Jeans, T-shirt et bottes en cuir montantes, c’est en apparence, le Francis Lalanne que l’on connait tous. Scotché à son téléphone avant le début de la conférence, le porte-parole de l’Alliance Écologiste Indépendante semblait soucieux. Une attitude plutôt rare chez l’artiste. Il a fallu attendre les premières attaques envers l’opposition pour voir le chanteur retrouver ses automatismes. Gestuelle ample, élévation de la voix. C’est avec conviction qu’il a poursuivi son monologue, abordant point par point les éléments du programme de l’A.E.I, comme la taxation carbone qu’il considère comme « une tentative de l’Élysée d’aider à la prolifération du nucléaire ». Un point sur lequel le parti est ferme : « il faut sortir du nucléaire radicalement ». Avant d’avancer plus tard : « nous sommes pour le désarmement ».
« La France est gérée par des incapables »
Quant au choix de Francis Lalanne de se présenter dans la région Sud-Est, c’est pour « défendre les terres riches qui souffrent du syndrome du bétonnage ». Un problème qu’il attribue aux élus locaux qui consentent à la construction de luxueuses propriétés au dépend du parc naturel.
Clairement en désaccord avec la majorité UMP, que ce soit en matière d’écologie ou d’économie, la tête de liste de l’Alliance Ecologiste n’a pas lésiné sur les attaques à répétition. « La France est gérée par des incapables » ou encore « la France est une formule 1 avec à sa tête un apprenti-mécano », Mr Lalanne a mêlé le subtil à la provocation tout au long de son discours. Outre l’État, le représentant d’Europe Écologie, mené par Daniel Cohen-Bendit a aussi essuyé des critiques : il « parle uniquement de croissance, il est loin de l’écologie. De toute façon, les Verts en France ont toujours été du côté du pouvoir » conclu le leader de l’A.E.I.
« Ma notoriété, c’est un boulet »
Avec un père résistant, un grand-père qui a participé au front populaire et un arrière grand-père à la commune, Francis Lalanne était destiné à perpétuer la tradition familiale. C’est son « dégoût » pour la société actuelle et son refus de subir qui l’ont poussé à écrire des chansons engagées et à rentrer dans le système associatif. Voyant que ses textes ne constituaient pas un moyen d’action suffisant, il a décidé de s’investir en politique. Pour la première fois en juin 2007, il se présente comme candidat aux législatives du Bas-Rhin. Ce furent des débuts plutôt difficiles de part sa notoriété qu’il traîne comme « un boulet » comme il se plaît à le dire.
Francis Lalanne regrette qu’il n’y ait pas comme dans les années 70, plus d’artistes et d’intellectuels qui s’investissent autant que lui : « les jeunes ne veulent plus être artistes mais connus. Le monde a créé cette ‘peopolisation’ ». Un constat que l’artiste accepte tristement, lui qui clame : « Je donnerai mon sang pour mon pays ». Réussira-t-il à convaincre ? Résultat dimanche 7 juin dans la soirée.
