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22 novembre 2024

Caporal Marie Arris : soldate du feu

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Marie Arris
Marie Arris
Le caporal Marie Arris n’est pas du genre à raconter sa vie. Femme d’action, elle montre quelques réticences à sortir de sa réserve. Mais si cet entretien devient l’occasion pour elle de briser des a priori, pourquoi pas ? Des idées préconçues, il y en a à foison.

Dans la caserne de Magnan, la plus importante de Nice, elles sont cinq femmes titulaires à briguer un poste de terrain. En évoluant dans cet univers masculin, on pourrait se laisser aller à penser au machisme que pourrait subir le sexe dit « faible » de temps à autre. Autant mettre tout de suite les point sur les I : ce n’est pas le cas. « Je suis pompier, ni plus, ni moins, nous sommes tous sur le même pied d’égalité. » D’ailleurs, sur le papier, il n’y a pas de règles différentes relatives au traitement des tâches destinées aux soldates du feu. Jamais de remarque, d’insinuation, rien de rien ? Impassible, Marie Arris confirme. « Si, mais jamais méchantes, ni irrespectueuses.»

Elle dirige une équipe d’hommes, sans témoigner la moindre réticence. « Nous constituons une équipe avant tout. Le chef n’a pas énormément d’ordres à donner. Il faut juste faire ses preuves, montrer que l’on peut assurer. » L’un de ses subalternes confirme : « Qu’elle soit un homme ou une femme, c’est pareil, sur le terrain, nous devons donner le maximum. Elle l’a prouvé. » Marie Arris ajoute qu’il est impossible d’empêcher quelqu’un, quelque qu’en soit la raison, de partir sur une intervention : les missions étant délivrées par un ordinateur qui bipe le pompier, au hasard, en fonction de son emploi du temps.

Un bémol est toutefois soulevé par l’adjudant chef Philippe Municchi. Tout en réaffirmant son respect pour sa jeune femme, il admet que se retrouvant en minorité, les femmes doivent redoubler l’effort pour rentrer dans le moule. « Dans l’urgence, nous sommes tous sur un pied d’égalité mais nous essayons le plus possible d’éviter de faire porter des objets lourds à des femmes. » Mais Marie Harris n’est pas femme à accepter la galanterie de ses collègues. Elle refuse tout traitement de faveur.

L’uniforme le dissimule mais cette femme est taillée comme une athlète. Et pour cause : plus jeune, elle est tombée dans le sport, comme d’autres dans la potion magique. Au collège, son choix se porte sur le sport étude. Natation, judo, courses, elle participe à des compétitions. « J’ai toujours été attirée par des métiers atypiques : soit l’armée, soit pompier ». Penchant pour la seconde éventualité, elle valide le concours approprié (niveau brevet des collèges) dans sa région, Midi-Pyrénées. Son entourage, réticent au départ, accepte parfaitement son choix. Les épreuves sont rudes : culture générale, entretien et surtout une activité physique poussée. « Aujourd’hui, le concours valorise l’écrit. En tant que professionnelle, je ne vois pas pourquoi. »

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Mais ce certificat ne suffit pas. Il lui reste à se vendre, à démontrer sa motivation. Lorsque le département des Alpes-Maritimes retient sa candidature, une nouvelle épreuve sportive l’attend. A ce stade, les candidats intègrent l’école de Cagnes-sur-mer, dans laquelle ils sont formés autant en théorie, qu’en pratique durant trois mois et demi. Jusqu’à ce jour de mars 2001, où elle intègre la caserne de Vence. Un poste qu’elle quitte au terme de trois années. Motif ? « Trop calme, à Magnan, il y a beaucoup plus d’interventions. » En quittant cette caserne trop pépère, le caporal se rapproche de ce qui la branche vraiment : le terrain. « La surprise, ne pas savoir sur quoi on va tomber, tout en étant capable d’agir vite, et efficacement. »

Pompier : métier atypique, loin s’en faut. C’est un mode de vie aux antipodes du quotidien d’un bureau. A la caserne, le service prend effet pour 24 heures. Un service, outre interrompu par les appels d’urgences (principalement la nuit,) qui est occupé de travaux collectifs et d’activités sportives. Marie Arris préfère l’action à la parole. Elle se remet donc à faire des tractions. L’emploi du temps stipule deux heures par jour au gymnase de la caserne mais le temps libre est souvent dédié à cette même activité.

Marie Arris n’a pas de plan de carrière. « Je ne suis titulaire que depuis cinq ans. Mais ce dont je suis sûre, c’est que je resterai sur le terrain le plus longtemps possible. Bien sur, je voudrais des enfants et peut-être devenir officier mais je ne veux pas retourner sur le terrain en merdant parce que je manque d’entraînement. »

Elle ne parlera pas de ses interventions. Sauvetage, incendie, inondation… un métier qui laisse des traces. « Sur le moment, on ne réfléchi pas, on n’a pas le temps de réaliser. Alors, ce qu’on voit nous revient en mémoire, bien plus tard. » Elle se souvient du « mémorable » été 2003, dans le Var, qui fût particulièrement rude en matière d’incendie.


Les pompiers sont actuellement en grève (CF : « Pompier : la colère a ses raisons… », Nice Première, 17 septembre : https://www.nicepremium.fr/article/pompiers-la-colere-a-ses-raisons…..1120.html)

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