Cette avant dernière Assemblée départementale sous la mandature de Charles Ange Ginésy aura été l’occasion de faire le bilan d’un compte administratif 2020 qualifié comme étant celui de la « rupture ». Et le moins que l’on puisse dire c’est que les résultats sont difficiles à digérer.
L’année écoulée aura probablement était l’une des plus compliquée que le Conseil départemental des Alpes-Maritimes ait eu à régir depuis 2007 (crise des Subprimes). Après l’apparition de l’épidémie de la Covid-19 sur le territoire national, qui a fortement impacté le département, s’en est suivi le meurtrier et destructeur passage de la tempête Alex. Le président Ginésy en a rappelé l’impact financier :
- 1Mrd€ estimé pour ce chantier
- 381 M€ vont être consacrés à la reconstruction des Vallées dont 280M€ pour la rénovation et la création du réseau routier.
- 75M€ ont déjà été engagés depuis le mois d’octobre
- 5M€ mensuels seront versés sur plusieurs années dans cet optique de rénovation
- 10 M€ d’aides votées en faveur des communes touchées
- 2,5 M€ destinés aux agriculteurs
« Les plaies sont loin d’être refermées. Mais désormais, nous pouvons dire que la phase de redressement s’est engagée », ajoute-t-il en saluant une nouvelle fois le travail, la solidarité et la mobilisation des Azuréens face à la catastrophe.
Manque de soutien de l’État
Le Coronavirus a également fortement impacté les comptes avec 32,8 M€ de dépenses imprévues, auxquels on peut ajouter une augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA de 21,6% (soit une facture de plus chiffrée à 16,9M€). Des coûts additionnels auxquels il convient d’ajouter la modification des règles d’atténuation des disparités de ressources entre les collectivités territoriales, demandée par la loi de finance 2020, entraînant une augmentation de la contribution du département de 32,5M€ supplémentaires par rapport à 2019. En tout et pour tous, la dette du département s’élève désormais à 828 M€. Un chiffre qui même s’il reste inférieur à celui de 2010 replonge les Alpes-Maritimes dans un contexte difficile.
« Je ne m’acharnerai pas pourtant inutilement sur le gouvernement. Personne n’a trouvé de recette sur-mesure. Comme beaucoup d’autres, je fais seulement à l’exécutif un double reproche : pas suffisamment d’anticipation, c’est insuffisant. Le Gouvernement s’est sans cesse retrouvé à agir sous la pression, à la remorque de la progression du virus. Pour les masques, les tests, la vaccination, la France a failli dans sa réactivité. Sa stratégie a également manqué de lisibilité, à danser sur un pied puis sur l’autre, sans assurance ni fil conducteur. L’État a manqué de vélocité », souligne Charles Ange Ginésy, dénonçant « un État sclérosé, bureaucrate et devenu pataud au fil du temps. »
Un discours soutenu par le président de la commission des finances Eric Ciotti : « Je regrette les décisions de l’État qui ont retardé la sortie de crise. Les choix qui ont été faits par le président de la République le 29 janvier dernier sont tragiques! Ils nous ont malheureusement conduits à rester dans cette crise au contraire de la Grande-Bretagne. Mais je forme le vœu que très vite nous en sortions parce que nos concitoyens n’en peuvent plus. »
Les oppositions regrettent la réduction de la taxe foncière
C’était l’un des piliers de la stratégie de bonne gestion prônée depuis 2009 dans l’hémicycle. La stabilisation de l’impôt et la baisse de la fiscalité qui a été l’objet de longues discutions entre majorité et oppositions revient en ces temps compliqués en haut de l’affiche. « Vous avez réduit la taxe foncière deux années de suite et cela a représenté une perte que nous avons évaluée à 42 M€ et ce sans compter l’impact que cette baisse de la fiscalité a eu mécaniquement sur l’augmentation du fond de péréquation. Pour donner une idée de ce qu l’on aurait pu faire avec cet argent disons que c’est à peu près le montant des dépenses liées au COVID ou que c’est égale à la baisse des DMTO (Droits de Mutation à Titre Onéreux). Tout ça pour dire que nous aurions eu la possibilité d’avoir un meilleur équilibre budgétaire si l’on ne s’était pas privé de ces recettes pendant deux ans. Mais on ne fait pas l’histoire à l’envers, c’est fait, c’est un choix que nous avons désapprouvé, je tenais à le redire ici », se justifie Marie Louise Gourdon (PS) à quelques semaines des élections pour la présidence du département. À ce titre, Jean Raymond Vinciguerra a annoncé qu’il s’agissait de son ultime participation à une Assemblée départementale, lui qui était conseillé depuis mars 2011.
Du côté du Parti Communiste Français (PCF), le son de cloche reste le même concernant les orientations fiscales. Ils proposent également comme en fin d’année dernière, la création d’un syndicat mixte de La Roya dans le but « d’imaginer, bâtir et assurer la gestion des projets innovant qui entreront nécessairement dans la reconstruction, la refondation de cette vallée », explique Francis Tujague.
Toujours est-il qu’en 2021, les chantiers seront encore lourds à assumer et diversifiés pour le prochain élu qui aura la charge décisionnelle du département des Alpes-Maritimes. Avant de reparler de cela, il restera une ultime Assemblée le mois prochain.