Alors que son Festival vient tout juste d’ouvrir ses portes, c’est David Lisnard qui nous parle de Cannes mais aussi de lui et de son parcours qui l’a mené de l’ Institut d’études politiques de Bordeaux au poste de 1er adjoint de la ville de Cannes. Conseiller général depuis 2008, Député Suppléant de Bernard BROCHAND dans la 8ème circonscription des Alpes Maritimes, il est sans doute l’un des hommes clés de la nouvelle (et jeune) classe de la politique azuréenne.
Premier adjoint au Maire depuis 2008
TOURISME – LES NOUVELLES STRATÉGIES
SILVIA VALENSI : Quels sont les enjeux économique de la Ville de Cannes , qui se place sur un plan de compétition mondiale, avec le tourisme d’affaire ?
DAVID LISNARD : L’enjeu du tourisme à Cannes est celui d’une filière économique qui représente 55% de la richesse créée sur le territoire communal, presque 60% des emplois. Et le respect de notre identité de « Village Mondial ».
SV : Pensez vous toujours en terme de nouvelles stratégies pour moderniser le tourisme en général ?
DL : J’ai envie de répondre oui mais ne suis pas sûr de comprendre votre question.
PROTECTION ET SECURITE
SV : Lorsqu’on sait que vous organisez des événements tels que le G20 ,par exemple, comment désirez-vous assurer et renforcer la protection et la sécurité en général ?
DL : La sécurité est d’abord un service public dû aux habitants de la ville. La sécurité est aussi devenue un critère de la compétitivité d’une destination touristique. Nous l’abordons donc avec professionnalisme en amont, en associant la Police Nationale à la préparation des évènements de grande dimension. Les renseignements, la coordination des services, la sanctuarisation du périmètre du Palais, parallèlement à la présence de force de l’ordre dans tous les quartiers de la ville, la vidéosurveillance, sont des facteurs essentiels de la protection des biens et des personnes pendant les manifestations.
POLITIQUE DES QUARTIERS / LES ACTIONS DE PROXIMITÉ
SV :-Vous avez affirmé que :« la qualité de vie des Cannois demeure ma grande priorité »,le dialogue citoyen est donc primordial ?
DL: Oui, il permet de créer une chaîne de la responsabilité entre les élus, les citoyens, les fonctionnaires territoriaux. Je crois aux vertus d’une démocratie horizontale, coopérative, qui passe par le partage de l’information et des problématiques de gestion de la cité et bien-sûr respecte le principe de la prise de décision par les élus.
AMENAGEMENT DES TERRITOIRES / ESPACE PUBLIC
SV : La Ville de Cannes connaît une transformation sans précédent par sa politique architecturale. Votre objectif est de renforcer l’attractivité commerciale ?
DL : En effet, la ville de Cannes s’embellit et bénéficie d’une dynamique d’investissement comme rarement dans son histoire. L’objectif est double et complémentaire : améliorer la qualité de vie des habitants d’une part, renforcer l’attractivité commerciale et économique de la ville d’autre part, le tout en préservant et valorisant l’identité de Cannes.
QUALITE DE VIE EAU
SV : Vous êtes en charge du syndicat intercommunal traitant de l’eau potable du Bassin Cannois(SICASIL),quels en sont les principaux objectifs ?
DL : La mission du SICASIL à mes yeux est très simple : fournir de l’eau potable à tous, en toutes circonstances, de qualité optimale, au juste prix.
Président du Palais du Festival et des Congrès
Une affaire de gestion /les chiffres
SV : Quels sont les retombées économiques du Palais du Festival et des Congrès qui demeure le centre le plus compétitif sur la scène internationale ?
DL : Les retombées de l’activité de la SEMEC sont évaluées, en application de la formule dite France Congrès, à environ huit cent millions d’euros (retombées économiques directes, indirectes et induites) par an, soit l’équivalent de dix huit mille emplois.
SV : Pouvez –vous nous parler de la restructuration et de l’embellissement du Palais ?
DL : Le Palais des Festivals et des Congrès de Cannes constitue le plus grand Etablissement Recevant du Public (ERP) des Alpes-Maritimes. Il nécessite donc en permanence d’être adapté aux évolutions règlementaires en matière de sécurité. Parallèlement, les enjeux économiques et sociaux du Palais, au sein d’une compétition mondiale entre sites de tourisme d’affaire, et notre volonté de répondre toujours mieux aux attentes des clients, nous conduisent aussi à effectuer des travaux pour améliorer les services proposés, la logistique, et agrandir les espaces.
Enfin, n’oublions pas que le Palais accueille aussi chaque année des milliers de Cannois pour les spectacles et le Festival des Jeux. C’est donc à la fois un centre d’affaire international, un centre culturel et l’Office du Tourisme !
Depuis dix ans, vingt-quatre millions d’euros de travaux ont été réalisés pour le rendre plus grand, avec notamment la création sur 3000 m2 de la salle Lérins, et plus fonctionnel, plus moderne, plus beau par l’installation de nouvelles façades verrières côté port et côté sud et sa nouvelle teinte blanche.
Tous ces travaux, contrairement aux décennies précédentes, sont remboursés à la Ville par l’exploitation privée du bâtiment. C’est une bonne nouvelle pour le contribuable cannois.
