Les œuvres d’art sont-elles des réalités comme les autres ? Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ? Que gagnons-nous à travailler ? Voici quelques sujets sur lesquels 500 000 bacheliers se sont penchés ce matin. Surprise, soulagement ou inquiétude. Les candidats s’entassent devant leurs lycées pour discuter des quatre heures passées sur leur bureau à essayer de composer.
A Cannes, à proximité des Lycées Bristol et Carnot
Le baccalauréat a commencé ce matin avec la première épreuve : celle de philosophie. Cœff. 3, 4 ou 7, selon la série S, ES ou L, une épreuve parmi les plus difficiles. Impossible d’imaginer la note. Pas de par cœur ni de calculs, juste de la logique et de l’inspiration. Une composition originale qui fera pencher les résultats pour certains, pour d’autre juste une formalité qui leur permettra de gratter quelques points. Les candidats semblent partager leurs idées. La pression est présente, ils s’amassent devant les salles d’examen où les bureaux sont correctement placés. Beaucoup manque de patience et ont hâte de découvrir les sujets.
Claire, série L, une cigarette à la bouche se sent plutôt décontractée et sereine avant d’entrée en piste pour quatre heures de concentration : « Même si je ressens une certaine pression, car aujourd’hui c’est le commencement d’un aboutissement de plusieurs années, la philo reste assez aléatoire et on ne peut deviner les sujets. Il ne reste plus qu’à attendre et quand l’heure sera venue je me donnerai à fond. » Si certains n’attendent que les sujets d’autres n’inspirent qu’à la fin de l’épreuve. Le manuel de philo ouvert est parcouru en quelques instants, Vincent semble perdu : « Je sais bien que l’heure n’est plus aux révisions mais c’est plus fort que moi, je suis obligé de vérifier quelques définitions. Mais d’un côté, je me dis que quelque part tout est déjà joué. » Il est temps aux bacheliers d’entrer dans l’action. Derniers partages de « bonne chance » et c’est parti : rendez-vous dans quatre heures.
Après le calme, la tempête
Deux heures plus tard, les premiers élèves pointent le bout de leurs nez devant le lycée. Cigarettes, éclats de rire, anecdotes, débats, tous évacue son stress à sa façon. Chacun partage son sujet, peu importe la série S, ES ou L, tous les résultats sont bons à prendre. Un brouhaha s’empare de la place devant le lycée. Surprise, soulagement ou écœurement, tous les sentiments sont palpables. Pierre semble un peu déçu « Je suis dégoûté, j’ai vu sur un site internet tous les pronostics des sujets de philo, il avait raison et à la place j’ai révisé tout le contraire de ce qui était conseillé : la conscience, la raison … Je pensais que c’était un piège. » Internet un atout parfois, www.france-examens.com propose des pronostics intéressants. Allez y jeter un petit coup d’œil ! D’autres sont satisfaits. On retrouve Claire et Vincent vers midi : « Nous sommes vraiment contents des sujets, ils étaient tous très intéressants. » Claire a choisi d’analyser un texte d’Aristote, qu’elle dit avoir très bien réussi. Quand à Vincent, il a choisi de composer sur le sujet : Peut-on en finir avec les préjugés ?
Pendant ce temps à Nice…
Pas facile, quand on a pas encore 20 ans, de savoir si « l’on peut en finir avec les préjugés » ou si « le désir peut se satisfaire de la réalité ». Une fois de plus l’épreuve est atypique et les élèves l‘abordent de différentes manières. On distingue deux catégories d’élèves. Il y a ceux qui se sont préparés, qui ont révisé durant plusieurs semaines, qui ont lu et relu les classiques, bref, qui ont mis toutes les chances de leur côté. Ceux-là, dans leur grande majorité, étaient confiants à la sortie des lycées ce matin. Pour Charlotte c’est l’optimisme qui domine. « J’avais bossé le sujet, je n’ai pas été surprise ». Tout aussi travailleuse, sa copine Anne-Charlotte est moins sûre d’elle : « des que les corrigés seront disponibles sur le net, je vais m’y jeter dessus ». De l’autre côté il y a ceux qui se présentent à l’examen la fleur au fusil et leur seul entendement comme outil pour réussir. Généralement ces philosophes de la dernière heure sont les premiers dehors.
A 10h, certains sont déja dehors
Vers dix heures, alors qu’il reste 2 heures pour terminer l’épreuve, quelques élèves sont déjà dehors. Ils sont inquiets, la peur du hors sujet domine. Chacun essai de se rassurer comme il peut. « La philosophie est une matière à part. La réussite ou l’échec dans cette matière ne dépendent pas forcément notre capacité à apprendre un cours » répète Antoine, essayant d’en convaincre ses compagnons d’infortune. Il est vrai que la philo à ceci de magique, la réflexion personnelle prime. Il est pourtant difficile d’en convaincre ses camarades persuadés d’avoir « tout foiré ».
Charles, lui aussi est sorti prématurément. Sa particularité ? Il a rendu feuille blanche. « Devant ma feuille j’étais incapable de d’écrire quoi que ce soit de cohérent ». Un peu dépité, il ironise : « j’ai un bon sujet pour l’année prochaine : à quoi sert le bac ? J’aurai plein de choses à dire ».
Qu’ils aient réussi ou non, les candidats ont tous un point en commun : ils ont déjà en tête l’épreuve suivante.
Après l’effort, le réconfort, une journée de repos avant de se plonger dans l’histoire et la géographie. Pas de panique, pour tous ceux qui n’ont pas réussi leur examen, Nicolas Sarkozy n’a eu que 9 en philosophie. A défaut d’être philosophe, vous pourrez toujours devenir président. Bonne chance pour la suite …