2 ans après l’édition de Montpellier, les assises de la mer ont posé bagages hier, au palais des congrès de l’Acropolis de Nice pour deux jours d’échanges et de débat animés par les professionnels de l’industrie maritime.
C’est aux environs de 18 heures que le président de la République, Emmanuel Macron fait son entrée à l’Acropolis. La Ministre de la mer, Annick Girardin, prend le micro pour annoncer le président « La mer est un territoire, une politique publique, une constance, une exigence et vous avez permis par la recréation de ce ministère de reconsidérer la mer ».
Avant de commencer la séance, le représentant de l’État commence par un clin d’œil appuyé à Christian Estrosi « Merci monsieur le maire, président de la métropole, Cher Christian, de nous accueillir ».
« La liberté de la souveraineté »
Citation empruntée à l’ancien Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, Emmanuel Macron insiste sur l’importance de protéger et d’asseoir la puissance de la France dans ses eaux internationales. « Les ZEE (zones économiques exclusives) sont un atout de la France que l’on défend. Les défendre, c’est savoir les explorer, de manière durable et d’être un acteur exclusif de cet espace ».
Pour rendre cela possible, le président de la République promet de soutenir considérablement la marine nationale, figure de la crédibilité de la France dans sa zone internationale, par la commande de 46 navires et par un réinvestissement de fonds dans les projets des stratégies indopacifique et méditerranée.
Pour les mers ne figurant pas dans des ZEE, le président veut réaliser un travail géopolitique conséquent pour développer des moyens de protection de ces espaces. C’est ce qui sera mis sur la table des débats lors du One Ocean Summit dans le but de « définir les objectifs essentiels de la France et de la communauté maritime ».
Repenser les ports
Pour profiter au maximum des avantages écologiques et économiques que nous offrent les mers, le président insiste sur le fait que les ports doivent être repensés de manière à ce que l’on puisse allier les flux marins aux flux ferroviaires. « Lyon Marseille doit être un axe du fluvial et du maritime », « Refaire de la France une grande puissance maritime, c’est être capable de remettre le grand large dans chacune de nos Provinces et faire comprendre à chacun et chacune, que d’Amiens à Limoges, en passant par Béziers, on a une part de cet avenir et une part du grand large chez nous ».
Une position complètement partagée par le maire de Nice, Christian Estrosi , qui n’a pas manqué de souligner que, dans sa ville, la transition a déjà commencé. Il a rappelé ses nouvelles mesures affrétées au port de Nice, ainsi que son plan de lutte contre le plastique. Fléau de la richesse de la biodiversité du littoral niçois, il s’engage à ce que d’ici 2024, le plastique soit interdit à toutes les activités commerciales.
« La terre doit jouer son rôle par rapport à la mer », dans cette ambition écologique, le maire de Nice a également annoncé l’ouverture d’une ligne hydrogène en collaboration avec la Principauté de Monaco.
« Nous sommes là pour participer à cette réindustrialisation. Avec la Principauté de Monaco, nous allons ouvrir une ligne hydrogène. »
Pendant sa prise de parole, le maire de Nice a bien pris le temps de remercier le président de la République pour n’avoir « jamais fait défaut à notre ville » et d’avoir participé à l’entrée de la ville de Nice au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Il est temps d’accélérer l’exploration de nos océans. »
Ce sont les mots de Pierre-Marie Sarradin (responsable de l’unité de recherche Étude des écosystèmes profonds chez ifermer) alors qu’il rappelle qu’aujourd’hui, seulement 5 % des océans ont été explorés.
Selon Pierre Bahurel (président de Mercator Ocean), les scientifiques français sont précurseurs dans le domaine des études prévisionnelles des mers, il est ainsi essentiel de continuer les explorations pour continuer à développer nos connaissances du monde marin. « On sait dialoguer avec nos données 3D, leur demander quel océan il va faire demain ».
Emmanuel Macron a été très clair sur ce point-là, la France ne se refusera pas d’explorer les fonds marins sous couvert de « préservation » de la biodiversité.
« Nous avons par le passé adopté ces tendances, je pense qu’elles ne sont pas conformes à l’esprit des lumières et à ce que doit être la France ».
Bien au contraire, l’ambition française est d’être pionnière dans l’exploration des mers. « Oui à l’exploration ! Oui à l’exploitation raisonnée ». Le président de la République a partagé son point de vue selon lequel plus nous auront des connaissances sur les fonds marins, plus nous pourrons nous engager à bien les préserver. Et c’est en ce sens qu’il encourage les chercheurs et les universitaires à accélérer leurs travaux pour être prêt pour France 2030.
« Horizon 2030, Allons-y, c’est maintenant ! On est en train de convaincre tout le monde ».
Des mesures attendues
La prise de parole du président de la République était très attendue par les professionnels de l’industrie maritime.
Les accords du Brexit impliquent une perte de 25 % des captures des flottes européennes dans les eaux britanniques, pour pallier à cette baisse de production des pêcheurs français, Emmanuel Macron avait mis à disposition une enveloppe de 50 millions d’euros dans le cadre d’un plan de relance. Cette enveloppe a entièrement été distribuée, mais des besoins réels existent encore. C’est pourquoi le président de la République a pris la décision de renouveler une enveloppe de 50 millions d’euros supplémentaire. Ces fonds permettront de répondre aux besoins de modernisation de la flotte.
Le président a également annoncé l’évolution des critères du suramortissement vert dans l’optique de facilité la transition écologique des navires. Ce projet figurera sur le plan de loi de finance de 2022.
Mesure phare de l’aide à l’emploi maritime, le net wage (salaire net) mis en place pour les armateurs français en 2021, est prolongé pour une durée de trois ans.
A la fin de la séance, le président de la République a, une fois de plus, chaleureusement remercié le maire de Nice, « Merci Mon Cher Christian », d’avoir accueilli les assises de l’économie de la mer dans sa ville. Dans la continuité, Emmanuel Macron n’a pas manqué de jeter un regard admiratif sur la ville de Nice. « La ville de Nice a longtemps été une ville montagnarde, mais vous avez aujourd’hui réussi quelque chose d’unique, c’est un espace qui réconcilie la haute montagne, la mer et la grande métropole. En accueillant ces travaux, vous acceptez ce destin méditerranéen du grand large. C’est donc comme une évidence d’être ici, à Nice »