L’Europe a le mal de mer. Ce n’est pas la seule maladie qui la guette et, elle, n’est pas nouvelle. Mais à force de la voir tanguer lâchement sur la question des réfugiés, tout le monde – y compris ceux qui s’arriment à l’idée que le vieux continent ne peut pas accueillir toute la misère du monde – finit par avoir la nausée.
Le cœur à gauche, le cœur à droite… peu importe. En suivant le périple de l’Aquarius, on a surtout mal au cœur.
Contrairement à tant d’esquifs chargés de migrants, le navire affrété par l’association humanitaire française SOS Méditerranée, ne sombrera pas. Ses 609 passagers secourus au large de la Libye ne se noieront pas. Ils n’iront pas rejoindre les milliers d’autres candidats illégaux à l’Europe qui ont fait de la Grande bleue le plus grand cimetière marin au monde.
L’Espagne du socialiste Pedro Sanchez a promis en fin d’après-midi de les accueillir. Et ce après un insupportable bras de fer entre l’Italie et Malte, qui ont refusé d’ouvrir leurs ports à l’Aquarius, au mépris du droit européen. « Il est de notre obligation d’aider à éviter une catastrophe humanitaire », a sobrement indiqué en fin d’après-midi le gouvernement espagnol.
Quelques heures avant, le ministre de l’Intérieur italien, le Liguard (extrême-droite) Matteo Salvini, se vantait de « fermer les ports » : « L’Italie relève la tête », a-t-il écrit sur twitter. Oui, on en est là.
Avant que l’Espagne ne réponde au SOS, Bruxelles avait appelé Malte et l’Italie à régler rapidement le sort de l’Aquarius, mais sans brandir la moindre menace de sanction. L’Allemagne, un peu plus directe, les avait renvoyés à leur « responsabilité humanitaire ».
Et la France ? Eh bien la France, silence radio.