Altiero Spinelli est né à Rome en 1907.
Anti-fasciste convaincu, il est arrêté en 1927 et assigné à résidence. C‘est durant cette période qu’il co-écrira avec Ernesto Rossi, dans l’île de Ventolano, le Manifeste Fédéraliste qui prône une Europe libre et unie. Ce texte circule clandestinement dans la Résistance italienne et propose le fédéralisme comme solution à l’instauration d’une paix durable entre les nations car, en dépassant les situations de concurrence permanente et les rapports de force inévitables entre Etats-Nations, responsables des guerres, le fédéralisme est porteur de progrès social et de pacification.
Espérant la victoire des Alliés, Spinelli et Rossi anticipent et plaident pour la création d’une Europe Unie : « de futurs Etats-Unis d’Europe qui seraient la création la plus grandiose et la plus innovatrice mise sur pied en Europe depuis des siècles. »
« Le chemin n’est pas facile ni sûr, mais il faut le parcourir et cela se fera. »
En 1943, lorsque Mussolini perd le pouvoir, Spinelli est libéré. Il crée le Movimento Federaliste Europeo et en reste le secrétaire général jusqu’en 1962. Il est aussi délégué de l’Union Européenne Fédéraliste et fondateur de l’Institut des Affaires internationales de Rome.
Parallèlement il devient le conseiller politique de Piero Nenni, Président du parti socialiste italien qui sera élu plusieurs fois Président du Conseil.
A plusieurs reprises, lors de sa participation à des congrès (Montreux en 47, La Haye en 48, Turin en 57) il remet en cause la légitimité de l’Etat-Nation. Il souhaite, en tant que fédéraliste, pour que l’Europe soit réalisable, que les états renoncent à une part de leur souveraineté, notamment au niveau de la défense.Spinelli s’investit pleinement dans le projet de Communauté Européenne de Défense mais la France refusera de ratifier le traité en 1954.
Spinelli milite aussi pour une Constitution à l’échelle européenne qui fixerait la responsabilité des Etats et les modalités d’une nouvelle union entre eux. Il souhaite que les populations participent électoralement à cette constitution.
« Ce que nos Etats, nos gouvernements, nos parlements doivent être appelés à accomplir est ce que j’ai appelé une abdication… En termes juridiques précis nos Etats doivent être conviés à conclure entre eux un traité -leur dernier traité- établissant une loi électorale européenne, la date des élections d’une Assemblée Constituante Européenne et le mandat donné à celle-ci de définir dans une constitution les organes auxquels sera transféré le pouvoir de légiférer, de gouverner et de dire le droit en matière économique, sociale, militaire et diplomatique… Ce même Traité reconnaîtra que chaque nation décidera directement, par référendum populaire de son adhésion à la Fédération. C’est ainsi que chacun de nous sera appelé comme citoyen de son peuple national à décider de la participation de sa nation à la nouvelle communauté.» (Congrès du Peuple Européen à Turin, 1957)
En 1970, il devient commissaire européen chargé des secteurs de la recherche et de la politique industrielle.
En 1976 il est élu député européen. Il fonde alors le club des Crocodiles, du nom d’un restaurant de Strasbourg, avec sept autres députés. A leur initiative, le Parlement Européen étudie la réforme institutionnelle de la Communauté. Le 14 février 1984 le projet d’Union Européenne est adopté par le Parlement à une large majorité(237 voix contre51).
Le Parlement en sort renforcé et doté de nouveaux pouvoirs législatifs et budgétaires.
Altiero Spinelli meurt en mai 1986 à Rome.
