Ce matin, un Conseil Municipal délibérera une action en justice contre le Préfet des Alpes-Maritimes concernant le refus de celui-ci de signer une déclaration d’intérêt public qui permettrait la construction d’une crèche en lieu et place d’une salle associative et de culte promue par l’association En-Nour.
On laisse aux nombreux juristes le bien fondé de cette initiative du Maire de Nice qui sera certainement voté par la majorité municipale. L’opposition sera elle, soit absente comme l’ont annoncé les conseillers Arnautu (elle dénonce « une comédie électoraliste), Bettati et Kandel, soit votera contre comme l’a motivé le groupe écologiste qui parle « de marché de dupes ».
Les socialistes et radicaux de gauche se prononceront dans l’hémicycle mais, vu leur prise de position dans le passé, on devrait les considérer parmi les contraires. Quant au groupe de Gaël Nofri et Martine Martinon …
La querelle ne devrait même pas exister si on s’en tenait à la logique et au bons sens, mais malheureusement dans ce cas, on est loin des deux. En fait, pourquoi devoir choisir entre un lieu de culte et une crèche, deux infrastructures utiles, même si pour des raisons différentes ?
Que les niçois de culte musulman aient droit de se réunir et prier dans un local dont ils ont la concession, qui peut le nier ? Et si le quartier a besoin d’une crèche pour les futurs habitants , il est évident qu’il faut trouver un emplacement pour sa construction. La Plaine du Var a assez d’espaces pour ça.
A ce sujet, Benoît Kandel fait remarquer que « le 14 novembre 2015, la Commission d’Appel d’offres a examiné la ré-attribution de l’achat de places de crèches privées (14 lots) et aucune augmentation de places n’a été demandée ».
A croire que le sujet a une actualité asymétrique en fonction d’autres exigences ?
La vérité est que cette « guéguerre » a bien une autre origine et une autre finalité.
D’après les documents diffusés par l’ancien 1er adjoint Benoît Kandel, le Maire de Nice, directement et indirectement à travers ses services administratifs, avait donné son aval à cette initiative, et ce depuis 2009 , c’est à dire un an après son élection.
Au passage, Benoît Kandel rappelle une évidence : la rue Pontremoli est dans la circonscription électorale de Christian Estrosi et dans le canton de Madame Estrosi-Sassone: « connaissant l’attention que les deux élus portent à tout ce qui touche à leurs intérêts électoraux, comment croire qu’ils ignoraient, l’une et l’autre, ce qui aurait pu se passer ? » .
Seulement, à l’époque , le problème de l’islamisme était bien loin d’avoir assumé l’impact actuel sur l’opinion publique de plus en plus islamophobe.
Alors, avec un Front National de plus en plus présent dans la région et avec l’élection partielle du 22 et 29 mai dans son ancienne circonscription, il faut faire barrage à toute hypothèse de collaboration avec… l’ennemi. Au contraire , il adopte la ligne intransigeante..
« Le bâtiment est la propriété du ministre des cultes de l’Arabie Saoudite qui, je vous le rappelle, prône la charia » a affirmé le maire de Nice qui doit bien connaître le monde politique de ce pays pour en savoir autant.
Pas content, le Maire de Nice en ajoute : « Je veux la transparence des fonds qui permettent de faire un lieu de culte dans ma ville et dans ma région. » et fait appel à Tractfin pour détecter leur provenance.
A ce sujet, le Maire de Nice , qui par ailleurs a exercé des responsabilités gouvernementales, devrait savoir que sa demande est au moins hors délai, sinon inappropriée.
En fait, « Tracfin est un Service de renseignement rattaché au Ministère des Finances et des Comptes publics. Il concourt au développement d’une économie saine en luttant contre les circuits financiers clandestins, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le Service est chargé de recueillir, analyser et enrichir les déclarations de soupçons que les professionnels assujettis sont tenus, par la loi, de lui déclarer ».
De fait, la transmission de fonds saoudiens à l’association niçoise pour financer l’achat et la rénovation de la salle de la rue Pontremoli n’a pas pu échapper à l’examen attentif et préalable de ce service.
De plus, comment l’ignorer ?, surtout dans le cas de fonds qui viennent d’un Ministre d’Arabie Saoudite !!!
Donc, Tracfin n’a pas eu besoin de la délibération du Conseil Municipal de Nice pour faire son job et signaler aux autorités compétentes d’éventuelles anomalies.
Ceci dit, opposer une salle de prière à un crèche, il fallait le faire. Quelle démagogie !