Ce soir, le débat télévisé entre les deux candidats sera le dernier événement de la campagne présidentielle 2012. Puis, au delà de quelques escarmouche, les jeux seront quasiment faits et la parole ira aux électeurs qui, avec leur vote, éliront le nouveau Président de la République. Avant ce « match » tant attendu, nous proposons une réflexion qui se projette déjà au delà du 6 mai…
Une campagne active et intéressante, contrairement à ce que nombre de médias ont laissé entendre (« les jeux sont fait ! c’est plié ! etc. etc. »).
L’importante mobilisation de l’électorat prouve cet intérêt et l’aspiration des français à un retour du politique.
Toutefois, on ne peut qu’être consterné par le manque de « vérité » dans les discours des candidats qui tous ont la fâcheuse tendance à ne tenir que des propos qui plaisent à leurs électeurs. Or le président de la république, tel que les concepteurs de la V° république l’ont imaginé, doit pour être un véritable homme d’état, savoir dire ce qu’il pense vraiment et non pas seulement ce que les électeurs souhaitent entendre. Au risque, bien entendu, d’être désavoué mais c’est incontestablement ce qui fonde la légitimité d’un « grand » homme politique. Or, dans cette campagne, ce ne fut manifestement pas le cas, tant les sujets réellement importants ont été soigneusement évités.
Nicolas Sarkozy a fait une très mauvaise campagne, sanctionné par le plus faible résultat d’un président sortant de la V° république. Il aurait pu mettre en avant son bilan bien que très contrasté et sa résistance plus grande que tous les autres dirigeants sortants européens aux vicissitudes de la crise qui les a tous balayés (Espagne, Italie, Grèce, Pays Bas…). Du coup, face à la montée du FN, il est obligé de droitiser encore plus un discours déjà plus que « border line » au lieu de le recentrer vers les électeurs de Bayrou, comme il le prévoyait.
François Hollande, promis à la victoire, n’a cessé d’en dire le moins possible à part quelques annonces symboliques et « médiatiques »et de caresser les électeurs dans le sens du poil et des dépenses publiques qu’il aura bien du mal à financer. Il se réjouit un peu trop de la seconde place du président sortant au premier tour mais l’écart est faible et, selon moi, il doit maintenant proposer des solutions crédibles à la crise même si cela ne plaît pas aux électeurs. Il est vrai que la surenchère du Front de Gauche s’est estompée avec le score moins important qu’annoncé de Mélenchon, ce qui lui laisse une marge de manœuvre un peu moins étroite et plus de liberté pour attirer les électeurs du centre dont il a besoin pour s’imposer.
Gageons quel que soit de François Hollande ou Nicolas Sarkozy le président élu, aura des faibles marges de manœuvres pour mettre en œuvre les réformes structurelles dont nous avons un urgent besoin dans un monde qui s’est tellement transformé.
Face aux puissances-continents émergentes (Brésil, Inde, Chine, Russie…) qui ne cessent de rééquilibrer le monde en leur faveur, il faut que la France prenne toute sa place dans une Europe forte, seule capable de leur résister. Nous en avons incontestablement les moyens.
Toutefois, le système politique actuel français apparaît obsolète et inadapté à cette modernité, à l’importance des nouvelle technologies et à l’aspiration des citoyens à s’impliquer dans les affaires publiques. Il faudrait très vite : une grande réforme fiscale, la fin du cumul des mandats, (limitation à 2 mandats pour les maires), la réhabilitation d’une démocratie représentative, plus de moyens pour la justice et la fin de la dérive monarchique d’un président duquel on attends tout (et n’importe quoi), un gouvernement qui gouverne, plus de pouvoir au parlement…
Bref le chantier est immense…
Christian Depardieu
Rédacteur en chef du magazine culturel performArts