C’est Donald Tusk, le président du Conseil de l’Union Européenne qui a résumé le psychodrame des négociations entre la Grèce et les autres membres de l’eurozone: « A l’unanimité, le sommet de la zone euro a trouvé un accord. Tout est prêt pour un programme du MES destiné à la Grèce avec des réformes sérieuses et un soutien financier »
En langage moins diplomatique, cela signifie que la Grèce se voit imposer de nouvelles économies et les contribuables des autres pays européens de nouveaux risques de plusieurs milliards d’euros.
Elu en promettant de lutter contre l’austérité, Alexis Tsipras a dû consentir à une série de réformes pour finalement trouver un accord avec les créanciers de son pays.
Il a fallu un compromis pour en arriver là après un suspens de plus d’une semaine entre référendum organisé par le gouvernement grec, reprise des contacts et discussions entre les différents acteurs de cette pièce tragique: mais, rien de bien surprenant, n’est-ce pas en Grèce que la dramaturgie a vu le jour ?
Finalement, les pays créanciers ont fait prévaloir l’option politique qui voulait garder la Grèce dans l’euro et, de fait, dans l’Union Européenne.
François Hollande, chef de file de cette prise de position, a fini par avoir raison de l’opposition de la réticente kanzlerïn Angela Merkel , fidèle à elle-même dans une vision comptable de ce dossier, poussée par une opinion publique sceptique vis-à-vis de la volonté réelle des grecs d’accepter des sacrifices et échaudée par les précédents négatifs.
Pour mieux comprendre, ce n’est pas un hasard si le terme « schuld » a, en allemand, une double signification: dette et faute. Pour la culture et la mentalité d’outre-Rhin, les deux sont interdépendants.
En France et en Europe, la solution souscrite, loin d’être parfaite mais la meilleure possible, a été saluée par l’ensemble des forces politiques et par la majorité des opinions publiques. Seul les partis d’extrême droite ou gauche la critiquent vertement.
Côté opposition nationale, la palme de l’incohérence revient à Jean-Luc Mélénchon qui en 24 heures est passé dans le soutien à la ténacité du président Hollande face à l’intransigeance de fraü Merkel à la critique plus nette à celui auquel il a attribué le rôle d’assesseur » de celle-ci.
Quant à Nicolas Sarkozy , il a endossé l’habit de la « diva » en s’adressant « ex cathedra » à son successeur (qui pour lui n’est que Monsieur Hollande) pour l’inviter à se plier à la position anti-grecque.
Egalement critique Marine Le Pen qui considère que le compromis est largement défavorable à la Grèce.
Mais, la position des trois faisait finalement effet d’un pétard mouillé en lieu et place du feu d’artifice attendu : imaginez-vous ce qu’ils auraient mis sur le dos du pauvre Hollande si la négociation avait été ratée, provoquant le chaos dans la vie publique ?