Sans doute le résultat du Conseil européen des 8-9 décembre ne peut-il se résumer à une simple formule arithmétique (27 États membres-1), pas plus qu’à une version 2 du “logiciel” de l’Union européenne.
Sans doute aussi ce résultat est-il le moins mauvais auquel on pouvait arriver compte tenu de l’urgence causée par l’état de crise dans lequel l’Europe – et le monde tout entier – se trouve. Il reste à le consolider et à le faire vivre dans l’esprit de solidarité qui est une des valeurs européennes.
Le Royaume-Uni a choisi de ne pas participer au Traité intergouvernemental en projet, au contraire des autres Etats membres de l’Union non membres de l’Euro zone. Certes une discipline budgétaire commune implique une certaine perte de souveraineté. Mais on ne peut avoir le Beurre et l’argent du beurre. Il faut espérer que le bon sens l’emportera un jour.
Il faut maintenant mettre en œuvre le traité aussi vite que possible, indépendamment de toute échéance électorale dans tel ou tel état membre, pour mettre les pays européens à l’abri des manœuvres spéculatives des “marchés” qui portent atteinte à leur souveraineté et à leur fonctionnement démocratique.
Très vite aussi, il faudra réintroduire le “communautaire” – la Commission, et surtout le Parlement européen – dans ce qui, jusqu’à maintenant, a été un jeu essentiellement intergouvernemental. Sinon le citoyen risquerait de se sentir définitivement “largué” et le sentiment de rejet du Projet européen l’emporterait.
Il faut aussi que les gouvernements des États membres admettent que la rigueur budgétaire, toute impérative qu’elle soit, n’est qu’une partie de la réponse: la relance économique est également nécessaire pour éviter une récession qui, d’une part pourrait compromettre les résultats de la rigueur, mais surtout aurait de graves conséquences sociales. A défaut des “eurobonds” pour mutualiser la dette, qu’au moins des ”project bonds” soient émis pour financer de grands projets européens, par exemple dans le domaine des infrastructures, des économies de ressources naturelles, de la santé, de l’éducation, de la recherche.
Enfin il faudra bien admettre que le traité proposé n’est qu’une étape dans le processus global de protection de la société contre la financiarisation débridée, et que les instruments de contrôle doivent être mis en place sans tarder.
Brigitte Ferrari
Présidente du Mouvement Européen 06