Les élections départementales semblent plus ou moins échapper aux tambouilles politiciennes. Pour ce secteur, la gauche a voulu taper un grand coup en envoyant des poids lourds locaux. La tâche ne sera pas de tout repos. Mais pour eux, les enjeux de cette élection sont cruciaux afin de faire face aux problèmes actuels et aux défis de demain.
David Nakache est candidat sur la liste « Viva » en binôme avec Mireille Damiano. Ils ont pour suppléants Loïc Fortuit et Marine Vengeon. Mais il a aussi une autre casquette. Celle de président de l’association Tous citoyens. Actuellement, il est membre de Génération.s. Pour lui, cette liste est dépersonnalisée. Il ne veut pas parler au nom de ces trois compères. Il est juste l’une des composantes de cette voix commune. Son sacerdoce se résume en trois mots : démocratie, écologie et solidarité.
Quelles seront vos mesures si vous êtes élu au conseil départemental ?
Il y a des mesures à court, moyen et long terme. Elles réengagent toute la politique du conseil départemental. Sur de nombreux points, il fait fausse route. La situation grave que vit une grande partie de la population provient de la paupérisation de certains quartiers. Cela est dû à la précarisation qui a été accentué par la crise sanitaire. Notre première mesure ne fera pas rêver tout le monde. Elle permettra juste d’assurer un filet de sécurité pour chacun. Elle est indispensable, car une grande partie de la population ne peut bénéficier d’aucune aide, qui passent à travers les mailles du filet. Ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui n’ont droit à strictement rien. Souvent, ils sont soit en rupture familiale, scolaire, sont étudiants, apprentis… Il faut donc leur ouvrir le droit au RSA. C’est le strict minimum.
Et pour le canton Nice-1 ?
Pour rappel, il va jusqu’au quartier de la madeleine jusqu’à Jean médecin en passant par la gare Thiers. La vitrine de la promenade des Anglais qui n’arrive plus à masquer le problème de la pauvreté. Il y a beaucoup de personnes qui fuient ce canton, car ils n’arrivent plus à se loger. Prenons un exemple concret : le projet de rénovation urbaine allant de Vernier à la gare jusqu’à la Basilique Notre-Dame de l’Assomption. Lancé en 2009, il a six ans de retard. Il était de 150 millions d’euros au départ puis réduit à 78 millions d’euros. On a réduit la voilure de moitié par rapport aux besoins initiaux. Un grand retard a été pris pour identifier les logements à réhabiliter, pour la relance du commerce.
Dans ce secteur, nous sommes confrontés à la problématique des personnes en danger et vulnérables. Je pense aux victimes des réseaux de prostitutions et de traites des êtres humains. Sur le Boulevard Gambetta, une partie de la rue Victor Hugo, des mineures subissent une prostitution forcée. Le Département doit protéger les mineurs. Enfin, ces quartiers souffrent de la pollution. On a un taux de pollution atmosphérique, notamment aux particules fines, très élevé.
Et concernant le volet social ?
Il faut redéployer l’ensemble des aides sociales. Le Département est chef de file de l’action sociale. Concernant le handicap et la dépendance des personnes âgées, on a un retard dans le délai de réponse. C’est le cas du transport et de la scolarisation des enfants handicapés. Le délai pour savoir si on maintient à domicile ou si on transfert des personnes dépendantes dans un institut spécialisé est beaucoup trop long. Le temps de réponse est parfois de 8 à 10 mois. La loi exige pourtant une réponse en moins de 4 mois ! La faute à un manque de moyens pour La MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) Il faut remettre à plat le fonctionnement de l’accompagnement des personnes en situation de handicap.
Comment apportez-vous votre patte personnelle au conseil départemental ?
Commençons par faire en sorte que le département respecte ses obligations légales en termes de grande précarité et de handicap. Aujourd’hui, toute famille qui est frappé par le handicap vit un véritable parcours du combattant. Or, si le département ne s’en occupe pas, personne ne le fera. Il faut qu’on garantisse des conditions de vie digne à toutes les personnes en situation de handicap.
Selon vous, il y a-t-il énormément de fraude à la CAF concernant le RSA ?
Le département gère le RSA. Mais il passe plus de temps à chasser les fraudeurs qu’à la recherche des bénéficiaires. Bien sûr, il faut lutter contre la fraude. Si le département communique chaque année sur le nombre de fraudes détectées, il ne dit rien sur le nombre de personnes qui sont sorties de la misère ou de la précarité. Le coût de la vie est tellement cher que quand vous tenez bon avec un SMIC, il suffit d’un pépin de santé pour tomber dans la précarité. Quand une personne est en fin de droits de chômage, on pourrait aller la chercher et lui dire « vous avez peut-être droit au RSA ». On est l’un des départements où il y a le plus de bénéficiaires potentielles au RSA. Souvent, ils ne font pas la démarche, car ils ont honte d’aller demander de l’aide.
Pourquoi vous êtes candidat dans ce canton de Nice-1 ?
On a essayé d’éviter de faire ce qui se passe souvent ailleurs. C’est-à-dire deux listes, qui sont soit de gauche ou écologistes, qui s’affrontent. La droite domine largement les débats au niveau électoral. Ici, on a du mal à différencier la droite et l’extrême droite dans les décisions prises. Éric Ciotti, qui est l’ancien président du Département et qui a une grande influence, tient des propos quasi-identiques à ceux du Rassemblement National, parfois pire. Au final, on a une droite extrême qui domine les débats et de l’autre une gauche qui est réduite à faire entre 15 à 30 % dans le Département. À Nice, on a rassemblé toutes les forces de gauche et on s’est réparti les cantons pour ne pas avoir de concurrence. Dans ce dialogue entre nous, on s’est rendu compte qu’il y a un gros travail à faire sur le canton Nice-1 et on a proposé de mener le combat. On a essayé de faire en sorte d’avoir une liste de gauche et écologiste par canton.
Les négociations se sont donc faites sans accroc ?
Oui, mais ce n’est pas le plus intéressant pour les enjeux du département. Dimanche, les électeurs vont choisir le sort de leur département et de leur canton. La droite gère le département depuis plusieurs décennies et l’intégralité des intercommunalités du département. Quel est le résultat ? Bétonisation, surconsommation, tourisme de masse… La droite a fait des choix, pour l’économie et le cadre de vie des habitants, qui se révèlent catastrophiques. On n’a pas anticipé les dérèglements climatiques. On a imperméabilisé les sols à outrance. On s’est ancré dans une seule activité économique : le tourisme de masse. Certains économistes le disaient depuis longtemps : si vous avez des soucis de dérèglements climatiques ou que le tourisme s’arrête, toute l’économie va s’effondrer. C’est ce qui est arrivé avec le Covid. On a une autonomie alimentaire de quelques jours à peine !
Nous sommes de plus dans une impasse démocratique. On a une abstention plus forte qu’ailleurs, car les gens se rendent compte qu’on les sollicite tous les 5 ou 6 ans pour les élections et qu’après on ne leur demande plus rien. Ce n’est pas ça une démocratie active. Les citoyens doivent se rendre compte qu’ils ont les clés en main, Ils ont le choix.