En outre, grâce au travail d’assainissement des comptes de la SEMEC et de mise en ordre managériale réalisé en début du mandat, le Palais est devenu une entreprise rentable qui verse des revenus à la Ville alors que jusqu’en 2001 il percevait de celle-ci quatre-vingt millions de francs par an !
Aujourd’hui, une redevance qui dépasse les quatre millions d’euros par an est versée à la commune, le Festival Pyrotechnique n’est plus depuis dix ans payé par le contribuable mais par l’activité Congrès, de même que le Festival des Jeux, l’Office de Tourisme, toute la politique de promotion de Cannes qui ne coûte pas un centime d’euros au contribuable.
C’est un cas unique en France et nous pouvons être fiers de ce travail réalisé.
Le Festival de Cannes : « le premier festival culturel au monde, »
SV : Quelles retombées culturelles, économiques et sociales pour cet événement extraordinaire ?
DL : Le Festival de Cannes est bien sûr l’étendard des manifestations accueillies. Il génère environ deux cents millions d’euros de retombées économiques directes, indirectes et induites, soit l’équivalent de presque quatre mille emplois annuels. Mais son impact va bien au-delà de ces chiffres : c’est celui d’une part de la notoriété véhiculée par les quatre mille journalistes accrédités présents sur l’évènement, d’autre part du contenu positif de cette notoriété, à la fois glamour, culturelle, française, internationale. Le Festival de Cannes fait partie de l’identité cannoise. Il a contribué à la façonner. Il est le premier actif en terme de promotion touristique et d’attractivité territoriale de la « marque Cannes ». Inversement, que serait le Festival sans Cannes ?
SV : Comment s’annonce le Festival de Cannes 2012 ? La programmation s’annonce étonnante ?
DL : Le Festival de Cannes 2012 est en plein montage au moment où je vous réponds. Il s’annonce très bien sur le plan logistique. C’est un énorme travail. Quant à la programmation, pour des raisons déontologiques évidentes et dans le respect des prérogatives de l’AFFIF, je ne la commente jamais en amont et me contenterai de vous dire, au vu des noms annoncés, qu’elle semble de très haut niveau.
L’homme politique
SV : On vous cite volontiers, comme « un homme d’avenir ,qui porte loin le discours politique, avec une vision très précise de l’avenir »(Yves Jego)
Quelles sont les causes et les idées ou valeurs principales qui vous définissent ?
Quels sont les engagements qui vous tiennent le plus à cœur ?
DL : J’ai quarante-trois ans, suis père de trois enfants, et conjugue donc ma vie au présent. J’apprécie cependant et évidemment toute perspective positive sur mon avenir !
S’agissant de mes valeurs, je me retrouve dans celles de la devise Républicaine, avec un culte particulier pour la liberté, « seule valeur impérissable de l’Histoire » écrivait Camus. Cela se traduit par ma défense permanente de l’esprit entrepreneurial, de la cause des PME, des TPE, des professions libérales, des artisans, des commerçants, bref de tous les individus qui veulent s’en sortir par eux-mêmes, prennent leur destin en main et des risques, individus qui rapportent à la société plus qu’ils ne lui coûtent. La liberté à défendre, c’est la liberté d’entreprendre, de penser, de se déplacer, de mener un projet. C’est la lutte contre l’arbitraire d’État, contre la bureaucratie, contre les lourdeurs administratives et les freins règlementaires, contre l’excès de prélèvements obligatoires.
Autre valeur essentielle : la responsabilité. La vraie liberté, c’est d’être responsable de ses actes, de rendre des comptes à sa conscience, de respecter les autres et les règles.
Je citerai une dernière valeur à mes yeux fondamentale, celle de la créativité. Toute personne et toute collectivité ont besoin pour vivre de projets, donc de création, donc de créateurs. Comment renforcer chaque individu dans sa capacité créatrice (de richesse, d’emplois, d’idées, de projets artistiques, familiaux, associatifs) ? C’est dans la capacité de répondre à cette question que résident je crois beaucoup de solutions aux problèmes de notre société.
SV : Quel européen êtes-vous ?
DL : Je suis un européen qui aimerait faire la synthèse entre le Général De Gaulle, Robert Schuman et Victor Hugo !
SV : Vous sentez vous prêt pour porter aujourd’hui, des projets politique à l’échelle plus nationale ?
Vous aimeriez alors, vous investir dans quel débat ?
DL : Mes réponses précédentes apportent quelques réponses à cette question.
SV : Quel est l’homme politique ou quel parcours politique vous admirez le plus ?
DL : J’en citerai spontanément trois : Périclès pour sa praxis, son éthique, Philippe Auguste pour son action constitutive de la France telle que nous l’entendons, Charles de Gaulle évidemment parce que c’est De Gaulle et c’est la France ! Et j’ajouterai un grand penseur français : Frédéric Bastiat. Parce qu’il faut sans cesse rappeler aux élus la nécessité de libérer la société et de limiter… le pouvoir politique, en le concentrant sur les fonctions régaliennes.
Quant au parcours politique, le plus beau est celui qui reste à écrire.
Par Silvia Valensi