Les 7èmes rencontres de Cannes ouvrent leurs portes, cet après-midi, à l’Espace Miramar de Cannes et ce sont de nombreuses tables rondes avec des invités prestigieux qui se succèderont sur une thématique phare : l’élection présidentielle de 2012.
Gouvernance impossible, l’après G20, l’écologie, la web campagne ou encore l’équité seront tant de thèmes qui seront abordés et débattus durant tout le week-end.
François Lapérou est de nature optimiste. Son idéal : rendre le savoir accessible à tous. Ses maîtres mots sont « justice et vérité ». Fondateur d’Arte-Filosofia , une association culturelle cannoise, il organise les Rencontres de Cannes depuis sept ans. C’est l’occasion de confronter journalistes, politiques et intellectuels sur des thématiques d’avenir. Un moyen de donner des pistes de réflexion au grand public. Interview.
Comment vous est venue l’idée du thème « 2012 Pour faire quoi? Comment ? » ?
Je suis partisan d’aucun parti. Les Rencontres de Cannes ne sont ni un forum ni une convention politique. Je me suis posé la question : est-ce que, de cette élection, des idées vont sortir ? L’affiche reflète ce concept. On voit une urne transparente, avec à l’intérieur une ampoule. C’est un petit clin d’œil à Eurêka [en grec ancien : « J’ai trouvé ! »] d’Archimède. Lors de ces Rencontres, des idées vont sortir et donner au public de nouvelles perspectives. C’est mon pari !
Comment ces six thématiques se sont-elles dégagées ?
Derrières ces tables rondes, il y a une méthodologie et une cohérence. On a choisi un certain nombre de problématiques. D’abord il faut des institutions pour que le pays fonctionne correctement. C’est pour cela que la première table ronde parle de la gouvernance. Ensuite, on peut se demander si ces institutions sont adéquates ou obsolètes. Il faut que les projets soient concevables économiquement. La deuxième table traite de l’économie. Mais avant tout, il faut se demander à quoi ça sert si on fout la planète en l’air. L’écologie et l’équité sont aussi des notions abordées.
Quel est le cahier des charges des Rencontres ?
C’est un programme impossible à tenir. Je dois répondre à quatre demandes antinomiques. Une démographie cannoise âgée qu’on doit intéresser : il faut remplir la salle. Ensuite, des intervenants nationaux qu’il faut exciter intellectuellement : il faut que je leur donne du grain à moudre. La thématique doit être un sujet d’actualité : préparer un sujet d’actualité neuf mois avant ça tient du miracle ! Et pour finir, le sujet doit rentrer dans le cahier des charges des médias nationaux : il faut pouvoir le présenter sur la TNT parce que les débats seront retransmis sur la chaîne parlementaire LCP. Gérer ces contraintes est compliqué.
Comment impliquez-vous les jeunes dans ce colloque ?
Depuis plusieurs années, je travaille avec des écoles cannoises. Le lycée des Coteaux est responsable de l’accueil, l’IUT de Journalisme pour la couverture médiatique et le BTS Audiovisuel pour les captations d’image. Pour la première fois, on a mis en place un débat « spécial étudiant ». Des lycéens de Stanislas, Carnot et Bristol interviennent sur une problématique, préparée en amont : Croissance infinie dans un monde fini, est-ce possible ? Les jeunes ont la possibilité de poser des questions sur leur avenir.
D’ailleurs, quelles sont les nouveautés de cette septième édition ?
Ce sont les Rencontres off. On a donné carte blanche à des associations et des écoles pour organiser leurs propres débats. Une centaine d’élèves et une dizaine de professeurs y participent activement. De plus, il y aura un concert-lecture samedi à 19h30 à l’espace Miramar. Leili Anvar et Frédéric Ferney liront des textes de La Fontaine accompagnés d’une improvisation musicale au piano de Karol Beffa. Le choix n’est pas anodin. Dans toutes les fables, il y a la clé de tous les comportements humains.
Pour résumer, quelle est la finalité des Rencontres de Cannes ?
Il se passe beaucoup de choses en ce moment. Essayons de les éclairer. Ici, on fait son marché comme au marché Forville : on achète des fruits et légumes, on rentre chez soi, on fait sa cuisine. Là c’est pareil. Aux Rencontres, le spectateur fait son marché d’idées en écoutant les paroles d’intellectuels. Bien sûr, il ne faut pas les assimiler sans réflexion. Mon but, c’est de donner aux gens le maximum de moyens pour qu’ils puissent penser par eux-mêmes. Mon idéal : l’indépendance intellectuelle.
Recueillis par Nora Bouarioua et Emilie Roze
Programme des Rencontres de Cannes 2011 :
Vendredi 2 décembre : Espace Miramar
- 14h30 : Ouverture des Rencontres De Cannes 2011
- 15h30 : Table ronde n°1 : Gouvernement impossible, gouvernance
improbable ?
Le métier de politique a muté : placé sous le feu des rampes médiatiques 24h/24, soumis aux contraintes internationales et économiques, confronté à une technicité toujours croissante, l’homme politique a cessé d’être un décideur solitaire et tout puissant. Sa marge de manoeuvre se réduit au fur et à mesure que sa responsabilité croît. Il est détesté, diffamé, ridiculisé, diabolisé, englué,… Qui voudrait encore gouverner de nos jours ? Où se joue la réalité du pouvoir ?
