Christian Estrosi accueillera ce week-end dans sa ville de Nice la première réunion publique des Amis de Nicolas Sarkozy. Serait-ce l’occasion, et la bonne, pour annoncer, même si officieusement cela semble acquis, sa décision de se porter candidat à la présidence de l’UMP qui aura lieu en novembre ?
A vrai dire les candidats ne manquent pas et après les deux poids lourds, François Fillon et Jean-François Copé, d’autres outsiders se sont lancés dans la compétition, les ambitieux quadras Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand à qui on prête, en coulisses, l’appui de Nicolas Sarkozy.
Tous porteurs des idées, de valeurs et de convictions qui ne reposent souvent sur rien de véritablement concret. Mais, finalement, on appelle pas idées, celles qui ne sont que des arrière-pensées utiles pour les ambitions personnelles dans le combat des chefs qui s’annonce pour cet automne?
Bon, la compétition a ses vertus mais, au moins, qu’on nous épargne le faux combat, la pseudo bataille des idées contre les.. quoi au juste ?
Christian Estrosi ne cesse d’assurer dans les médias la « neutralité » de son attitude, plusieurs événements montrent que celui-ci a pratiqué un joyeux mélange des genres entre ses fonction de député-maire, de secrétaire général, et de candidat « officiellement officieux » à la présidence de l’UMP.
« Par ailleurs, à la fin du mois d’août, si nos valeurs et nos idées ne sont pas reprises par les candidats à la Présidence de l’UMP, j’annoncerai alors mon intention de me porter candidat à la présidence de l’UMP pour continuer à faire vivre ensemble nos convictions : la justice sociale, le respect de la loi, la puissance de l’autorité, la primauté de la Nation, la souveraineté, la reconnaissance du mérite, la récompense du travail, la solidarité envers les plus faibles, la défense de notre industrie ou bien encore l’encouragement à l’innovation.
Cette démarche, je la conduirai dans un esprit de rassemblement, non au service d’une ambition personnelle mais dans une volonté de préparer notre mouvement à mener une opposition forte et constructive et d’organiser la reconquête de nos territoires dès 2014 ».
En politicien avisé, Christian Estrosi a fait recours à une contorsion lexicale et à une démonstration d’équilibrisme et de pirouettes grammaticales pour dire et non dire de ses intentions.
Il est vrai que sa marge d’action est assez étroite :
Au niveau territorial son (ancien ?) bras-droit, le député-président du Conseil Général Eric Ciotti s’est déclaré pour François Fillon (dont il est même directeur de campagne) ainsi que le député-maire d’Antibes Jean Léonetti alors que Jean-François Copé assied son influence à travers l’action de la députée-maire du Cannet Michèle Tabarot et du conseiller municipal, communautaire, général et son adjoint à la mairie, le niçois Olivier Bettati
Au niveau national, suivant le sondage publié récemment par le JDD, il est crédité d’un modeste 1%
Privé de ses traditionnels alliés et supports locaux, sans une implantation nationale digne de ce nom, la martingale de Christian Estrosi est à haut risque. Parce qu’en politique les ambitions c’est bien mais les rapports de force ont aussi leur importance.
Doit-on rappeler ce que Winston Churchill écrit dans ses mémoires quand il évoquait son colloque avec Staline concernant la prise de pouvoir communiste de la catholique Pologne lors de la IIème Guerre mondiale et de l’opposition certaine de Pie II à cette action : « le Pape ? combien de divisions ? ».
On sait que Christian Estrosi est un oiseau oilitique libre et frondeur mais la question est légitime : Ira-t-il jusqu’au bout de ses intentions ou s’agit-il tout simplement d’un coup de bluff ?