Le protocole d’accord signé le 21 décembre par le tandem Hersant-Tapie et les banques créancières a été homologué ce mercredi par le président du tribunal de commerce de Paris°. Celui-ci devrait entériner la reprise du groupe de presse quotidienne régionale (La Provence, Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin et des quotidiens des Antilles et de Guyane) par le tandem Hersant-Tapie. L’offre avait déjà été acceptée en décembre dernier par l’ensemble des banques créancières qui ont renoncé à une créance de 210/215 millions d’euros pour une offre de 50.
La veillée d’armes des élus locaux et des rédactions peut donc à présent commencer.
Que voudra donc (bien ?) faire Bernard Tapie de cet investissement : Personne ne croit qu’un homme d’affaires de sa pointure (On évite de commenter mais non de rappeler son parcours en zig-zag entre affaires, politique, show-bizz et sport) décide à 70 ans, un âge où on termine une carrière plutôt qu’on en commence une nouvelle, de se découvrir dans le monde de la presse un point de chute pour y investir une partie de son pactole issu de l’arbitrage contesté qui lui a permis de se voir attribuer la rondelette somme de plus 300 millions d’euros dans le dossier Adidas/Credit Lyonnais°°.
Tout le monde sait qu’on ne gagne pas de l’argent dans ce secteur morose à la recherche d’une nouvelle dimension industrielle et surtout d’un nouveau modèle économique autour d’une vraie dynamique.
Bernard Tapie a répondu à cette accusation préventive avec le bagou qui a fait de lui un des hommes les plus médiatiques et ce durant désormais quelque décennies (comme quoi le talent n’est pas un vain mot pour lui) en y opposant sa bonne foi.
Pas de « Citizan Kane » de la presse régionale de Marseille à Nice en passant par la Corse mais, une simple et bonne volonté d’être un patron de presse illuminé et sans ambition politique personnelle.
Le futur proche nous dira peut-être la, ou les raisons, de cet engagement qui prête à suspicion parce le simple fait que Bernard Tapie n’est pas de ceux à qui on la fait mais plutôt quelqu’un qui a l’habitude de la faire aux autres !
La preuve, il a même déjà donné la future ligne éditoriale de ses titres : « Les faits, rien que les faits » en oubliant pour l’instant de compléter l’engagement avec un simple adjectif « tous ? ». Détail qui n’est pas de moindre importance parce que la demande vient d’elle-même : Les faits, mais quels faits ? Et après « les faits », on ne pourrait pas avoir aussi quelques opinions ? Ceci, juste pour avoir une information complète et cohérente.
En attendant, les rédactions se mobilisent, on parle d’une ligne défensive avec la constitution de société des journalistes comme garantie de la déontologie professionnelle dont on ne peut que se féliciter de la (parfois tardive) découverte.
Tout le monde souhaite (au moins dans les paroles) une presse libre et indépendante : Certes, entre des propriétaires qui poursuivent d’autres fins et intérêts, des annonceurs publics et privés qu’il faut soigner comme tout bon client qui se respecte, des recettes commerciales qu’il faut habiller par des articles complaisants… La voie de l’information libre et indépendante est parfois un peu comme celles du Seignuer : Impénétrables !
