La publication du rapport d’études d’Artenice/Sciences Politiques de l’UNS a ouvert une fenêtre de réflexion sur les effets de distorsion qui peuvent se produire sur l’électorat. On a donc voulu revenir sur cet argument avec l’initiateur de cette étude, Frédéric Ganneval, auquel nous avons demandé de de nous en dire plus sur ses résultats..
Nice Premium : Frédéric Ganneval, comment analysez-vous les résultats de votre étude ?
Frédéric Ganneval : Cette étude apporte un éclairage nouveau en matière d’analyse de l’opinion. Elle met en lumière la réalité qui se cache derrière les sondages « intentions de vote ». La réalité, c’est que les sondages sont présentés comme des oracles prédictifs et précis sans tenir compte des électeurs qui ont fait un choix qui peut encore changer (20% de l’électorat) et des électeurs qui n’ont aucune idée et qui se prononceront quelques jours, voire quelques heures avant le scrutin (40% de l’électorat).
Nice Premium : Pourquoi avoir réalisé cette étude ?
Frédéric Ganneval : Aujourd’hui nous constatons tous qu’il y a un désamour voir un divorce entre les français et la classe politique en général. Il était temps de faire évoluer les outils…nous sommes en marche ! Cette étude s’inscrit dans un partenariat avec le département de Science Politique de l’Université de Nice . La vocation de ce travail est de déconstruire les questionnaires utilisés par les instituts traditionnels pour créer de véritables outils qui permettront enfin de donner la voix aux électeurs, de questionner les médias et surtout les hommes politiques sur la maturité politique des électeurs et les vrais sujets sur lesquels ils attendent des réponses. Cela me fait d’ailleurs penser à des outils de mesure de « paix sociale » que nous avons créés pour de grandes entreprises et qui permettent non pas de savoir si les salariés sont satisfaits de leur hiérarchie et de l’image qu’ils ont de leur entreprise mais d’identifier les écueils ou points faibles qui, s’ils ne sont pas solutionnés, risquent de provoquer des conflits sociaux.
Nice Premium : et est-ce que d’autres sont à venir ?
Frédéric Ganneval : Oui. Nous souhaitons poursuivre ce partenariat avec le département de Science Politique de l’Université de Nice et avec son équipe de chercheur. Le travail prendra vraisemblablement plusieurs mois et à chaque étape nous publierons des résultats très instructifs…je l’espère !
Nice Premium : Avez-vous eu des retours de la part des candidat(e)s ?
Frédéric Ganneval : Autant notre précédent sondage qui posait la question des intentions de vote avait suscité des réactions, commentaires dans la presse, appels à notre institut,…de la part de la majorité de la classe politique autant ce sondage n’a pas (encore) fait réagir les candidats. Peut-être est-il encore trop tôt ? Ils devraient quand même être interpellés et j’espère qu’ils auront cœur de mieux comprendre ceux qui bientôt vont déposer un bulletin de vote dans une urne…à moins que seule la « prédiction » ne les intéresse. En tant que citoyen j’en serai navré.
Nice Premium : Qu’est-ce qui fait l’indécision des personnes interrogées ?
Frédéric Ganneval : L’âge. Plus on est âgé plus on a une culture politique forte et inversement plus on est jeune plus la culture politique est faible. On peut s’inquiéter : les jeunes d’aujourd’hui ne seront-ils pas les plus âgés de demain ? Si ce phénomène perdure, il est fort à parier que dans quelques années il faudra, à l’instar de ce qui se passe aux Etats-Unis, installé des urnes dans des supermarchés ou pénaliser ceux qui n’iraient pas voté. Ces deux scénario ne sont pas très enthousiasmants ! La conquête du droit de vote a été longue et sanglante. Si les électeurs démissionnent, que deviendra la démocratie ? A part l’âge d’autres tendances se dégagent. Nous développerons nos conclusions dans un prochain dossier.
Nice Premium : Et enfin, quel serait, selon-vous, la façon la plus correcte d’en analyser ses résultats ?
Frédéric Ganneval : Ce sont les électeurs qui font une élection et non les sondages prédictifs. Alors, malgré des tendances fortes et quel que soit l’opinion des citoyens, s’ils veulent un Maire et un conseil municipal qui leur ressemble, qu’ils aillent voter !