Dans un discours de plus d’une heure, Marine Le Pen a passé en revue son programme. Abordant immigration, finances de l’Etat et préférence nationale, le patriotisme économique s’est finalement imposé comme la pierre angulaire de son ambition nationale.
L’Acropolis était en folie – quelque peu chauffé à blanc par l’entrée de Jean-Marie Le Pen – pour la clôture de l’université d’été du FN. Et pour cause, Marine Le Pen allait faire un discours, et à travers lui, incarner l’espoir d’un président à l’étiquette FN (bien que ni la flamme, ni le nom du parti ne soient affichés ostensiblement dans la salle). Seuls signes de ralliement arborés : les éternels drapeaux tricolores et des pancartes « Marine présidente », une image new look pour un rêve jamais caressé d’aussi près et à peine dissimulé : l’Elysée.
Après une longue listes de peuples salués : français et tous les concitoyens de l’Outre-Mer, des réunionnais aux mahorais, sans oublier les Français de l’étranger, Marine Le Pen a commencé par un petit retour en arrière. Le FN a remonté la pente depuis 2007 et va maintenant « faire éclater la vérité », Sarkozy étant « une immense tromperie ». « La réorganisation de notre mouvement en a fait une machine de guerre pour 2012. »
Souveraineté et justice sociale
Pas d’amis haut placés ni de puissance financière à ses (leurs) cotés, mais « mieux : la sincérité de ceux qui croient en la justesse de ce qu’ils défendent ». « Comment peut-on se dire de l’opposition lorsqu’on est d’accord sur l’essentiel ? », ironisera Marine Le Pen. Son combat politique est pour elle « le seul qui vaille » pour « le bonheur de la France et des Français », quand les « vieux partis », c’est à dire l’UMPS, et « leurs satellites » ont « la seule obsession du pouvoir par le pouvoir ».
Encensée et acclamée par la salle à ce moment là, ce ne sont pas ces hourras et cesc »Marine! Marine! » qui déclencheront le plus de réactions. Lorsqu’elle raillera les socialistes : « regardez le PS ; de Jaurès à Désir » les huées parcourront l’assistance, ce sont les rires qui accueilleront « l’objectif 2017 de l’UMP » et « le contre meeting de Fillon du contre meeting d’Estrosi ».
Elle ne manquera pas de saluer la présence dans la salle de Paul-Marie Couteaux, un ancien souverainiste du RPF (rassemblement pour la France) ainsi que celle très appréciée du public de Peyrat, l’ancien maire de 1995 à 2008 et ancien membre du FN.
Marine Le Pen s’est montrée critique avec la politique extérieure « on pleure sur la souveraineté de la France mais nous agissons en Libye sous la bannière de l’Otan » alors que les « rebelles que nous aidons sont infestés de djihadistes », utilisant l’actualité des 10 ans du 11 septembre pour jeter un froid. Plus effrayant encore, le « monstre à 3 têtes BCE/FMI/UE », lui aussi relié à la politique de Sarkozy, « qui a pris pour un complexe ce qui était juste de la pudeur ». En plus du bling bling, son passage en force sur la constitution européenne se verra aussi fustigé. En résumé : « il fait de la comm’, joue la comédie mais n’incarne pas ». Comprenez, la grandeur de la fonction de chef de l’Etat.
Comme les partisans locaux de Martine Aubry jeudi dernier, elle a dénoncé la responsabilité de la gestion de Nicolas Sarkozy dans la dette : « aux deux tiers ».
En ce 11 septembre, une date déjà historique, mais que les marinistes aimeraient rendre plus personnelle à l’histoire de France, Marine Le Pen s’est déjà projetée dans ce qu’elle espère être sa future fonction. Consciente de ses chances d’être au second tour, elle a donné le ton en énumérant ses actions de présidente : « j’enlèverai », « mon gouvernement », en concluant par une phrase de Richelieu : « il faut que les français soient, pour la France ».
Que les Français soient ou votent… pour elle.