Suite de notre questionnaire envoyé à des personnalités niçoise avec :
– Rudy Salles (Député UDF),
– Fabrice Mauro (Président de Sian d’Aqui),
– Jean-Christophe Picard (PRG),
– Bruno Della Sudda (Alternatifs),
– Jean-Loui Vidal Revel (UDF)
qui nous donnent leur avis sur le sujet de l’été de la ville de Nice et des milliers de supporters rouge et noir.
La rédaction de Nice Première précise aux plus suspicieux que l’ordre des interventions a été calqué à celui de la réception des réponses des interviewés.
En effet, Nice Première fonctionne avec un principe d’interviewes virtuelles envoyé par mail et dont les réponses nous parviennent de la même manière.
Nice Première : Le tribunal administratif de Nice a suspendu l’exécution du contrat passé par la ville de Nice en vue de la construction et de l’exploitation du grand stade. Qu’en pensez-vous ?
Rudy Salles : Comme beaucoup de Niçois et notamment les supporters, je suis triste de constater cette situation. Je pense que la faute en revient au Maire de Nice qui tenait à ce que ce stade soit réalisé avant les municipales afin de pouvoir afficher celui-ci dans son bilan, ceci à des fins purement électorales. Il eut été préférable de ne pas mélanger vitesse et précipitation et de livrer le stade dans des délais normaux. Mener à bien un tel projet ne se fait pas en 15 mois.
Fabrice Mauro : Les sentiments qui dominent sont la tristesse et la consternation. Avec le peu d’éléments qui ressortent de ce dossier, on peut imaginer qu’il n’y a pas là dessous de gros scandale mais simplement des difficultés administratives. On connaît les lourdeurs de notre pays à ce niveau, on ne peut qu’une nouvelle fois en être témoin et le déplorer.
Jean-Christophe Picard : Le motif de cette suspension est que la délibération concernée ne donnait aucune précision sur les prix qui seront pratiqués dans l’enceinte du stade…
L’article L1411-2 du code général des collectivités locales est pourtant clair : « la convention [de délégation de service public] stipule les tarifs à la charge des usagers et précise l’incidence sur ces tarifs des paramètres ou indices qui déterminent leur évolution » ! Il fallait donc être particulièrement incompétent pour ne pas respecter ce cadre légal simple, destiné à permettre à l’autorité délégante de garder une certaine maîtrise sur l’utilisation de l’équipement concédé.
Le maire de Nice démontre une nouvelle fois son incapacité à faire avancer le moindre projet. Rappelons que cela fait déjà deux fois qu’il essaye de construire un grand stade à Nice ! Aujourd’hui, c’est l’ensemble des Niçois qui compte les jours avant les prochaines élections municipales. En attendant, avec cette énième affaire, la ville a atteint un « stade critique ».
Bruno Della Sudda : La décision du tribunal administratif est à la fois logique, salutaire et attendue. Elle ne peut, en aucun cas, surprendre quiconque ayant une connaissance un tant soit peu sérieuse de ce dossier.
Car ce dossier était miné dès le départ par de nombreuses anomalies, parmi lesquelles le dévoilement par la presse locale des deux concessionnaires retenus, la disparition étrange de Bouygues pour non respect des délais, l’absence de tarification dans le contrat, de forts soupçons de concurrence faussée…etc. Ces anomalies étaient mentionnées explicitement dans mon intervention interrompue par le maire au conseil municipal du 7 juillet dernier.
Les larmes de crocodile de quelques adjoints ou proches du maire sont pathétiques et indécentes. Elles prêteraient à rire s’il ne s’agissait d’un projet ruineux pour les contribuables de notre ville.
Quant à Maurice Cohen, qu’on a connu plus inspiré, il se trompe de cible quand il s’en prend à la gauche : celle-ci n’a rien contre l’OGC Nice, bien au contraire.
Jean-Louis Vidal Revel : Très franchement, il est difficile d’avoir une opinion impartiale en fonction des seuls éléments communiqués dans la presse locale. Une seule chose est certaine : une fois encore, les niçois sont pris en otages sans pouvoir rien dire ni faire, si ce n’est qu’ils peuvent être sûrs d’avoir à régler une note immense à l’arrivée, quel que soit le résultat du prochain recours…. Je pense que si le seul motif de la suspension reste que le prix des places n’a pas été fixé pour les années à venir, cela me semble un bien mauvais prétexte…
Je comprends tout à fait la réaction du Président Cohen et je ne peux que lui apporter un entier soutien moral. Le reste, évidemment, nous échappant comme toujours.
La différence essentielle qui existe entre l’UDF et les socialistes de toutes sortes réside en ce que, pour nous, l’intérêt des niçois passe avant tout, avant toute procédure stérile et paralysante, et il n’est pas dans l’intérêt des niçois de surseoir indéfiniment. Nous avons donné notre opinion à diverses reprises, nous ne sommes pas satisfaits sur la majorité des points que nous avions soulevé mais il arrive un moment où l’exaspération monte et dans ces moments-là, il faut avoir la lucidité de calmer le jeu.
Nice Première : Comment imaginez-vous les suites de ce dossier ?
