Vous avez un ami qui n’a pas de problème d‘argent. Et en plus, il n’est pas égoïste – oui, ça arrive-, et vous offre les trucs dont il n’a plus besoin, tout au long de l’année. Pour vous, les fêtes de Noël sont l’occasion de montrer votre gratitude, en lui offrant un beau cadeau. Ce qui n’est pas chose facile quand on dispose d’un budget d’étudiant. Et que le destinataire du cadeau a les moyens de s’acheter tout ce qu’il veut. Peut-être trouverons-nous notre bonheur dans l’avenue Jean Médecin. Première étape : les galeries Lafayette.
Première surprise : les clients et clientes affluent dans le magasin, alors que nous ne sommes en semaine, en plein milieu de l’après-midi. Ambiance chaleureuse : les haut-parleurs, dissimulés dans le plafond, diffusent tour à tour une chanson de Vincent Delerm, les derniers tubes house ou RnB et… des pubs pour les galeries Lafayette. Comme de coutume, les rayonnages pour hommes sont pleins de femmes.
Difficile de trouver son bonheur ici : les articles les moins chers vont de 50 à 70 €. À moins qu’une écharpe à 30€ fasse l’affaire. Trop banal. Au rayon des sous-vêtements, une observation s’impose. En 2008, messieurs, vous aurez le choix entre des caleçons unis ou… de mauvais goût ! Passons sur le modèle blanc avec des petits cœurs rouges, grand classique. Cette année, les stylistes proposent des caleçons aux motifs afros-arabisants ou avec des cercles de couleurs, façon délire psychédélique seventies (Achille). On peut aussi trouver que cela fait tout simplement mal aux yeux. Et je passerai sous silence le nom du styliste qui a décidé de remettre au goût du jour le caleçon brun clair à carreaux rouges.
L’Anti-Monopoly, vous connaissez ?
Décontenancé, j’ai besoin d’un remontant. Allons à l’étage des jouets. Essayons d’y trouver autre chose que du made in China. Labyrinthe, ce jeu indémodable (made in Irland) est toujours en deux dimensions. Comment est-ce possible ? Même Oui-oui a dû passer à la 3D ces derniers temps. Autre curiosité : l’anti-monopoly (made in Spain). On nous assure que le jeu existe depuis trente ans. Ah bon ? Jamais entendu parler. Les joueurs ont le choix entre deux modes de jeu. Le « concurrentiel », plus fair-play, mais qui peut amener à souffrir des cours du marché immobilier. Et le « monopolistique », qui permet un enrichissement rapide, mais vous risquez d’aller en prison pour avoir contracté des contrats illégaux. Avec une mentalité pareille, vos enfants ne risquent pas de revenir pour s’acheter un costume Cerutti 1881 avec sa veste à 500€. Mais la société Parker contre-attaque avec un Monopoly pour les tous-petits. Le jeu est censé « apprendre à compter. » Et s’enrichir sur le dos des autres, les enfants l’ont déjà dans le sang ?
À Monoprix, on fait une maladresse : le rayon « manuels scolaires » nous laisse le choix entre Survivre parmi les loups et La cinquième courtisane. Peut-être est-ce de l’humour décalé ? Finalement au cours de ce périple, nous avons oublié notre but premier : le cadeau pour notre ami généreux. Une chemise devrait lui convenir. Le temps de trouver la bonne taille et voilà, c’est fait. Pourvu que le bleu foncé qui tire sur le violet lui plaise.