Une matinée de tout repos a caractérisé la séance automnale du Conseil métropolitain qui a tenu ses travaux au CUM dans la journée d’hier.
Les quelques joutes verbales entre Christian Estrosi et ses opposants, que le maire de Nice a réuni dans une inédite alliance (PS/FN), rentrent dans une routine qui permet aux membres de cette assemblée, normalement occupés à lire et rédiger leur courrier à l’aide des modernes outils technologiques, de jeter un regard furtif sur ce qui se passe dans l’hémicycle.
Il est vrai que les délibérations à l’ordre du jour n’étaient pas de nature à exciter les esprits, ni à demander aux neurones de faire preuve de beaucoup de réactivité.
La reprise en régie du service de transport pour les personnes à mobilité réduite a confirmé la vocation colbertiste du Président de la Métropole : L’État c’est moi et voici cette délégation de service public tombée dans son escarcelle.
De même, la progression de la ZAC Nice-Méridia a juste fait l’objet d’un rappel en matière de mobilité douce. Mais la réponse de Christian Tordo, le président de l’EPA en charge de l’opération, a largement dépassé les préoccupations écologistes exprimées par son représentant, Fabrice Decoupigny. Une fois le nouveau quartier terminé, on ira tous à pieds, pedibus calcantibus comme au bon vieux temps des routes consulaires qui firent la grandeur de Rome.
Le diable est dans les détails comme le savent bien ceux qui, négligeant cet avertissement, se trouvent en mauvaise posture sans parfois même s’en rendre compte.
Un échange entre le rapporteur Philippe Pradal et Patrick Allemand au sujet de la modification tout à fait marginale de la cotisation foncière des entreprises (800 euros de plus pour les entreprises ayant un chiffre d’affaire de plus de 5 000 000 euros), a offert l’opportunité à Christian Estrosi de nous infliger une des ses plaidoiries dignes du rhétoricien Cicéron. Seulement, face du président de la Métropole, il n’y avait pas le conjuré Catilina mais l’infortuné (dans cette circonstance) Patrick Allemand qui réunissait en lui-même, aux yeux de son implacable accusateur, toutes les fautes possibles : Socialiste, Premier Vice Président du Conseil régional , membre du parti qui représente le président de la République et qui assure la (fragile) majorité parlementaire qui a fait de l’ancien Ministre Christian Estrosi, un député d’opposition.
On a donc eu droit au florilège de critiques à un conseil régional qui ne participe pas (et quand il le fait, il retarde les versements) au financement des opérations que Christian Estrosi a lancé et programmé pour le développement de « son » territoire et, n’en parlons pas, à un gouvernement qui a réduit et réduira la dotation aux collectivités locales.
L’addition pour la Métropole sera de 16 M€ en 2015 (sur un budget annuel de environ 1.2/1.3 milliards d’euros) dans le cadre des coupes dans le bilan de l’Etat de 11 milliards d’euros distribués en trois ans. Une addition salée qui a obligé le Président de la Métropole a demander une réduction de 10% des dépenses de fonctionnement.
Or, s’il est vrai que les chiffres peuvent être interprétés et utilisés au soutien d’une thèse ou de son contraire, l’assertion de Christian Estrosi , dans son « crescendo » anti-socialiste, que ces 11 milliards doivent être recalculés pour arriver à 29 suite à l’effet additionnel composé des 3 fractions partielles annuelles, s’apparente à un triple saut sans filet… de l’aritmethique!
Il est vrai que la politique économique du gouvernement en place ne donne pas l’impression d’une ligne claire et cohérente et pourrait être assimilée, plus qu’à une ligne droite, à un zig-zag permanent à la recherche de meilleure fortune.
Toutefois, il nous parait évidente que même la force verbomotrice du président métropolitain ne peut pas alimenter cette extravagance . Ce n’est pas en opposant aux zig-zag , une chansonnette, que les choses iront mieux.
D’ailleurs les gouvernements de la mandature présidentielle précédente, au sein desquels il avait eu place, n’ont pas laissé un grand souvenir non plus en matière de maîtrise économique en creusant le déficit de l’Etat de plus de 600 milliards.