Ils sont dix – Pierre, Paul Antoine, Michel, Robert, Claude, Benjamin, Ivan, Eric, Nicolas et Jean Christophe – tous cadres issus du secteur informatique et tous demandeurs d’emploi dans la région niçoise.
Réunis au sein d’un stage organisé par l’ANPE Cadres de Nice, ces « chômeurs » de haut niveau ont mis en place un site internet regroupant leur curriculum vitae afin de toucher le plus d’entreprises possibles par le biais du web.
www.cadresinfo.com propose donc le parcours de chacun dans le monde de l’informatique et a été adressé à de nombreuses entreprises de la région, notamment à Sophia Antipolis, la fameuse technopole azuréenne qui regroupe les plus grandes entreprises informatiques de la région.
Nice Première est allé à la rencontre de trois d’entre eux, afin de connaître leurs positions sur l’emploi dans la région et leurs solutions pour dynamiser des recherches parfois bien fastidieuses.
Présentez vous ?
Ivan : J’ai 37 ans. Je partage ma vie avec mon amie et son fils de 12 ans, à Nice.
J’ai poursuivi des études universitaires à l’université de Nice-Sophia Antipolis, jusqu’à obtenir un DEA en imagerie. J’ai ensuite travaillé dans le milieu universitaire en tant que chercheur non statutaire (doctorat et postdoctorat). Le thème de mes recherches était l’imagerie médicale 3D.
J’ai par la suite décidé de m’orienter vers une carrière dans le monde industriel. J’ai trouvé un emploi dans la société binuscan, à Monaco. Cette entreprise est spécialisée dans l’édition de logiciels de traitement d’images pour le monde des arts graphiques (photographes, imprimeurs…). J’ai fait partie d’un licenciement économique au début de l’année 2005, qui a fait passer l’équipe R&D de 7 à 1 personne.
Je suis actuellement à la recherche d’un emploi. Mon coeur de métier, la recherche & développement en traitement d’images, est assez restreint. Je viens de faire le tour des entreprises de la région qui travaille dans ce domaine. Sans résultat. Aujourd’hui je suis prêt à m’orienter vers des postes d’informaticiens. Possédant une expérience certaine en développement C++, je vais orienter mes recherches dans ce domaine.
Pierre : Pierre Chaperon, 33 ans
9 ans d’expérience. Ingénieur ESIEE et MBA du CERAM. CV disponible sur www.cadresinfo.com
A la recherche d’un poste de chef de projet dans les (nouvelles) technologies de l’information.
Claude : 46 ans, marié, 2 enfants, licencié suite à la liquidation d’AUDIT-INFORMATIQUE fin 2004, je suis actuellement à la recherche d’un poste de chef de projet. Après 22 ans ½ au sein de la même entreprise, je me retrouve sur le marché de l’emploi avec un manque de connaissance dans les nouvelles technologies de développement qui apparaît comme un frein à toute embauche. Ceci explique que je n’ai pas eu d’entretien jusqu’à ce jour, je ne suis pas en adéquation avec le monde de travail.
Parlez nous de votre site www.cadresinfo.com ?
Ivan : Nous sommes un groupe de cadres de l’informatique qui suivons une prestation ANPE dispensée par l’association ACOPAD. Le but de cette prestation est de mettre en place un projet qui permette de nous faire connaitre auprès des entreprises. Nous avons choisi de créer un site web qui contient l’ensemble des cv des membres du groupe. Pour faire connaitre l’existence de ce site, nous avons décidé d’effectuer un mailing auprès des DRH et des responsables techniques des toutes les entreprises que nous avons pu recenser. Nous sommes en train également de mettre en place un plan média, qui a déjà porté ses fruits puisque Nice-Matin a publié un article sur notre démarche.
A ce jour, une personne, sur les 10 que comporte le groupe, a été contacté. Il faut que nous poursuivions nos efforts.
Pierre : Cadresinfo.com est né de la volonté d’un groupe d’informaticiens en recherche d’emploi.
Ils se sont rencontré grâce à la prestation Inser2i de l’ANPE qui a pour but final d’avoir 70% de ses participants embauchés durant les 5 mois que dure la prestation.
Le site www.cadresinfo.com rassemble les profils d’une dizaine de cadres qui ont décidé de s’allier dans leur recherche et de créer une dynamique de groupe. La publicité de sur ce site est faite via mailing vers les recruteurs pour les inciter à dans un premier temps à aller vers le site et dans un deuxième temps à contacter directement les chercheurs d’emploi.
Claude : C’est l’expression d’un savoir faire qui correspond très bien à des informaticiens. Cette offre plurielle séduira plus facilement les RH ou décideurs qu’un travail en solo, mais ont-ils le besoin ?
Comment jugez-vous le monde de l’emploi dans le département ?
