Nice Premium : Comment expliquez-vous le fait qu’il y ait eu 4 cas de maladies tropicales non importés en région PACA ?
Pascal Delaunay : Le moustique-tigre, Aedes albopictus, est présent dans les Alpes-Maritimes depuis 2004. Il s’est propagé depuis cette date dans le Var puis dans les Bouches-du-Rhône et en Corse. Ce moustique a toujours été surveillé par le ministère de la Santé et par les experts entomologiques parce qu’il est vecteur de maladies tropicales en zones tropicales. Il y avait toujours ce risque épidémique de chikungunya ou de dengue qui existait à partir du moment où ce moustique était présent.
NP : Quels sont les risques en France de contracter le chikungunya ou la dengue ?
PD : Ils sont infimes. Pour l’instant, on est à deux cas de dengue et de chikungunya. Ce n’est vraiment pas de chance pour ces quatre personnes là. Elles vont bien. Le risque est infime. Après, il y a un système de surveillance mis en place par le ministère de la Santé pour surveiller au maximum tous les gens qui rentrent de zones tropicales avec le chikungunya et la dengue et donc pour bloquer au plus vite une épidémie. Ce système qui est en place depuis 2006 a permis de détecter au plus vite les quatre cas de dengue ou de chikungunya autochtones.
NP : Qu’est-ce que le chikungunya ou la dengue, un parasite ou un virus ?
PD : Ce sont des virus transmis par des arthropodes, c’est-à-dire par des insectes, des tiques ou autres. C’est ce qu’on appelle l’ensemble des arbovirus, tous ces virus transmis par des arthropodes. Le chikungunya et la dengue sont des arbovirus c’est-à-dire qu’ils sont capables de se multiplier dans le moustique-tigre et après lors d’une prochaine piqûre du moustique-tigre, il peut vous transmettre ce virus.
NP : Quelle est la différence entre un parasite et un virus ?
PD : un virus c’est une structure extrêmement simple avec une protection, qui est une membrane ou une capsule avec juste un code génétique à l’intérieur. C’est une structure extrêmement dépendante des autres cellules du vivant mais qui peut vivre généralement que dans des cellules. Le parasite c’est complètement une autre structure vivante dans lequel il y a une membrane qui comprend un noyau. Il y a plein de petits organites, ce qui fait que le parasite est un micro-organisme complètement autonome et qui n’est pas du tout structuré de la même façon qu’un virus.
NP : Pourquoi le moustique-tigre diffuse-t-il ces maladies et pas d’autres ?
PD : En France, il n’y a que le moustique-tigre qui peut multiplier le virus du chikungunya ou de la dengue. Il n’y a que lui qui a des récepteurs dans son estomac pour que le virus de la dengue ou du chikunya sache le reconnaître. Une fois le virus sait qu’il est chez ce bon moustique, il peut se multiplier. Quand ce virus du chikungunya ou de la dengue est dans d’autres moustiques, il ne reconnaît pas ses récepteurs et ne sait pas se multiplier.
NP : Quelles précautions conseillez-vous au public de prendre pour éviter de contracter ces maladies ?
PD : Il y a deux grandes précautions. La première est de diminuer au maximum le nombre de moustiques et surtout de larves présentes autour de soi. Donc d’enlever toutes les coupelles, les récipients d’eau où se multiplient les larves. Ce sont des protections qui ont un très gros impact sur la nuisance et sur le nombre de moustiques qui vont vous piquer. Et après il y a une protection personnelle où il faut porter des vêtements à manches longues. On peut également mettre des répulsifs sur la peau ou quand on est dans une pièce, on peut mettre un diffuseur insecticide électrique.
NP : Recommandez-vous de prendre un traitement par prévention ?
PD : Absolument pas. Il n’y a pas besoin de prendre de traitement. De toutes façons, il n’y a pas de traitement spécifique pour le chikungunya ou la dengue.
NP : Que doit faire la personne si elle contracte une de ces maladies ?
PD : Il faut que la personne se repose et lui donner des médicaments de type Paracétamol. Si rien ne s’aggrave, il n’y a que cela à faire.
NP : Si ces maladies s’aggravent, que faut-il faire au lieu de prendre du Paracétamol ?
PD : De toutes façons, pour savoir si on a contracté un chikungunya ou une dengue, il faut avoir été chez son médecin parce qu’on a des maux de tête et de la fièvre. Le médecin évoquera que vous avez un chikungunya ou une dengue. Donc, il demandera des analyses pour savoir si vous avez vraiment le chikungunya ou la dengue. Si la maladie s’aggrave, vous retournez voir votre médecin ou éventuellement vous êtes hospitalisé.
NP : Au bout de combien de temps sait-on que l’on a ces maladies ?
PD : Il y a différentes techniques mais on peut le savoir dans la semaine.
NP : La période à risque en France va durer encore pendant combien de temps ?
PD : Tout le temps que le moustique-tigre est encore en activité. C’est-à-dire de la moitié du mois de mai vers environ la fin du mois de novembre.