Le dossier Nice-Matin était tout naturellement au centre de l’actualité de la journée de hier. Le choeur général des félicitations de la part du monde politique trouve une voix (partiellement) dissonante, celle du MoDem départemental. Il est intéressant d’en lire le pourquoi et les motivations… qui ne manquent pas de contenu.
Le Mouvement Démocrate des Alpes-Maritimes se félicite que l’humain ait primé dans le choix du Tribunal de Commerce de Nice annoncé ce ( ndlr: hier) matin. En effet, en retenant la candidature de la coopérative des salariés de Nice-Matin, les Juges ont fait le choix de préserver le plus grand nombre d’emplois.
Les salariés regroupés dans une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), deviennent les actionnaires du groupe Nice-Matin et doivent procéder à une opération de viabilité économique, avec 159 départs volontaires, soit 14,5% des effectifs. La casse est limitée.
Acteurs politiques et citoyens, nous sommes attachés à tout ce qui favorise l’emploi, et nous nous satisfaisons également que le fleuron de la presse régionale qu’est Nice-Matin puisse vivre et perdurer. C’est aussi au pluralisme de la presse que nous sommes attachés et les grands groupes nationaux ou internationaux ne sont pas toujours les chantres de ce pluralisme et donc de l’apport des informations et du travail des journalistes à la Démocratie.
L’arrivée d’un grand journaliste comme Robert Namias à la Direction du quotidien est aussi une bonne chose, puisqu’il a tenu à préciser qu’il venait seul, sans équipe, et permettra donc à certains collaborateurs de l’entreprise de prendre des responsabilités avec lui, à la Direction du journal.
Le MoDem, au passage, souhaite avec la gestion par le personnel du journal, que la ligne éditoriale s’en ressente … positivement !
Cependant, nous sommes inquiets des conditions du montage juridique et financier, qui annonce à moyen terme, le risque d’un démantèlement du groupe.
Les salariés du groupe avaient sauvé Nice-Matin des appétits voraces de démantleurs près à profiter du joyau immobilier que représente le siège du journal. Espérons que la pression économique ne les poussent pas à répondre d’eux-mêmes, maintenant que les voilà gestionnaires, aux sirènes des bétonneurs.
Bernard Tapie : un soutien ni philanthropique, ni risqué !
Sur les quatorze millions d’euros de financements réunis par les salariés de Nice-Matin, huit millions, dont la moitié n’est que prêtée sont apportés par « le sérial entrepreneur », qui est aussi l’actionnaire principal du journal La Provence.
Bernard Tapie met la main sur les 50% de Corse-Matin qui lui manquait, pour une valeur de quatre millions d’euros, une estimation modérée pour ce quotidien rentable. En outre, le prêt des quatre millions supplémentaires, est gagé : il s’agit de la plus belle partie du patrimoine immobilier de Nice-Matin, en particulier plusieurs agences,
dont Monaco ou Saint-Tropez.
Donc si les salariés ne réussissent pas leur pari, Bernard Tapie s’appropriera les parts des salariés et le patrimoine du groupe, pour un prix dérisoire ! En effet, si la SCIC sera majoritairement détenue par les salariés, ceux-ci en délégueront la
gestion, tout en sachant que Tapie ne deviendra pas actionnaire de la nouvelle société…suspicion quand tu nous tiens !
Le salut viendra-t-il du numérique, un axe de développement minoré, qui ne pèse que 2,5 % du chiffre d’affaires global ?
C’est tout l’enjeu pour ce groupe, si l’on en juge par l’évolution de la presse en France et dans le Monde, dont nous avions si souvent parlé avec les journalistes, attachés non seulement à leur emploi, mais aussi au sens de leur métier et à leur titre.