Ivan : Il est certain que les cadres, même si cette notion a tendance à devenir obsolète, doivent faire preuve d’initiative et de dynamisme. Cependant, il me semble normal que les chercheurs d’emploi soient aidés dans leur démarche. Or, mais peut-être suis-je sur un créneau trop pointu, les seules informations que je suis parvenu à obtenir l’ont été par mon réseau. La chose qui me semble la plus choquante reste quand même la difficulté qu’on peut avoir à recenser les entreprises. Il me semble paradoxal que cette information primordiale soit, au mieux, difficilement accessible et, au pire, cachée. Une autre difficulté majeure est la multiplication des sources d’offre d’emploi. Que de temps perdu pour voyager d’un site internet à un autre et faire le tri des annonces, souvent redondantes !
Pierre : Mon sentiment sur le monde de l’emploi dans le 06 est le suivant :
Le 06 est essentiellement tourné vers le tourisme. Hormis Sophia Antipolis, Il y a peu de pôles technologiques capables de faire travailler un grand nombre d’informaticiens. De plus depuis le départ de Nortel, Lucent et autres, il n’y a plus de grosses sociétés qui s’installent dans le département. Sophia s’essouffle et ce n’est pas le récent plan social de HP qui me fera penser le contraire.
D’une manière générale, alors que le département pourrait jouer un rôle de charnière entre Marseille et Gênes, j’ai plutôt l’impression que l’on se trouve au bout de la France, que l’on est isolé.
Claude : Les annonces qui me correspondent le mieux ne sont pas légion sur la région mais plutôt hors PACA et surtout sur l’île de France. Les plans sociaux qui se succèdent (hier THALES, demain HP) vont rendre la compétition plus ardue sur un département où les grandes entreprises se vident. Suite à mon licenciement, je suis passé par un cabinet de reclassement (cabinet ESSEL à AIX-EN-PROVENCE) qui m’a fait peu de proposition, alors que ces personnes sont à l’affût de toutes les offres proposées par les entreprises.
Quels seraient, selon-vous, les solutions pour améliorer la recherche d’emploi localement ?
Ivan : Un outil fondamental serait une interface entre les chercheurs d’emploi et les employeurs. Cela signifierait : un recensement des chercheurs d’emploi (une base de cv), un recensement des entreprises de la région et leur domaine d’activité, une seule source d’offres d’emploi et un espace de contact et de discussion entre les parties concernées.
Pierre : Améliorer la recherche localement ne sera pas une mince affaire.
Pour l’instant j’ai plutôt l’impression que la recherche d’emploi est une expérience solitaire. Très peu d’initiatives, à ma connaissance, sont là pour aider dans la recherche d’emploi.
Une des premières difficultés est de trouver les postes à pouvoir. Pour les offres cachées, une très grande connaissance du tissus économique et un grand réseau de connaissances sont nécessaires pour être au bon moment au bon endroit.
Pour les offres parues, la difficulté est de faire une sélection rapide et efficace, ce qui n’est pas simplifié par la multiplication des médias offrant des offres…
Une fois une offre sélectionnée, y répondre peut prendre du temps, rien n’est standardisé, pour chaque cabinet, pour chaque entreprise, il faut remplir un nouveau formulaire alors que mon expérience reste sensiblement la même.
Je pense sincèrement que ces premières phases de la recherche d’emploi pourrait être standardisées, regroupées, automatisées et surtout disponibles aux chercheurs d’emploi dès le premier jour de leur inscription à l’ANPE.
Après il reste l’entretien, mais à mon sens un contact direct avec l’employeur reste nécessaire et obligatoire pour bien comprendre la problématique à la quelle fait face l’entreprise et pour pouvoir évaluer si le candidat correspond au profil. De plus, ça fait sortir de son isolement. Pour chaque entretien, j’ai l’impression de revivre…
Claude : La meilleure recherche d’emploi c’est d’aller au contact des entreprises, mais vu qu’il est difficile de faire du porte à porte, un salon régulier (tous les 2 mois à défaut de faire plus) et de qualité serait une excellente solution.
Et enfin, quels sont vos projets dans les mois à venir ?
Ivan : 1. Trouver du travail
2. Trouver du travail
3. Trouver du travail
Pierre : Pour l’instant, je n’ai qu’un seul objectif: trouver LE poste fait pour moi.
Le poste dans une entreprise dynamique et innovante.
Le poste où j’aurai l’impression d’évoluer par rapport à mes postes précédents
Le poste où je pourrai mettre en valeur mes nouvelles connaissances sans oublier mes expériences passées.
Bref, là où je pourrai m’éclater !!
Claude : Ayant travaillé en CDD pendant 4 mois à la BPCA (piston relationnel), j’ai déposé un dossier au Fongécif pour une formation java. J’ai obtenu un financement à 80% qui me laisse entrevoir l’avenir avec plus de sérénité. J’espère élargir mon réseau au cours de cette formation et ainsi me placer en tant que salarié ou travailleur indépendant. Ce n’est pas gagné vu qu’on va me reprocher mon inexpérience en java, mais à moi de faire valoir ma réactivité et mon intégration rapide dans ce monde que je vais découvrir.
