Georgik Braunschweig, est un artiste suisse né en 1957 à la Chaux de Fonds. Il termine ses études à Paris en 1974, puis passe un an aux États Unis. C’est en 1989 qu’il expose pour la première fois en France au centre Pompidou.
Cet été on a pu l’admirer à la Galerie Chave de Vence.
Georgik explore les expressions du corps humain, il va plus loin qu’une simple dissection de celui-ci. Il décompose, un peu comme un film au ralenti, un visage, un regard ou un mouvement et liant le tout il en fait une huile, une aquarelle, une image numérique, une encre de chine ou encore un papier découpé.
Son travail explore les déformations des corps dans leurs multiples possibilités. Des visages se superposent et se regardent, les personnages tirent la langue, un squelette danse une sarabande. Sont-ils aux enfers ces masques grimaçants ?
L’artiste est à la fois anatomiste et psychanalyste. Il va au bout du questionnement et laisse deviner une certaine angoisse. Ces silhouettes déformées, gélatineuses nous feront songer à certains tableaux de Munch.
Puis Georgik nous entraîne dans un autre univers noir et blanc, on pourrait y voir un certain manichéisme dans son linge de famille avec cette alternance entre ce qui serait le bien et ce qui serait le mal.
Une ligne ondulante, un battement de cœur, en un mot la vie. Une usine broyant les individualités avec cette encre tamponnée sur papier de 1985, montre la condamnation de cette société qui s’est emballée dans une course sans fin à la consommation. L’homme y perd son identité, son existence.
« Oh je viens d’avoir une idée. » Nous dit-il au début de ce catalogue et on feuillette cet ouvrage, découvrant cet artiste page après page dans cette splendide et luxueuse plaquette éditée par la Galerie Chave de Vence. « Ce que je vois, Ce que je pense, Ce que je sais. » C’est à la fin de l’ouvrage, une clé pour mieux comprendre Georgik. L’artiste ainsi nous livre son vécu, son expérience.
Je vois donc je pense, donc je sais pourrait-on dire pour pasticher Descartes. Georgik use des lignes, des ondoiements, son travail est un perpétuel mouvement et on a l’impression que ses tableaux vont se mouvoir devant nous, car ils sont vivants.
Thierry Jan