Afin de fêter dignement les 50 ans de FLUXUS, Ben a organisé sur un ring des performances d’artistes. C’est un lieu glauque, chargé de sueur, une salle de boxe admirablement reconstituée à la villa Arson, où se succèdent dans des rounds de 3 minutes 33 secondes des artistes, délai court et long pour exécuter leur performance et la rendre durable dans la mémoire de chacun. Il a la danse, l’expression corporelle, la musique, le théâtre, la commedia del arte.
La salle de boxe avec des photos évoquant Fluxus et son histoire, les expositions de ce courant artistique, les faits qui ont faits la Une, on songera à Pinoncelli et ses nombreuses frasques, au regretté Bruno Mendonça et à tant d’autres créateur niçois.
Chaque round est un défi où l’artiste ne doit pas tomber KO et gagner. C’est Ok pour certains, c’est voulu pour d’autres et cette ballerine en patins à roulettes, nous fera songer aux contes d’Hofmann et sa poupée mécanique. Tous les genres sont abordés. « Créer c’est douter. » nous dit Ben. Le doute a sa place ici : celui de nos certitudes et l’artiste nous invite à les remettre en question.
Ben dirige de main de maître ces combats qui en fait sont les illustrations vivantes de l’histoire de Fluxus, de ce demi siècle où les artistes niçois ont multipliés la création et marqué l’histoire de l’art de leur empreinte. Ben est unique, il parle de lui et de Ben avec talent, mais il n’est pas Narcisse au sens péjoratif du terme.
Moi je, disait Guitry et personne jamais ne l’a critiqué. Ben c’est pareil, on lui pardonne beaucoup, comme ce violon brisé sur le casque d’un Mottard, Armand a fait pire.
La ballerine qui mime un combat et donne à la fois des uppercuts dans un ballet plastique où son corps s’offre et se déforme au rythme d’une guitare électrique. Tout semble à la fois vrai et faux, c’est un mélange des genres que tout au long de ces performances le public peut découvrir. Performances ? Œuvres d’arts ? On ne pourrait y répondre tant il est impossible de fixer des limites entre ces deux disciplines.
C’est furtif, instantané donc une performance, c’est mémorisé et enregistré, donc conservé, alors quoi répondre ? C’est un visiteur qui nous donne la réponse : « C’est Fluxus et ne cherchez surtout pas à définir ce terme, car il n’a pas et ne doit pas avoir de sens. » Il nous semble que cet inconnu a raison et remercions Ben pour ce merveilleux cadeau : celui d’avoir réuni à la villa Arson, autour d’un ring, l’histoire de Fluxus avec de jeunes artistes qui ont pu l’espace d’un instant, court et long à la fois s’exprimer et nous offrir leurs émotions. Trois minutes c’est très peu, mais imaginez de devoir tenir la scène durant ce laps de temps.
Alors elles deviennent prodigieusement longues et vous dite sûrement ‘ouf’ quand le gong retenti. Le spectateur sera et même doit être surpris pour que l’effet soit efficace. C’est toute la philosophie recherchée et réussie par Ben, devenu en cette soirée chef d’orchestre de l’impossible et des défis, réalisateur et metteur en scène d’un art qui dépasserait ses règles et ses canons et remettant tout en question.
Performance avez-vous dit ? La plus grande est d’avoir tenu en haleine le public durant toute cette soirée.