Car il faut savoir que dans l’enseignement, les conditions des CAE changent, et sont « réglementées » par le ministère. D’ordinaire, le contrat donne le droit de travailler un minimum de 20h par semaine, mais si l’employeur ou le poste l’exige, le nombre d’heures peut être augmenté. Dans l’enseignement, le contrat fait 20h pas davantage. Anne-Cécile Mathieu, aide secrétariat vient de réussir son BTS assistante de gestion quand elle accepte de signer un CAE pour le poste d’aide secrétariat à la vie scolaire en novembre 2005. Elle en est très satisfaite et ne se plaint pas des responsabilités qui lui sont attribuées. Cependant, au bout d’un an elle se rend compte qu’elle n’est l’aide de personne et gère seule la vie scolaire. « Le poste ne correspond pas à la réalité. Je suis tenue de faire un travail de gestion en 20h par semaine alors que mon prédécesseur le faisait en 35h avec un CES » déclare-t-elle.
Mais surtout, le CAE permet aussi de favoriser le droit à la formation pour une meilleure insertion. Certes il n’est pas obligatoire, comme le souligne une employée de la DDTE de Nice : « nous renvoyons les personnes intéressées par la formation au droit commun ou au conseil régional, car le nouveau rôle de la DDTE depuis la création des CAE, et entre autres d’être un référent juridique. » Mais dans l’enseignement, les CAE deviennent essentiellement des contrats de 20h et le droit à une éventuelle formation est refusé. A la signature du CAE, les nouveaux employés savent déjà qu’ils ne feront pas de formation, et sont tenus de cocher la case « NON ».
Et pourtant, entre les CAE et les CES, les différences sont quasi inexistantes. Selon la DDTE, trois aspects ont réellement changé : le premier concerne son découpage. C’est-à-dire qu’avant, le contrat concernait tous les publics, désormais il ne touche que les personnes de moins de 26 ans et ceux bénéficiaires des minima sociaux (RMI…). Le secteur d’embauche aussi a changé, et ne concerne plus que le non marchand. Ensuite, « au lieu de donner plus d’argent à des personnes qui restent chez elle, ce type de contrat réactive les minima sociaux en versant des aides aux partenaires ». Enfin, un pouvoir administratif supplémentaire est donné au Conseil Régional qui n’est plus obligé de passer par l’état pour prendre des décisions.
A l’échelle des CAE, le manque de moyen de l’éducation nationale se fait vraiment ressentir, puisqu’elle exploite au maximum le droit aux subventions afin de faire des économies. Pour la rentrée 2006 dans le département, 2500 postes en CAE et en CAV (contrats d’avenir) étaient prévus, mais 2300 contrats ont été signés. Car les CAV et les CAE de plus de 26 ans coûtent plus chers. Résultat : 200 postes en moins. Le gouvernement se félicite de la baisse du taux de chômage qui est maintenant à 8,9%, liée entre autres au programme de cohésion sociale mis en place. Mais ces emplois en CAE, même s’il représente 306 000 postes depuis mai 2005, ne sont pas reconductibles au bout de deux ans, et n’offrent, dans le secteur de l’éducation nationale, aucune possibilité d’évolution professionnelle. Certes pour l’instant ce type de « contrats aidés » donne la possibilité de travailler à plusieurs milliers de personnes, mais durant encore combien de temps et de quelle manière.