Elle a beau avoir le même prénom qu’une cousine de la comtesse de Ségur, ce serait plutôt à Sophie elle-même que Camille ressemblerait. Effrontée, parfois insolente, bout-en-train et attachante, la jeune artiste venait défendre son nouvel album, Ilo Veyou, au Théâtre Lino Ventura hier soir.
Pieds nus, les cheveux longs, ébouriffés, décorés de quelques tresses et dreadlocks, une robe accentuant ce côté hippie, tout en finesse, avec un tissu soyeux qui reflète l’éclairage au ton sépia pour devenir blanche, beige ou cuivrée, Camille s’avance sur la scène.
Pas de micro apparent. Une ampoule suspendue à un fil éclaire sa silhouette diffusée en ombre chinoise sur un tissu froissé en fond de scène.
Inversement, deux de ses musiciens portent des casques de mineurs dont la lampe a été remplacée par un micro.
C’est d’un contrebassiste jouant simultanément du Charleston avec son pied gauche, d’un guitariste-pianiste et d’une violoniste que Camille s’entoure pour cette tournée qui démarre à peine.
Chacun agrémente le spectacle (pensé avec la chorégraphe sud-africaine, Robyn Orlin) de son ombre personnelle, de bruits de bouche, mains, pieds, proposant même quelques titres sans aucun autre instrument que leur anatomie.
Un show marquant.
Le public reste d’ailleurs très attentif. On n’entend pas une mouche voler. La salle du Lino Ventura est pleine et pourtant, pas un bruit. Suspendus aux lèvres de Camille, les fans et découvreurs respectent cette harmonie et cette recherche que l’artiste propose dans son opus comme sur la scène. Le souci du détail est bien présent. Que ce soit dans le moindre souffle, dans la disposition du décor paraissant simple et pourtant très élaboré, dans le choix des tissus, des couleurs, des luminosités, tout est cadré au millimètre. Si bien que, sur ses « Je m’en vais » répétés, lorsque la chanteuse envoie osciller son pendule géant parallèlement au bord de scène, les allers-retours de l’ampoule faisant défiler son profil d’un bout à l’autre de « l’écran » sont en rythme avec son phrasé, ralentissant de façon synchrone.
De la même façon que sur l’enregistrement studio, le live de Camille procure des émotions : chair de poule assurée sur « Wet Boy« , sourires aux lèvres sur « Bubble Lady« , envie de crier des « Allez, allez« … Il y a de la poésie, de la subtilité, de l’intelligence chez cette fille, qui force le respect. En même temps, avouons-le, ne fait pas hypokhâgne qui veut.
Et ce genre d’études poussées se ressent inévitablement dans le style d’écriture, de réflexion et de proposition d’un artiste.
Mais c’est plus loin, jusqu’à la cour d’école, que remonte parfois la miss, prenant des accents enfantins et une moue boudeuse.
On aurait presque envie d’aller sauter dans les flaques avec elle et on se prête tout de suite au jeu lorsqu’elle tente de faire participer le public : en faisant les chats et les chiens, l’alphabet revisité, des claquements de doigts, de mains. Une jolie façon de se changer les idées en fin de journée en admirant un spectacle et en y participant quelque peu.
« She was » gorgeous !
Et si vous n’avez pas pu assister au concert hier soir, encore une petite chance d’entendre Camille fredonner quelques consonnes et voyelles puisque, aujourd’hui, à 17h30, elle sera en show case à la Fnac de Nice.
Foncez !