Marie-Françoise Hans a choisi de nous plonger dans l’intimité de la chambre qui abrita les derniers instants de cette passion dévorante entre la première femme moderne et le fameux poète, éternel enfant romantique même sous ses allures d’adulte. Elle a imaginé ce que ce couple infernal a pu se dire avant la rupture mais en se basant sur les vrais protagonistes de leur histoire et sur des faits vérifiés. Si vous plongez dans la vie de George Sand et d’Alfred de Musset, vous retrouverez toutes les identités de ces personnages historiques, les lieux n’ont pas été inventés, tout est crédible.
Claire Tuloup-Duthieuw campe une George Sand plus vraie que nature, oscillant entre la maîtresse, la mère, la muse et l’écrivain, tandis qu’elle se trouve écartelée entre sa passion et son esprit de femme libre. L’auteur lui fait dire en parlant de sa relation intime avec Prosper Mérimée « je m’attendais à Prosper l’expert et je n’ai eu que Mérimée le pygmée », langage imagé pour signifier que ce ne fut pas ça tout comme « l’acte du lit et des draps » (pas besoin de traduction) ou bien que « l’écriture, c’est comme la vie, un combat ». Pour mener la sienne comme elle l’a voulue, le combat fut permanent car elle dérangeait. Pensez-vous, elle fumait le cigare, s’habillait en pantalon comme un homme et avait fini par se couper les cheveux, sans compter ses relations amoureuses, comme les hommes.
George Sand voulait tout faire comme eux, allant jusqu’à se déguiser comme eux pour s’introduire dans les lieux interdits aux femmes, mais garder les spécificités d’une femme.
Pour lui répondre, Denis Duthieuw incarne avec la précision d’une montre suisse – tant par son aspect physique que dans ses attitudes – un Alfred de Musset qui se présente comme un écorché vif du romantisme, taraudé par une jalousie maladive, rongé par l’alcool et la débauche. Malade de ses contradictions, il bascule entre un être mesquin, irascible, de mauvaise foi et un chérubin attendrissant, passionné, repenti.
Ce couple se sert à merveille d’un texte écrit au cordeau, tonique, qui bénéficie d’une mise en scène enlevée, concoctée par un familier, Philippe Lecomte. Le fait d’être également un couple à la ville n’enlève rien à leur talent d’interprétation que nous avions constaté dans « Couple ouvert à deux battants » de Dario Fo et Franca Rame mais aussi dans « Petit théâtre sans importance » de Gildas Bourdet.
La petite taille de ce nouveau théâtre niçois sert à merveille le jeu des acteurs et rend encore plus étroite la communication, on se croirait vraiment dans la chambre…
George & Alfred de Marie-Françoise Hans jusqu’au 14 décembre
Vendredi et samedi à 20h30 et dimanche à 16h
Théâtre du Port (sous les arcades, à d. de l’église)
5, Place Ile de Beauté – 06300 NICE
Réservations : 06 62 58 55 05 – 04 93 56 47 62
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