Nice Premium : C’est vous qui avez fondé cette association ?
Nathalie de Pamphilis : Oui, en 2006 à Paris. J’étais chef de travail dans un service social parisien où j’étais responsable du logement et du relogement de familles en difficultés. Au sein de ces familles, il y en a une un jour qui est venue m’apporter un dossier en me disant je suis chez le notaire, j’essaie de finaliser mon accession à la propriété, je n’y arrive pas, aidez-moi. J’ai repris le suivi de A à Z et je me suis rendue compte que cette dame avait le même profil que les autres familles dont je m’occupais et où je n’arrivais pas à trouver de solutions de logement. Ces gens étaient demandeurs de logement en location sur du parc public social et qu’il y avait une pénurie de ces logements là à Paris et en Île-de-France. Donc, je me suis dit pourquoi leur proposer tout le temps du locatif, on peut leur proposer de l’accession, ce qui est prendre de l’ascenseur social pour eux. Personne ne leur en avait jamais parlé puisque dans les services sociaux, on se penche que sur la possibilité de louer. Or, l’accession existe, pourquoi ne pas en faire bénéficier tout le monde. C’est souvent aussi parce que les travailleurs sociaux ont eux-mêmes du mal à accéder à la propriété parce qu’ils ne connaissent pas eux-mêmes leurs droits. Donc, c’est difficile d’amener le public vers cette démarche et de les accompagner dans cette démarche. Eux-mêmes ne l’ayant pas faite, ne pensant pas y avoir droit. Mon travail était aussi de dire vous pouvez en bénéficier. Donc faites en bénéficier vos publics. Donc modifier la mentalité des travailleurs sociaux aussi pour qu’on arrête de penser en France qu’on est capable que de louer.
N.P : En quoi consiste l’association « Les Toits de France » ?
N.d.P : l’association « Les Toits de France » s’occupe de tous types de personnes, de familles, de personnes isolées, de personnes âgées, d’étudiants ou même de saisonniers qui souhaitent accéder à la propriété. On permet réellement aux gens de relever la tête, de garder leur dignité et de trouver un logement quand ils n’en n’ont pas, de baisser les coûts de leurs remboursements. Parfois, le remboursement d’un prêt bancaire est moins élevé que le montant d’un loyer. C’est souvent le cas pour des familles qui ont plusieurs enfants. On s’occupe aussi des personnes qui ont pu cumuler des crédits à la consommation en même temps que leur crédit immobilier et qui se sont un peu laissées déborder par tout cela.
En réalité, nous avons quatre activités. La première qui est l’accession à la propriété pour tous. La 2e activité consiste à abaisser les coûts de la prise en charge Alzheimer en travaillant sur certains aspects de la maison de retraite. On est en train de monter un projet pilote et novateur de maison de retraite. On va essayer de développer cette maison sur le 06 en espérant que France Alzheimer nous soutiendra pour créer le projet dans toute la France.
On travaille aussi sur le logement étudiant pour les aider à se loger. Et on travaille aussi sur le logement des saisonniers, des personnes de passage etc.
N.P : Travaillez-vous en partenariat avec des agences ?
N.d.P : On travaille avec des propriétaires qui viennent directement à l’association proposer leurs appartements aux familles. On travaille également avec des agences immobilières.
N.P : Travaillez-vous pour les logements d’urgence ?
N.d.P : On a une activité qui s’apparenterait à des logements d’urgence : les logements passerelles. Pendant un an on va s’occuper des familles en les préparant tout doucement à l’accession à la propriété. Le logement passerelle est un moment où on arrive en rupture d’habitat, c’est-à-dire qu’on n’a plus de logement. Avec ce système, vous bénéficiez d’un suivi social pour épurer vos difficultés et en même temps on vous prépare à votre future accession. Quand vous sortez de la passerelle, vous êtes chez vous, vous achetez votre appartement. Cette passerelle est un contrat d’un an renouvelable une fois. On peut aller jusqu’à une prise en charge de deux ans. Ce sont des appartements de deux pièces, meublés, tout neufs où les gens réapprennent à vivre et à se reconstruire tout doucement après des ruptures, des divorces, des séparations ou bien des changements de régions qu’ils n’ont pas voulu ou bien des personnes expulsées à Nice et qui doivent partir rapidement et qui ne savent pas où aller. Alors pas expulsées pour des raisons de non paiement de loyer mais expulsées parce que le propriétaire veut revendre et il y a des conflits. On a aussi des personnes qui payent des loyers très chers à Nice et qui entrent sur la passerelle pour réduire le montant de leurs loyers pour faire quelques économies pour pouvoir accéder à la propriété.
N.P : Que faut-il pour avoir droit à ces logements passerelles ?
N.d.P : Il faut être intérimaire, en CDD renouvelable, ou en CDI et il faut ouvrir droit après. Il faut que la banque puisse dire vous pouvez souscrire à un prêt accession. Même si on a des crédits à la consommation, on peut.
N.P : Avez-vous beaucoup de demandes ?
N.d.P : On a beaucoup de demandes. Pour l’instant, on a pratiquement une centaine de familles en suivi, ce qui est beaucoup pour le peu de salariés qu’on est.
N.P : De quelles subventions vivez-vous ?
N.d.P : Ce sont les familles au sein de l’association adhérente qui subventionnent l’association. Elles payent 1500 euros pour une année de suivi (125 euros tous les mois). Grâce à cet argent, on peut faire vivre l’association sur les frais de fonctionnement, les frais généraux et les salaires.
Nous sollicitons le Conseil général. Nous savons qu’il existe une subvention d’accompagnement social lié au logement (ASLL) que verse l’État aux associations qui s’occupent d’aider les familles à retrouver un logement. Nous souhaiterions avoir cette allocation de l’État qui nous aiderait énormément alors que nous nous occupons d’une centaine de familles niçoise et que nous ne recevons l’aide de personne