autrement.

Une caméra contourne un meuble chargé de bibelots, sans se détourner de Catherine Deneuve. Bienvenue dans l’univers de Raul Ruiz, un cinéaste Chilien. Généalogie d’un crime et son thème de la prédestination vont être passés au crible. Les procédés riches et variés sont analysés. Sur un court extrait, l’évidence va nous apparaître : pas besoin d’effets spéciaux pour réaliser de beaux effets optiques.

Le réalisateur mort il y a peu reçoit l’hommage qu’il mérite, par André, qui a méticuleusement préparé son exposé sur un cahier. On reconnaît là toute la pédagogie de cet ancien professeur de lettres, déjà bien rodé, puisqu’il pratiquait l’analyse de l’image avec ses élèves, quite à être un peu hors programme. Abonné à diverses revues telles que les cahiers du cinéma, les inrocks, télérama, il distille des anecdotes aussi exquises qu’inattendues : Salvador Allende avait un conseiller en cinéma, en la personne de Raul Ruiz.

De Nancy Sinatra à Sheila !

Le moment du quizz est arrivé, la passion prend le relais de la raison. André laisse Daniel l’enjoué, qui s’emporte lorsqu’il parle, poser la question fatidique : « Quelle chanson de Nancy Sinatra a été la bande originale d’un film ? » A gagner, de nombreux DVD au choix parmi Le transporteur II, La journée de la jupe, des Audiard, ou Nailed « le film est audieux mais il y a quand même Harvey Keitel ».

Bang Bang, bande originale de Kill Bill était la bonne réponse. L’occasion pour Daniel de s’épancher sur son admiration pour la belle Nancy, dont la force résidait dans la « fragilité, avec ce bang bang murmuré comme une blessure au coeur ». Il n’oubliera pas d’épingler Sheila au passage, qui dans sa reprise tirait presque à balles réelles quand elle faisait « bang bang » et n »‘avait rien compris ».

De polémiques en politique

Puis vient le tour des Bien-Aimés de Christophe Honoré de passer à la casserole. « Oui, Catherine Deneuve est bien… Comme toujours ». Silence entendu, rires gênés, « C’est le cinéma français selon les guignols : il y a Deneuve, mais rien ne s’est renouvelé depuis les années 1980 » finira par oser un membre. « Delpech n’est pas très convaincant, j’ai envie de le gifler toutes les 5 minutes ».

Ismaël Paredes  © Nice Premium
Ismaël Paredes © Nice Premium

Amateur n’est pas incompatible avec critique, les avis tranchés fusent : « Lars Von Trier avec ses films me fait une confidence à l’oreille. Almodovar, lui, fait des film car il ne sait faire rien d’autre », ou encore à propos de La guerre est déclarée « j’ai eu l’impression de voir un reportage de France 3 sur les hôpitaux ». « Non, je ne peux pas laisser dire ça! Il faut le voir comme un film politique, il y a un remerciement « à l’hôpital public » générique de fin ».

Il est déjà 22 heures passées, la nuit est tombée depuis un long moment… Comme dans tout Astérix et Obélix qui se respecte, cela se termine dans la bonne humeur autour d’un bon banquet, toujours au Félix Faure. Et vu la pertinence des avis des convives sur le cinéma, on est à des années lumières du dîner de cons de Veber.

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