Nice Premium : A deux jours du scrutin Européen, que propose votre liste pour ces élections ?
Jacques Gautron : Pour l’Europe nous proposons en particulier l’institution d’une Assemblée constituante afin de mettre fin aux traités de Nice et de Lisbonne, sans parler de celui que nous avons refusé. Il nous faut une nouvelle constitution garantissant la liberté et instituant un système basé sur la subsidiarité. Ce qu’un individu, une famille, une commune, un département, une région ou un état peut très bien décider n’a pas besoin des bureaucrates de Bruxelles pour être mis en place.
Jérôme Médeville : Nous proposons que l’économie ne soit plus au service du profit mais au service de l’humain.
Il faut que les citoyens se réapproprient la politique et intègrent les « hautes sphères ». Ils doivent être des relais et des témoins de ce qui se passe dans les parlements, et puissent ainsi rendre compte en temps réel de ce qui s’y passe grâce à internet.
Nous proposons également de changer l’éthique en politique. Nous reverserons par exemple les
indemnités de nos élus à des associations et projets citoyens de nos régions. (les frais
fixes et remboursés sont tellement énormes que nous pourrons vivre et travailler).
Et enfin nous voulons instaurer le plan C d’Etienne Chouard et de son équipe, qui permettrait de mettre en place une assemblée constituante avec des citoyens tirés au sort. Cette assemblée aura
pour travail d’écrire la future constitution Européenne, et elle sera validée par tous les citoyens Européens (ou non) par référendum, le même jour.
N-P : A quelle Europe aspirez-vous ?
J-M : Une Europe qui respecte les caractéristiques culturelles de chaque nation, qui apprend à parler d’une même voix sur le plan international. Elle doit essayer d’harmoniser les salaires, les codes du travail et la fiscalité. Mais également faire des économies d’échelle en mettant en commun ce qui est possible (une seule armée par exemple).
Une Europe qui apprend à prendre son temps dans l’ouverture de ses frontières aux nations
voisines. Elle ne doit plus être un « terrain de chasse » pour l’ultra-libéralisme.
Je voudrais une Europe qui apprend à accueillir les plus démunis, qui comprend la richesse culturelle et la force de travail de l’étranger.
Et surtout une Europe qui met l’économie au service de l’humain et de la planète et non pas de la finance.
J-G : Une Europe qui se résume essentiellement à garantir nos libertés : liberté de circuler, d’entreprendre, de commercer. Un exemple parmi d’autres : tous les partis sont contre la commercialisation du vin rosé à partir d’un coupage, comment peut-on refuser à d’autres pays de vendre un vin parce qu’il n’est pas le même que le nôtre. Comment pourrons-nous vendre à l’étranger notre vin, qui peut très bien s’appeler « vin rosé de Provence » par exemple, et refuser que d’autres vins entrent en France.
N-P : Les élections Européennes sont très souvent victimes d’un fort taux d’abstention, comment l’expliquez-vous ?
J-G : Les grands partis n’ont pas fait campagne, et la classe politique rejette souvent sur l’Europe tout ce qui ne fonctionne pas bien. Pourtant les quelques libertés dont nous bénéficions nous les devons à l’Europe, comme les différentes dérégulations en matière d’énergie et de télécommunication. Combien paierions-nous nos communications téléphoniques aujourd’hui si l’Europe n’avait pas exigé la concurrence ?
J-M : Pour se déplacer, il faut que les gens aient envie d’y aller. Donc il faut leur donner envie.
La même soupe resservie par les grands partis est trop fade pour ne pas aller se reposer après
une semaine difficile.
C’est pour cela que les petites listes se battent pour passer le barrage des médias, afin
de présenter leurs idées nouvelles. Dans tous ces petits mouvements, il y a des idées
fortes qui feront la politique de demain, et des points communs qui nous permettrons un
jour de travailler ensemble. Les Européennes nous auront permis cette tribune pour
commencer à exposer nos idées à l’inconscient collectif. C’est un début. Elles nous auront aussi permis la constitution d’un réseau et de gagner en légitimité. En votant pour des petites listes, les gens permettront aux idées nouvelles d’apparaître.
N-P : Que comptez-vous faire pour que les citoyens aient une meilleure vision de l’Europe ?
J-M : La transparence totale, la diminution de tous les abus : indemnités, frais abusifs de fonctionnement, déplacements outranciers etc…
L’implication sera la clé, c’est à dire la possibilité pour les citoyens d’interroger la légitimité
de l’action des élus, et la possibilité régulière pour ces mêmes citoyens de donner leur
opinion.
Vous verrez alors que les citoyens s’intéresseront de plus près à l’Europe et seront heureux d’y contribuer.
J-G : Si nous avons des élus ils siégeront parmi les libéraux européens afin de faire de ce groupe le premier à Strasbourg, et faire appliquer des solutions libérales.
N-P : Pour finir, que pensez-vous du traité de Lisbonne ?
J-G : Il y manque le volet « Services », d’où notre idée de tout revoir par une assemblée constituante composée d’élus et non de bureaucrates.
J-M : Nous sommes un mouvement de bon sens, les gens ont dit « non » à plusieurs reprises et dans plusieurs pays. Pourquoi insister ? pour quoi passer en force ? Et encore les nations qui
ont pris la peine d’interroger leurs citoyens sont hélas peu nombreuses. Oú est la démocratie ?
Déjà que le traité de Maastrich est une horreur permettant aux banques d’accaparer
l’essentiel de la création monétaire…
Les citoyens n’ont pas dit « non » pour rien. Certains pour des idées extrêmes, mais la
grosse majorité, parce qu’ils ont compris que ce traité n’est pas une constitution mais
un traité économique institutionnalisant l’ultra-libéralisme encore plus qu’il ne l’est
déjà. Les gens attendent une nouvelle constitution, c’est à dire un texte lisible, valable pour plusieurs décennies et qui protège les humains et la planète des abus en tout genre. Elle devra être écrite par les citoyens et validée par eux pour être vraiment valable.