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25 novembre 2024

Festival de Jazz : Sacrée Erikah Badu

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Les arènes de Cimiez, ses jardins et ses oliviers vont abriter une fois de plus une fusion de sonorités diverses et variées, mêlant tradition séculaire et une expérimentation futuriste de la musique. L’un des 3 plus grands festivals de Jazz démarre son édition 2006. On compte, à la programmation du premier jour, pas moins que : Roy Hargrove Quintet, Demi Evans, Brooklyn Funk Essentials presents BFE Sound System, Roy ayers, Makoto Ozone Trio et la grande prêtresse de la Nu Soul, j’ai nommé, Erikah Badu. Haaa…Nice Première s’est offert une petite balade au cœur du festival, dans lequel plaisirs et bonnes « vibes » sont au rendez-vous. Musique !


jazz-badu-2.jpg Une flânerie subtile. Déambuler sur les sentiers des arènes, s’allonger sur la pelouse, manger un bout, boire un coup, se délecter d’une bise de début de soirée qui porte aux oreilles des sons de cuivres et de contrebasse. Voilà ce qu’est le réel programme du festivalier. Ils sont nombreux et sont parfois venus de loin. On parle anglais, italien. Lui, il a la trentaine en moyenne. Il porte un débardeur ou un T-shirt à l’effigie du Che, de Bob ou de Marvin Gaye ; un long bermuda et une paire de basket. Elle, une longue jupe à fleurs ou un boubou africain, et un ruban enroulé sur la tête. Le petit monde profite des premiers accords pour prendre place devant les trois scènes. Les parents ont laissé les enfants sous surveillance dans un espace gratuit, conçu pour rendre à tous le moment encore plus agréable. D’autres commencent à se trémousser, le bambin dans les bras. Certains restent à l’écart et apprécient la musique à une table en buvant un café. Tout est disponible, encore faut-il y mettre le prix. Du sandwich kébab à la spécialité corse ou du Sud-Ouest de la France, en passant par la pomme d’amour et la crêpe sucré. Des jeunes échangent un brin de culture musicale devant un stand qui vend posters et tee-shirts. Un autre propose des tatouages tribaux. Les premiers concerts enchantent, mais les discussions renseignent sur les attentes du public : beaucoup sont venus pour entendre la voix d’Erikah. Sa programmation était prévue pour 22hrs. La scène centrale est toujours vide. On passe « alien » de Sting et des morceaux de saxophone envoûtant pour faire patienter. Alors pour l’instant, on profite autrement. On tire sur des cigarettes à la fumée parfumée sur la pelouse. Un homme fait une surprise à sa femme en lui tendant une barbe à papa. Elle le remercie par un large sourire et un baiser langoureux. La place est aux amoureux, la musique transporte et rend les étreintes plus sincères. Une foule se constitue et scande « Erikah, Erikah ».

Comme toute star, elle sait se faire attendre. 22h40. Toujours pas le moindre bout de sa haute chevelure féline. L’ambiance demeure détendue.

23h. Le public s’impatiente. « Ca fait deux fois » peut-on entendre. Seconde annonce de prochaine entrée sur scène de la grande afro-américaine. Deux espoirs qui se sont envolés avec un nouveau passage dans les haut-parleurs des musiques enregistrées, plaisantes toutefois, mais qui ne suffisent plus à tenir la foule en haleine.

Des personnes passent encore le portail d’entrée. « J’ai travaillé jusqu’à maintenant, je ne pouvais pas venir avant. Bon, je vais voir Erikah Badu, c’est pour elle que j’ai acheté ma place ». On parle des grands noms à venir dans les arènes cette année. « Kanye West, dimanche, je ne peux pas loupé ça. Je vais demander un jour de repos », lance un grand blond vers ses amis. « Marcus Miller, génial, mais je ne vais pas pouvoir payer encore deux places… Sinon je ne mange plus jusqu’à la fin du mois ! ». Le prix des entrées ramène tout de même à des choix qui dépassent les volontés de chacun.

Des sifflets s’élèvent désormais. Les réactions montrent de plus en plus d’impatience. On s’indigne le sourire aux lèvres. Plus sérieusement, dans la « fosse », près de la scène.

La police patrouille avec nonchalance. Les pompiers sortent sur brancard une deuxième personne éprise d’un malaise. A une buvette, le personnel se languit : « Plus de musique, on travaille vraiment pour rien ! ».

Réaction. Un animateur prend le micro : « Elle arrive dans cinq minutes ». Il réitère son annonce en anglais. Les festivaliers se rassemblent devant la scène.

23h30. Une caisse claire résonnent sur tout le site. Boom boom tchak. Un gros son hip-hop, grosse basse et « kicks » transpercent le site. Erikah Badu arrive sur scène subitement. Une longue robe noire recouvre ses longues jambes. Elle prend le micro et chantonne de sa voix suave. Le public n’a presque pas réagi à une entrée sur scène qu’il n’attendait plus. Par contre, personne ne va être déçu d’avoir attendu.

Erikah chante, danse, enchante par sa voix au timbre inimitable. Elle se donne, se remue sur la mesure de manière chaloupée. Chaleureux applaudissements. La lionne pousse les vocalises dans les aigus à des hauteurs vertigineuses, fait vibrer l’arbre millénaire qui surplombe la scène, bondit avec énergie. Un subtil mélange entre musique afro-américaine, jazz et hip-hop. Elle passe de la « soul » (« Green eyes ») à des sons de Dr Dre (« lady bag »). « C’était magique. On la attendu, mais pas pour rien ! ». Elle est parfaitement accompagnée par deux choristes qui assurent ses « backs », et d’un sextet. Dwayne Kerr interviendra à la flûte sur certains morceaux. « Génial, elle a donné deux grandes heures de concert ! ». Elle invite le public à taper des mains, à scander son nom. L’énergie positive remplit les cœurs des amateurs comme des néophytes, qui battent au rythme de la basse. Les corps bougent moins. « I love you Nice, I love you so much », lance t-elle à la foule. Des sifflets retentissent, aux tons différents cette fois, empreints de chaleur et de plaisir. « Je voulais voir ce qu’elle donnait sur scène. Chapeau ». On crie à sa demande. « Exceptionnel ! ». Tout le monde a attrapé un tant soit peu la bougeotte. A ce niveau, la musique a cette vertu désinhibante, celle qui transperce par les tympans les volontés du conscient. Même les plus introvertis remuent la tête. Elle achève sur une chanson langoureuse accompagnée au piano. Le public n’en redemande pas. La magie est passée. Princesse Badu est pardonnée.

Un « after » est prévu chaque soir jusqu’à l’aube, à l’hôtel Radisson, sur la promenade des Anglais. Des bus, spéciaux à l’occasion, y accompagnent les festivaliers désireux de continuer la soirée en compagnie d’un groupe du festival.

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