Rudy Salles : La ville a décidé de faire appel devant la Cour Administrative d’Appel. Nous verrons bien quelle sera la décision de celle-ci. En tout cas, les délais ne seront pas tenus et des retards importants sont d’ores et déjà à prévoir. Il va donc falloir obtenir des instances du football que l’homologation du Ray soit prorogée jusqu’à ce que le nouveau stade soit enfin livré. Pour ma part, je me battrai auprès de ceux qui auront à défendre ce dossier pour que l’OGCNice ne subisse pas les conséquences de cette situation.
Fabrice Mauro : Je n’imagine pas une seule seconde que ces aléas puissent remettre en cause la globalité de ce projet. J’espère juste que ce « contretemps » ne fera que retarder la construction de notre grand stade et surtout qu’il n’aura pas d’incidence directe ou indirecte sur les résultats sportifs de l’équipe et sur la détermination de ses dirigeants. pieds et poings liés, on ne peut qu’attendre…Attendons.
Jean-Christophe Picard : Toute la lumière est loin d’être faite sur cette affaire…
Tout d’abord, le juge administratif doit encore se prononcer sur le fond. Il devra ainsi examiner l’ensemble des – nombreux – griefs soulevés.
Surtout, il serait intéressant que le juge pénal puisse se pencher sur la possible rupture d’égalité entre les candidats évoquée par le préfet dans son déféré… Si celle-ci était avérée, elle serait constitutive d’un délit très grave que l’article 432-14 du code pénal punit de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
Bruno Della Sudda : Il nous faut maintenant attendre que la question soit jugée sur le fond : la balle est dans le camp de la justice.
Jean-Louis Vidal Revel : Espérons qu’en Appel, la décision sera différente. Si ce n’était pas le cas, nous souhaitons que le Maire de Nice conduise une véritable concertation où nous pourrions faire valoir nos arguments sans qu’un dénigrement systématique de nos suggestions nous soit opposé. Rudy Salles a des idées à faire avancer, les niçois gagneraient beaucoup à ce qu’il soit écouté et entendu. Si cela avait été le cas, nous n’en serions pas là.
Nice Première : Pensez-vous qu’un retour à un projet sur la colline du Ray soit envisageable ?
Rudy Salles : Non, je ne pense pas que le retour au Ray soit possible. Outre les problèmes d’accès et de stationnement, rappelons que pendant les travaux, le Gym ne pourrait pas jouer à Nice. On sait bien que cette situation serait inacceptable et fatale pour le club. Pour ce qui me concerne, je vous rappelle que j’étais favorable à la construction du nouveau stade sur le site du Stade Charles Ehrmann, plus près de la ville et dont une partie des infrastructures (accès, parkings) existe déjà. Monsieur Peyrat n’a même pas daigné l’étudier. Je pense que l’on aurait pu faire un très beau stade, moins coûteux et livrable dans des délais beaucoup plus brefs. Enfin, j’ai proposé que le nouveau stade de foot Niçois porte le beau nom de « Stade des Aiglons ». J’aimerais d’ailleurs que les lecteurs de Nice Première me donnent leur avis sur cette proposition.
Fabrice Mauro : A ce stade, tout est envisageable mais à quel prix et dans quels délais et conditions ? Si nous pouvions revenir à plus de sagesse, ce serait idéal. le débat sur la localisation du stade (Ray ou St Isidore) est révolu. Maintenant, il s’agit de ne pas prendre trop de retard et de réaliser enfin ce projet. Les travaux ont débuté et sont aujourd’hui arrêtés, j’espère vraiment qu’ils pourront reprendre dans les meilleurs délais. Eternel optimiste, je me dis que quand nous chanterons Nissa La Bella dans notre magnifique nouvelle enceinte, tout cela n’aura été qu’un mauvais souvenir.
Jean-Christophe Picard : Je crois qu’il est clair pour tout le monde que plus aucun projet n’est possible avec l’équipe Peyrat.
Bruno Della Sudda : Quant à un retour au Ray comme lieu de projet d’un grand stade, il n’est envisageable qu’à la suite d’un large débat. Ce débat doit répondre à deux questions distinctes : un grand stade est-il nécessaire à Nice ? Le site du Ray est-il justifié ?
Oui, un grand stade est nécessaire à Nice, comme c’est le cas dans toutes les villes européennes de taille démographique comparable, et cela correspond à la place du club dans le palmarès et l’histoire du football en France.
Quant au retour au Ray, il ne pourrait être ni décidé à la va-vite, ni décidé seulement par le conseil municipal. En réalité, c’est surtout sur ce point que le débat doit porter : un débat large, associant la population dans son ensemble, et la population intéressée par le sport et le football tout particulièrement -mais pas uniquement non plus. Une excellente occasion de pratiquer la démocratie participative, en intégrant les paramètres sportifs, environnementaux, sociaux, financiers, mais aussi les problèmes de desserte et de sécurité autour du stade.
Jean-Louis Vidal Revel : Tout est possible, à condition que nos prétentions soient considérablement revues à la baisse. Un tel projet revu et corrigé devrait être soumis à l’approbation de multiples parties prenantes… Quels recours seraient donc déposés par les Conseillers Généraux socialistes de Nice Nord ? Je vous laisse les envisager, nous serons repartis pour dix ans…