Abdellatif Kechiche a reçu hier soir la palme d’or du Festival de Cannes 2013 décernée par le jury présidé par Steven Spielberg, pour son film La vie d’Adèle. Sans doute qu’au moment de recevoir ce prix, il a repensé à ses rêves d’enfant, lorsque depuis sa cité HLM des Moulins à Nice, il apercevait les légendaires studios de la Victorine sur la colline d’en face
Parce que s’il est né en Tunisie, comme il l’a rappelé hier soir, c’est bien à Nice où il est arrivé à l’âge de 6 ans, que Kechiche s’est découvert une véritable passion pour le cinéma.
Graine de star aux Moulins
Ado, quand il n’accompagnait pas son frère le champion de boxe à un combat, il s’enfermait dans les salles obscures niçoises dès qu’il pouvait, se gavant de grands classiques de Pasolini, Ozu, Tati, Sautet, King Vidor ou Eisenstein à la cinémathèque.
Il a ensuite développé ses talents d’acteur au conservatoire d’Antibes, et interprété plusieurs spectacles sur la Côte, notamment une pièce de Federico Garcia Lorca en 1978 et Un balcon sur les Andes d’Eduardo Manet l’année suivante, avant de diriger la mise en scène de L’Architecte au Festival d’Avignon en 1981.
Pour sa première réalisation, La faute à Voltaire avec Sami Bouajila et Elodie Bouchez, il reçoit un Lion d’or de la première oeuvre à la Mostra de Venise en 2000.
En 2003, il écrit et réalise L’Esquive avec des acteurs débutants et un budget extrêmement réduit et rafle tous les Césars au nez et à la barbe des Choristes et d’Un long dimanche de fiançailles : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur espoir féminin pour Sara Forestier.
La Graine et le mulet
Et lorsqu’il met en scène La graine et le mulet, en 2006, Abdellatif Kechiche veut tourner à Nice qui a vu ses premiers émois cinématographiques, et confier à son père le rôle principal du film, celui d’un ouvrier d’origine maghrébine qui veut se reconvertir dans le métier de restaurateur. En écho à la vraie vie de son père, ancien ouvrier du bâtiment d’origine tunisienne, venu s’installer à Nice avec toute sa famille, quand Abdellatif avait 6 ans.
Mais la mort de son père cette année-là l’incitent à changer ses plans et c’est à Sète qu’il situe son action, même s’il donne le premier rôle à un ancien collègue de son père. Son film reçoit un accueil triomphal à Venise où il reçoit le Grand prix du jury, et il obtient le prix Louis Deluc 2007 et les mêmes Césars que pour L’Esquive en 2008, devançant les favoris : La Môme, Un Secret ou Le scaphandre et le papillon.
Son film suivant, La Vénus Noire, son premier film d’époque, fait partie de la sélection 2010 de la Mostra de Venise.
Graine de palme
Il obtient la palme d’or du dernier festival de Cannes pour La vie d’Adèle, l’adaptation de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, qui devrait sortir en salles en octobre prochain.
Issa Nissa !
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