Nice Premium : A deux jours du scrutin européen, que propose votre liste pour ces élections ?
Patrick Louis : Nous souhaitons rétablir un véritable contrôle démocratique en Europe, qui fait défaut à l’heure actuelle, puisque la Commission dispose du monopole d’action politique et législative. Et pour les décisions les plus importantes, le référendum n’est plus la règle, il tend à devenir l’exception.
Michèle Vianès : Tout d’abord, une nouvelle architecture institutionnelle. C’est à dire, supprimer la Commission, instaurer la primauté des Etats-Nations s’accordant sur des projets précis et mettre fin à la logique néfaste de la Banque Centrale Européenne.
Nous prônons également un protectionnisme raisonné. Il est temps que l’Europe défende les intérêts des européens, réduise l’extravagant déficit commercial avec la Chine et incite cette dernière à développer son marché intérieur.
Les services doivent aussi être renforcés, la gestion de l’euro reconsidérée et enfin nous proposons de faire un pari sur l’intelligence. Nous avons de grands projets industriels et d’infrastructure comme l’indépendance énergétique.
N-P : A quelle Europe aspirez-vous?
M-V : L’Europe doit servir à faire mieux et plus fortement ce qu’aucune nation ne peut faire seule. L’Europe des nations doit organiser des coopérations projet par projet. Plutôt que de frustrer les nations et les peuples laissons les vivre chacun à leur façon et privilégions une Europe qui relève les défis de la mondialisation. L’enjeu du 21e siècle est scientifique, industriel, environnemental.
L’Europe est perçue comme une machine bureaucratique destinée à empoisonner la vie quotidienne des Français, à casser les services public, mais incapable d’apporter des réponses sur l’essentiel.
P-L : Avec Philippe de Villiers, nous pensons qu’il est urgent d’introduire dans les institutions européennes deux valeurs fondamentales : le pragmatisme et la démocratie. Pragmatisme, parce que cette Europe qui s’attribue le droit de s’occuper de tout, crée des problèmes au lieu de les résoudre, parce qu’elle ne peut pas passer outre nos différences. Au final, l’Europe se perd à exercer au niveau de Bruxelles des compétences qui seraient plus cohérentes au niveau national. L’Europe devient alors impuissante.
N-P : Les élections Européennes sont très souvent victimes d’un fort taux d’abstention, comment l’expliquez-vous ?
P-L : Comme je l’ai dit, il y a un déficit démocratique en Europe, parce que les décisions se prennent loin, en vase clos, et les peuples ne savent pas bien comment dire leur mot là-dessus. Depuis le traité de Lisbonne il y a en plus une crise de confiance, puisque la voix des peuples est contournée. Selon le résultat d’un référendum, il s’agit soit d’une « victoire de la démocratie », soit d’un peuple « qui n’a pas compris la question », et qu’il faut faire revoter jusqu’à obtenir un oui. C’est un déni de démocratie.
M-V : Il y a deux raisons principales. Le discours schizophrénique du cartel UMP-PS-Modem-Verts qui votent à Bruxelles, ensemble, ce qui va à l’encontre de nos intérêts et disent en France que c’est « la faute à Bruxelles ».
La deuxième raison, c’est la trahison des parlementaires UMP, PS, Modem et Verts. Ils ont voté le Traité de Lisbonne, copié/collé du Traité constitutionnel refusé par le peuple Français, lors du référendum. De peur de l’expression populaire, le pouvoir médiatico-politique affirme que les élections européennes n’intéressent pas nos compatriotes.
Ils justifieront ainsi l’abstention record qu’ils espèrent. Ils n’osent pas encore enlever le droit de vote aux Français, mais espèrent convaincre un grand nombre de personnes qu’il est inutile d’aller voter.
N-P : Que comptez-vous faire pour que les citoyens aient une meilleure vision de l’Europe ?
M-V : La réponse est simple : écarter le cartel des lobbyisés par l’élite mondialisée.
Il n’y a pas d’Europe proche des citoyens si les Etats Nations sont abaissés. Chacun a son histoire. La nôtre est celle de la République sociale, laïque, patriote.
Il nous faut une vie publique qui retrouve dignité et vérité.
Il est temps de retrouver la voix de Valmy, de la Résistance, des grands républicains, de De Gaulle et de ceux dont Mendès France disait « la vérité guidait leurs pas ».
P-L : L’Europe doit être plus transparente, en premier lieu. Elle doit surtout sortir des pièges idéologiques dans lesquels elle est tombée : mondialisme, immigration et libertarisme.
Ces vecteurs idéologiques ont perverti l’idée européenne qui était de penser à plusieurs ce qu’on ne pouvait pas faire seuls, ou ce que nous faisions mieux à plusieurs. Au lieu de ça, les hommes politiques se servent de l’Union européenne pour imposer par en haut des réformes dangereuses dont les peuples ne veulent pas.
N-P : Pour finir, que pensez-vous du traité de Lisbonne ?
P-L : Il est essentiel de continuer à s’opposer fermement au traité de Lisbonne, car il est la suite de cette Europe dite « des commissaires de Bruxelles ». Ceux qui prétendent vouloir changer l’Europe en adoptant le traité de Lisbonne nous trompent : c’est un traité qui consacre la libre-concurrence sans limites et achève le transfert de compétences au profit de la Commission.
Pour sortir de la crise, nous devons remettre à plat le fonctionnement européen et nous attaquer aux causes. Notamment rétablir des droits compensateurs pour protéger nos entreprises, et laisser aux Etats plus d’oxygène. Mais si le traité de Lisbonne entre en vigueur, ce ne sera plus possible.
M-V : Le traité de Lisbonne contient non seulement la quasi-totalité des dispositions institutionnelles antidémocratiques de la Constitution européenne, mais également toutes les politiques et orientations massivement rejetées par les Français, de droite comme de gauche (OTAN, libéralisation à outrance, libre échangisme, laxisme migratoire, fin de l’exception culturelle, menace sur la laïcité, dévalorisation des services publics…).
Bruxelles tire du traité de Lisbonne des pouvoirs accrus pour négocier des accords menaçant nos services publics.
La Charte des droits fondamentaux, est une menace contre la laïcité avec la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.