Modérateur : Frédéric Ferney
Intervenants : Alain Cabras – Eric de Montgolfier – Jean-François Mattéi –
Pierre-Henri Tavoillot.
- 17h00 : Table ronde n°2 : Economie : après le G20, réguler oui mais
comment ?
La démocratie signifie la maîtrise par le peuple de son propre destin. Or, une partie de ce destin semble devenue immaîtrisable : l’économie est un
processus sans sujet ni projet qui ressemble à une fuite en avant. Plus de fin plus de loi, mais une spirale qui risque d’emporter les entreprises, les Etats, … et les gens. Est-il encore possible de domestiquer le capitalisme financier et globalisé ? Peut-on espérer reprendre la main ? … et quelle main ?
Modérateur : François Lenglet
Intervenants : Philippe Askenazy – Jean-Marc Daniel – Philippe Frémeaux –Bernard Perret.
- 19h00 : Billet d’humeur de Roland Cayrol
Samedi 3 décembre :
- 14h00 : Table ronde n°3 : Ecologie, écologie ! Quelle écologie ?
Réchauffement climatique, épuisement des ressources, préservation de la nature, … : la rapidité avec laquelle le souci de l’environnement s’est imposé comme préoccupation majeure de nos concitoyens ne manquera pas d’étonner l’historien de demain. Mais de quelle écologie s’agit-il ? Est-ce une nouvelle idéologie qui naît alimentée par le projet messianique de « sauver la planète » ? Ou est-ce une aspiration à retrouver un peu de mesure dans les rêves les plus fous de la modernité tardive ? Va-t-on vers une écologie de « citoyens concernés », d’experts, de militants. Et surtout comment décider sur ces sujets terriblement complexes et incertains et qui engagent pourtant l’avenir bien audelà des échéances électorales ?
Modératrice : Elisabeth Lévy
Intervenants : Alain Cabras – Philippe Frémeaux – Jean-François Mattéi
-Bernard Perret.
- 15h30 : Table ronde n°4 : L’E-campagne présidentielle
Rêves de certains et cauchemars pour d’autres : les nouvelles technologies ont-elles révolutionné la politique ? Plus rapides, plus transparentes, plus réactives, plus interactives que jamais : comment penser ces médias très (trop) immédiats ? Comment les maintenir à distance raisonnable et de la publicité (réduction de l’espace public au commercial) et de la propagande (réduction de l’espace public au pouvoir), pour les mettre au service d’une opinion plus éclairée ?
Modérateur : David Abiker
Intervenants : Emery Doligé – Benjamin Lancar – Benoit Thieulin.
- 17h00 : Table ronde n°5 : EQUITE, une idée neuve pour le vivre ensemble?
La crise oblige à s’interroger sur ce qui était devenu une évidence : nous vivons ensemble ! Quelle est la force du lien collectif, sa raison d’être, sa raison profonde ? Au sein de l’entreprise, de l’école, de la nation, de l’Europe, les motifs de la cohabitation, de la solidarité, de l’entraide sont questionnés quand arrive la tempête. Avons-nous vraiment les idées claires sur ce sujet que la paix et la prospérité nous avaient presque fait oublier ? Comment penser et faire la justice par gros temps ?
Modérateur : Nordine Nabili
Intervenants : Jean-Marc Daniel – Philippe Frémeaux – Yvan Gastaut – Pierre- Henri Tavoillot.
- 19h00 : Billet d’humeur de Roland Cayrol
-
19h30 : Théâtre – La Fontaine politique.
Spectacle conçu par Leili Anvar avec Leili Anvar et Frédéric Ferney.
improvisation musicale au piano de Karol Beffa
Dimanche 4 décembre :
- 13h30 : Espace Miramar, projection en première exclusivité du débat
enregistré dans les conditions du direct pour LCP, le jour même –
Journalistes, coupables ou non coupables ?
Modérateur : Gérard Leclerc
Intervenants : Franz-Olivier Giesbert – Jean-François Kahn.
- 15h00 : Table ronde n°6 : Journalisme, anciens vs modernes.
Le métier a-t-il changé ? Fait-on du journalisme de manière vraiment
différente a l’époque du numérique ? Le numérique change-t-il la façon d’écrire, de penser, de réfléchir ? La forme prime-t-elle sur le fond ? Que se passe-t-il donc ? N’est-ce pas notre relation au temps qui évolue ? Le numérique poursuit le processus technologique d’accélération de l’histoire, particulièrement depuis la machine à vapeur. La logique capitaliste, avec le profit comme moteur et finalité, le toujours plus de consommation pour le maximum de gens accélèrent tout. La lenteur devient un luxe. Les anciens vs les modernes ? Ne va-t-elle pas devenir le slow journalisme vs le fast journalisme ? La raison économique monétariste continuera-t-elle à imposer sa loi dans le monde tel qu’il est encore, toujours ?
Modératrice : Elisabeth Lévy
Intervenants : Olivier Biscaye – Franz-Olivier Giesbert – Jean-François Kahn – Nordine Nabili.