Nice-premium : Nice est l’une des villes de France où l’on souffre le moins du froid en hiver. Cela change-t-il quelque chose au déclenchement du plan grand froid ?
Nadège Briantais : absolument pas. Les dates sont définies par l’Etat, donc ce sont les mêmes dans toute la France. Cela induit que l’accueil de nuit augmente sa capacité de 15 lits, pour parvenir à un total de 124 places. La seule différence à Nice, c’est que l’on passe moins souvent au niveau 2, – 139 places à l’accueil de nuit, le maximum – qui était déclenché jusqu’à l’année dernière par une température allant de –5 à 0°C. Maintenant, le préfet décide du déclenchement du niveau 2. Il s’appuie plus souvent sur la température ressentie. Par exemple, si le temps est juste frais, mais accompagné d’un vent fort, il déclenche le niveau 2.
NP : Quel est le rôle des équipes du SAMU qui circulent en ville pendant la nuit ?
Ils repèrent les personnes sans-abri, et apprécient si la personne peut ou non rester dans la rue. Si la personne aidée est prête à intégrer l’accueil de nuit, ils appellent le 115, pour savoir s’il reste des places. Si une personne n’a pas sa lucidité, si un médecin constate l’hypothermie, alors seulement il peut décider de l’hospitaliser. Mais le plus souvent, ils ne peuvent aider les sans-abris qu’avec leur accord.
NP : En effet, on a l’impression qu’il est impossible de venir en aide à tous les sans-abris. Est-ce le cas ?
Oui, certains ne veulent pas entrer dans les centres d’accueil, ou n’en sont pas capables. Parmi ceux qui passent la nuit dehors, il y en a qui se protègent. D’autres prennent des risques. La rue est un milieu très dur. Il est difficile d’en faire sortir quelqu’un, surtout s’il y est depuis longtemps. Cette semaine, une SDF est décédée à Nice. Elle connaissait les structures d’accueil de la ville, et elle était en mauvaise santé. Mais elle a pris le risque de rester dehors.
« Nous travaillons toujours avec la bonne volonté des gens »
NP : Pourquoi est-ce si difficile de sortir de la rue ?
Dans le travail social, nous agissons toujours avec la bonne volonté des gens. Contrairement à ce que laissent entendre certaines associations, on ne peut pas mettre les sans-abris dans des cases. Nous accueillons des personnes en dépression, qui ont subi une rupture vis-à-vis de leur famille, des toxicomanes, des alcooliques, des malades mentaux… Chacun a des besoins différents. Le plus souvent, il nous faut d’abord leur garantir l’accès aux soins, et au droit. La question du logement vient ensuite. On parle peu de ceux qui sortent de la rue, mais il y en a.
NP : Combien de personnes sont aidées par le CCAS à Nice ?
Il est impossible de donner un chiffre exact. 900 personnes sont connues du CCAS. Une donnée probablement sous-estimée. Il ne prend pas en compte les squatteurs, par exemple, qui ne demandent pas d’aide. Nous pensons que le chiffre de 1 200 personnes est plus proche de la réalité.
NP : Avez-vous des demandes d’aide de la part de « travailleurs pauvres » ?
Oui, il s’agit de personnes qui travaillent, le plus souvent à temps partiel. Par conséquent, il leur est impossible de payer deux ou trois mois de loyer sous forme de caution, comme l’exigent les agences immobilières.
NP : Travaillez-vous en collaboration avec des associations privées ?
Nous ne pourrions pas travailler sans elles. La complémentarité est indispensable dans le travail social. Nous collaborons avec le SAMU, nous recevons souvent la halte de nuit. Au-delà des associations, c’est chacun qui doit avoir le réflexe citoyen : si vous rencontrez une personne sans-abri qui a besoin d’aide, prenez votre téléphone et appelez le 115.